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Ma dose de cinéma

Le Dernier Voyage du Demeter - Dracula Unchained

Publié le 15 Mars 2024 par Gaffeur in Horreur, Vampire, Dracula

En vrai l'affiche est vraiment réussie, dommage qu'elle soit plus flippante que le film

En vrai l'affiche est vraiment réussie, dommage qu'elle soit plus flippante que le film

Vous savez je crois que s'il y a un registre cinématographique qui m'a toujours rebuté presque autant que la comédie romantique, c'est bien l'horrifique. 
D'une part parce que je vais l'admettre je suis capable de rester collé au plafond après avoir sursauté pour un rat qui traverse le champs subitement avec un coup de violon strident ce qui vous en conviendrez n'est pas terrible pour le coeur et d'autre part parce que je veux que le cinéma me fasse rêver, alors la chair éclatée sur les murs et les assassins qui cousent leurs victimes par la rondelle vous voyez... 

Pourtant il y a quelques films du genre qui m'ont absolument marqué à vie (The Thing pour l'ingéniosité du scénario et la réal de Carpenter, Saw pour les souvenirs d'halloween au lycée) et parmi eux il y en a un qui a réussi le coup tellement improbable de rassembler horreur et romance, et ce film c'est Dracula de Francis Ford Coppola. 

J'avais adoré étudier le roman au collège et la découverte du film à cette époque m'avait scotché, faisant de Dracula l'un des rares monstres de cinéma à obtenir mon affection. 

Aussi lorsque Le Dernier Voyage du Demeter a été annoncé j'étais plus enthousiaste à l'idée de retrouver le Comte en mode Xénomorphe qui décalque un par un l'équipage d'un vaisseau. 

Malheureusement la suite est terriblement classique : critiques correctes sans plus, concurrence plus lucrative pour les salles (pour rappel Barbie et Oppenheimer ont débarqué à ce moment là), retrait hâtif des salles toussa toussa. 

Mais j'attendais de pied ferme la sortie en DVD parce que même si certains actionnaires pensent que le support est has been il reste le meilleur moyen de donner rapidement une seconde chance à un film.

Bref c'est parti pour un nouveau jeu de massacre mettant en scène le vampire le plus classe de l'histoire !

Visuellement c'est vraiment réussi

Visuellement c'est vraiment réussi

Une idée originale et pertinente

Vous pensiez qu'entre le film de Coppola, la version non-officielle de 1922 de Murnau, les films avec Christopher Lee et Bela Lugosi ou encore le film où le comte a carrément affronté Les Charlots vous aviez tout vu sur le célèbre transylvanien ? Pas selon André Ovredal qui estime qu'une partie n'a jamais été véritablement explorée. 

Ce n'était qu'une douzaine de pages dans le roman de Bram Stocker et tout au plus une vingtaine de plans dans le film de Coppola mais la traversée maritime du vampire pour rejoindre Londres n'a jamais vraiment passionné les foules. 

Résultat Ovredal tient pour le coup une vraie bonne idée pour continuer à perdurer le mythe de Dracula sur grand écran : son film va raconter cette histoire en s'inspirant des huis clos horrifiques façon Alien. 

Et pour le coup quelle putain de bonne idée ! Franchement autant lorsque les jeux vidéos font des niveaux de 20 minutes à partir d'une séquence de vingt secondes dans un film ça craint, mais là le concept est plutôt intéressant car bien que l'on ne s'attende pas à voir le moindre survivant il est intéressant de découvrir comment Dracula a fait pour survivre pendant ces quatre semaines de voile. 

Dracula, iconique comme jamais

Dracula justement parlons en. 
Si je vous dis Javier Botet vous devriez si vous êtes mordu de cinéma d'horreur reconnaître ce nom, mais même si vous êtes une victime occasionnelle de l'horrifique vous avez forcément déjà vu ce gars sous un maquillage bien effrayant.

Mama, c'était lui. Les fantômes rouges trop stylés de Crimson Peak, et surtout mon cauchemar d'adolescence Tristana Medeiros de [Rec] c'était déjà lui ! 
Effectivement Dracula étant sensé être particulièrement faible à ce stade du récit il est plutôt logique qu'il ait une apparence squelettique ce qui rend le choix de Botet cohérent pour un résultat assez effrayant. 
Loin de ce genre d'image du comte enveloppé dans sa cape dans son château, le Dracula du film fait plus pensé à un mix entre les gobelins du Seigneur des Anneaux et une chauve-souris !

De plus à chaque élimination ou presque le comte va récupérer de l'énergie et donc se fortifier jusqu'à prendre une forme finale redoutable sublimée par la réalisation qui sans jamais vraiment montrer le vampire va décupler sa dimension mythique. 

Inutile de vous dire que si comme moi vous aimez Dracula vous allez adorer chacune des apparitions du personnages, mêmes les plus furtives !

On ne le dira jamais autant, le monstre de se cache pas dans la lumière tas de boeufs !

On ne le dira jamais autant, le monstre de se cache pas dans la lumière tas de boeufs !

Le loupé du film : les personnages

Hélas si le traitement du monstre témoigne d'un véritable amour du réalisateur pour la créature, il n'en va pas de même pour les autres personnages du film. 

Pour commencer l'équipage est assez réduit puisqu'il n'y aura qu'une poignée de matelots sur le bateau. Et si j'apprécie le fait de ne pas tomber dans la facilité d'une tuerie de 100 minutes où Dracula aurait charclé du mousse toutes les trois minutes on ne peut qu'être un peu déçu de voir que les proies du vampire seront finalement peu nombreuses.

Mais surtout bien que le spectateur soit conscient que chaque marin n'est là que pour se faire sucer le sang ou contrôler par Dracula, il n'y a pas moyen de s'attacher à eux car ils sont soit trop peu développés (le raciste, le cuisinier, le gamin) soit leur développement est déplacé : et vas-y qu'ils se sont encore démerdés pour placer le personnage noir que sa peau a privé d'une carrière nan mais au secours quoi Dracula suce le sang il en a rien à foutre de la couleur de la peau !

Après attention je me cogne totalement du fait que l'un des personnages principaux soit noir : rien dans les pages de Stocker n'indiquait l'origine des marins donc ok pas de soucis ça ne réinvente pas l'oeuvre originale. 
Mais que vient faire le racisme en plein milieu ?

Résultat on attend avec impatience les attaques du transylvanien car les interactions entre les membres de l'équipage malgré de bons acteurs comme Liam Cunningham, Damian Dastmalchian ou Corey Hawkins ne suffisent pas à les rendre suffisamment attachants pour que l'on se soucie de leur sort.

Effrayant mais pas flippant

Cela me permet d'enchaîner sur le deuxième problème du film ; il ne fait pas peur. Alors attention je ne dis pas que la traversée sera sans suspense car certaines situations seront assez prenantes notamment l'attaque de la cabine dans laquelle est enfermée le gamin. 

Mais si encore une fois j'applaudis le réalisateur de ne pas avoir une seule fois cédé à l'envie de placer un jumpscare renforcé par une note de musique stridente, je dois avouer que l'ambiance n'est pas assez oppressante. 

On peut dire que certains moments sont angoissants, malsains ou audacieux (notamment lors de la cérémonie de mise à l'eau d'un corps qui va aller trèèèès loin) mais malgré une volonté flagrante du réalisateur de respecter l'image de Dracula et d'en faire une bestiole dangereuse, effrayante et invincible... Ca ne fait pas peur. 

Pourtant le décor, le côté huis clos et le visuel sont là et promettaient un minimum de frissons, mais si même une flippette dans mon genre n'a pas sursauté une seule fois ou détourné le regard c'est que quelque chose a foiré en cours de route. 

Quelle galerie d'amuses gueules sans intérêt

Quelle galerie d'amuses gueules sans intérêt

Mais je ne vais pas bouder mon plaisir. 
Je cherchais une histoire un tant soit peu inédite et bien foutue sur Dracula, et je l'ai eue ! 
Objectivement la créature n'est jamais trahie une seule fois et chaque aspect du personnage sera présent, procurant parfois cette pensée narquoise où le spectateur se dira "putain c'est vrai que ce salopard sait faire ça". 

Hélas entre les personnages insipides auxquels on a ajouté un soupçon (mais toujours grossier) de wokisme, l'absence de moments réellement flippants et surtout sans en dire trop une fin bidon... Et bah Le Voyage du Demeter passe de "super concept bien dark" à "série B sympathique". 

Par contre par pitié que les producteurs et le réalisateur abandonnent cette idée finale de faire une suite, parce que le concept ne fonctionnait qu'une seule fois ; faire du neuf librement sans empiéter sur l'histoire originale en adaptant une zone d'ombre.

Mais de là à faire une relecture... faut peut être pas exagérer.

Note : 3/5 

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