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Ma dose de cinéma

Silent Night - John Qui ?

Publié le 14 Mars 2024 par Gaffeur in Action, John Woo, Joel Kinnaman, Vengeance

Z'auriez pu laisser le chargeur dans le flingue pour la photo...

Z'auriez pu laisser le chargeur dans le flingue pour la photo...

Tandis que John Woo a poursuivi plutôt discrètement sa carrière après sa décennie américaine contrastée (d'un côté les excellents Windtalkers et Volte-Face et de l'autre les passables Chasse à l'Homme et autres Broken Arrow) nous autres occidentaux n'avons hélas toujours pas pu visionner légalement les dernières réalisations de celui que l'on appelait le maître de l'action. 

Si, si ! Vérifiez il n'y a eu aucune diffusion chez nous des films de John Woo réalisés après la fresque Les Trois Royaumes.
A la décharge des distributeurs il faut bien dire que Woo n'a pas non plus fait dans le grandiose depuis (si l'on excepte d'après les on-dit The Crossing il y a déjà dix ans) et hormis deux ou trois séries B ou participation à des films de réputation douteuse on ne peut pas dire que le réalisateur de The Killer se soit montré très prolifique ces derniers temps.

Aussi avais je nourri le plus grand espoir lorsque Silent Night a été annoncé, pensez donc le retour du maître à l'action pure après une décennie d'absence ! Hélas le film étant une exclusivité Amazon je n'ai pu le découvrir lors de sa sortie, mais à l'instar du passable One Shot sorti il y a deux ans la plateforme a fini par sortir le film en DVD.

Aussi ai-je décide de faire fi des critiques assassines lues par ci par là et de profiter du retour du gars qui m'a fait découvrir le film d'action avec un grand A (Aaaaah les 30 dernières minutes de A Toute Epreuve...).

 

Un petit côté Punisher

Un petit côté Punisher

Un prétexte qui traîne un peu trop

Débutant in media res le récit de Silent Night tient sur un timbre mal découpé.
Brian est un père de famille normal dont le fils vient d'être fauché accidentellement par les balles d'un truand au cours d'un règlement de comptes entre gangs. En poursuivant les tueurs pour se venger Brian reçoit plusieurs balles dont une dans la gorge et est laissé pour mort. 
Sorti du coma et privé de la parole il n'aura comme unique but que de s'entraîner pour éliminer les gangs responsables.

Alors vous me direz que John Woo n'a pas marqué les années 90 ni le polar hongkongais avec ses dialogues finement ciselés ou par ses histoires riches en subtilités. Mais tout de même chacun de ses précédents films avait pour lui une galerie de personnages attachants et des méchants hauts en couleurs ce qui impliquait un minimum le spectateur pendant les nombreuses tueries. 

Avec Silent Night John Woo semble vouloir expédier au maximum le superflu et passer le plus vite possible à ce qu'il veut faire, à savoir flamber la majorité de son budget dans la poudre à canon et les compresses d'hémoglobine !

Mais contrairement à ce que l'on pouvait légitimement croire le film ne va pas balancer l'action tout de suite, pire il la gardera presque intégralement pour son dernier tiers en se contentant d'enchaîner des séquences de Joel Kinnaman qui picole ou qui soulève de la fonte. 

Le film en devient alors assez frustrant car hormis une sympathique bagarre et la poursuite d'ouverture il n'y aura pas vraiment de moments marquants au cours de la première heure.

Notons cependant que Kinnaman fait le taff et son évolution est suffisamment bestiale pour que l'on s'accroche jusqu'à la récompense que constitue le dernier acte. Mais là aussi...

Hélas, John Wick est passé par là

Et oui... Après toutes ces années loin d'un véritable plateau de film d'action John Woo n'a visiblement pas entendu parler de noms tels que Chad Stahelski ou David Leitch et d'oeuvres telles que The Raid sans oublier les quatre John Wick (maintenant que j'y pense le nom du personnage est un hommage à John Woo je vous laisse découvrir par vous même le lien).

Résultat bien que le troisième acte soit bourré de poursuite, de fusillades, de poursuites avec fusillades et de bastons au corps à corps le tout a malgré tout un arrière goût non pas de déjà-vu mais de retardataire. 

Prenons un exemple lorsque Brian s'arme de son fusil à pompe et entame une progression dans les escaliers. Typiquement le genre de séquence qui fait écho aux meilleures heures de Woo avec ce côté on dégomme une horde de bad guys dont le rôle est de se faire tuer gratuitement jusqu'à trouver le chef façon jeu vidéo et on tourne le tout en plan-séquence.

Sauf que non seulement Woo le faisait beaucoup mieux il y a trente ans avec A Toute Epreuve lors de la libération en temps réel de deux étages d'un hôpital mais en plus John Wick, Atomic Blonde et Mourir peut Attendre ont déjà bien épuisé le concept. Résultat la séquence est loin d'être mauvaise mais les coupes sont grossièrement dissimulées, et quand on devine l'artifice c'est qu'il y a un petit couac quelque part. 

Woo et les shotgun, une grande histoire d'amour

Woo et les shotgun, une grande histoire d'amour

Malgré tout, un film plaisant

En fait si je met de côté mes attentes qui étaient peut être trop hautes étant donné l'âge du cinéaste et le fait qu'il s'agisse d'une production télé (donc sans les moyens forcément nécessaires pour un vrai gros actioner de cinéma) je dois dire que Silent Night n'est pas aussi désagréable que prévu et qu'il est loin d'être aussi nul que certains le disent.

Parce que même si John Woo n'est clairement plus au sommet de son art la dernière partie porte clairement sa patte et se montre forcément très efficace !

Ralentis pendant un changement de chargeur tandis que la fumée de la rafale précédente masque l'image, coups de fusils à pompe bien nerveux, des truands par paquets de dix... Même si ce n'est pas un retour en grâce l'ancienne gloire du cinéma d'action sait encore très bien mettre en boîte les gunfight sanglants.

De plus le fait que le héros soit muet (comme tous les autres, le film faisant le pari de ne proposer aucun dialogue) est typique de la filmographie de Woo qui a toujours aimé priver un protagoniste d'un de ses sens (l'ouïe dans Windtalkers, la vue dans The Killer...), ce qui permet au spectateur de s'attacher plus facilement. Et encore une fois cela fonctionne car Joel Kinnaman est à fond dans le concept. 

Allez, on dira que c'était un tour de chauffe

Allez, on dira que c'était un tour de chauffe

En fait si vous devez visionner le film et que vous ignorez qui est John Woo il y a de fortes chances qu'il vous plaise davantage qu'à un aficionado du roi du Hong Kong des années 90. 

Par conséquent si vous appartenez à cette seconde catégorie essayez d'oublier que Woo est aux manettes afin de revoir vos attentes à la baisse. C'est terrible à écrire car le film n'est pas raté et que j'adore John Woo mais je pense que Silent Night aurait été mieux reçu si il avait été réalisé par un autre. 

Là on voit un Woo très soigné et généreux dans ses scènes d'action, mais le film en lui même semble avoir déjà été fait dix fois. Même le gimmick de l'absence de dialogues a déjà été exploité : Sans un bruit, The Silence, No One can Help You... 

Résultat aussi sympathique soit-il ce retour donne l'impression d'avoir été réalisé il y a dix ans avant que John Wick et la nouvelle vague d'actioners ne déferlent sur nos écrans.

Mais je ne vais pas non plus tirer la gueule : John Woo est revenu et on peut espérer que cette petite série B lui aura donné envie de réaliser un vrai gros film d'action comme je suis certain qu'il sait toujours les faire.

Note : 2.5/5

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