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Ma dose de cinéma

Saw - Avant, c'était bien !

Publié le 22 Août 2023 par Gaffeur in Critique, Suspense, Thriller, Horreur

Qui aurait cru qu'on aurait une douzaine de films sur un postulat pareil ?

Qui aurait cru qu'on aurait une douzaine de films sur un postulat pareil ?

C'est la nouvelle que personne n'attendait (et que soyons franc personne ne voulait vraiment), la saga Saw va encore s'enrichir d'un nouvel épisode d'ici la fin de l'année ! En effet Saw X est terminé et sortira comme le veut la tradition pour halloween.

Chapeauté par Kevin Greutert déjà aux commandes des volets six et sept, le film sera donc le dixième épisode de la franchise (visiblement les deux spin off Jigsaw et Spiral sont inclus dans le décompte) et s'insèrera quelque part entre deux épisodes sortis il y a déjà douze ans...

Sincèrement si j'étais toujours dans ma période lycée/fac je pense que j'aurai accueilli la nouvelle avec un sourire narquois en me réjouissant à l'idée de retrouver mon pote Guils pour le rendez vous horrificon de l'année. 

Malheureusement depuis de l'eau a coulé sous les ponts et les derniers films numérotés semblaient tellement réécrits en fonction des théories de fan que j'avais fini par me gâcher le spectacle, tandis que les deux spin off n'avaient vraiment rien de convainquant (pire, Spiral pourtant encadré par Sam Jackson et Chris Rock fut l'un des pires films que j'ai pu voir). 

Mais avant de devenir une franchise lucrative gore à souhait et riche en twists, Saw n'était rien de tout ça ! C'était un concept de thriller horrifique plutôt malin qu'un James Wan débutant avait tourné en à peine seize jours et qui en avait surpris un bon nombre. 

Dr Gordon, c'est l'heure de te réveiller

Dr Gordon, c'est l'heure de te réveiller

Le Pitch

Un jeune homme prénommé Adam se réveille dans la baignoire d'une salle de bain délabrée. Il réalise très vite qu'il est enchaîné et qu'un autre individu se présentant comme le Docteur Lawrence Gordon est lui aussi séquestré dans la pièce. N'ayant apparemment rien en commun les deux hommes vont devoir utiliser les indices laissés à leur disposition par leur ravisseur afin d'accomplir les tâches que celui-ci leur a attribué avant la fin du temps imparti. Autrement la famille de Gordon mourra tandis que Adam ne sera pas autorisé à quitter les lieux. 

L'escape game avant l'heure

Si aujourd'hui nous adorons pour la plupart participer à des jeux de rôles où le but est de s'échapper d'une pièce avant la fin du temps accordé par le scénario, nul doute que le succès de Saw n'y est pas pour rien !

Bien loin des slashers habituels qui nous servent le bon vieux coup du tueur en série ou de la créature assoiffée de sang, James Wan a cassé les codes du cinéma d'épouvante en adoptant le principe d'un lieu quasi unique d'où les personnages doivent s'échapper tout en se remémorant comment ils ont été capturés. 

Chaque flashback apportera ainsi un oeil nouveau sur notre duo de prisonniers tandis que leurs conversations finiront par mener à des déductions logiques qui leur permettront de découvrir des indices conduisant à d'autres pièces du puzzle etc. 

Un concept aujourd'hui vu et revu mais pourtant diablement efficace qui maintiendra le spectateur en haleine tout en lui distribuant suffisamment rapidement des informations sur le mystérieux kidnappeur. 

Dans le genre appareillage iconique, celui-ci est toujours aussi fort

Dans le genre appareillage iconique, celui-ci est toujours aussi fort

Des personnages fouillés

Alors "fouillés" est peut être un mot un peu fort pour le niveau de psychologie du film. Cela dit en toute objectivité la force de ce premier volet est justement d'avoir voulu se concentrer sur ses personnages plutôt que sur ses scènes de crimes. 

Pour une fois dans un film d'horreur il ne sera pas question d'un groupe d'étudiants partis louer l'ancienne piaule de Harvey Weistein ou d'un couple de jeunes amoureux qui auraient plantés leur tente sur un cimetière de rats crevés mutants.

Adam et Gordon sont des personnages très crédibles auxquels nous allons rapidement nous attacher de par leur comportement et leur caractère : enfin des personnages capables de raisonner correctement et dont les secrets sont cohérents.
Leigh Whannell (par ailleurs co-scénariste) et Cary Elwes affichaient une alchimie redoutable pour un film d'épouvante tandis que les seconds rôles étaient là encore justement castés et interprétés. 

Un assassin de légende

Pourtant malgré l'excellence du casting, seuls deux acteurs sont revenus par la suite (du moins pour de vrais rôles, je ne compte pas les apparitions en photo) : Shawnee Smith la victime du cultissime piège à loup et surtout Tobin Bell alias Jigsaw ou Le Tueur au Puzzle dans la langue de Molière. 

C'était là l'une des autres forces du film : l'assassin n'en était pas vraiment un (il capture ses victimes et les force à se mutiler pour ne pas mourir) et surtout ses motivations une fois le fameux twist dévoilé prenaient tout leur sens. Je ne vais pas en dire trop pour ne pas gâcher ce qui fut l'une des plus grosses surprises du genre (reconnaissez le : vous vous y attendiez ?), mais en quelques plans et quelques répliques balancées par les magnétophones et par la poupée sinistre James Wan a créé un méchant d'anthologie bien plus crédible que la moyenne. 

Il ne s'agit pas d'un être difforme, d'une entité maléfique ou encore d'un individu en quête de vengeance... Jigsaw est un homme comme vous et moi qui en a eu marre de voir des gens ne pas apprécier la valeur de la vie. 

Une psychologie qui ne causera certes pas de suractivité cérébrale mais qui a le mérite de ne pas faire du coupable un cliché, bien que les autres films aient par la suite beaucoup déconstruit le personnage jusqu'à en faire une parodie de lui même. 

Deux heures de jeu pour finir comme ça ?

Deux heures de jeu pour finir comme ça ?

Fatalement, ça devait finir par foirer

En fait le véritable défaut de Saw, c'est qu'il est conscient d'être le socle d'un édifice qui apportera forcément un gros lot de réponses, questions et de scènes de torture toujours plus dégoûtantes et stressantes. 

James Wan a signé un coup de génie avec ce premier volet, mais c'est un cinéaste qui l'a prouvé par la suite : les sagas d'horreur le passionnent et ce ne sont pas les Insidious et autres Conjuring qui nous prouveront le contraire.

Malheureusement la fin aussi surprenante soit-elle reste très précipitée et le générique défilera presque instantanément une fois la surprise dévoilée. Résultat le public allait forcément en vouloir plus... Et c'est bien ce qui est arrivé !
Des suites plus ou moins réussies et toujours plus dégueulasses, mais aucune n'a réussi à proposer un concept aussi béton que celui-ci.
Mais ces roublards de scénaristes arrivaient à chaque fois à proposer un rebondissement final inattendu, ajoutant un léger côté Whodunit qui a poussé les fans à se rendre chaque année au cinéma pour vérifier si cette fois-ci ce serait la bonne et si le tueur serait enfin arrêté. 

Un potentiel gâché

En vérité j'adore toujours autant ce premier volet qu'à l'époque où je l'ai découvert, j'ai beau l'avoir vu une dizaine de fois je m'éclate à chaque fois devant l'ingéniosité des situations et les nombreuses fourberies du montage. 

On dira ce qu'on voudra mais James Wan a un vrai sens de la mise en scène et a plein d'idées dans la tête (l'avancée de Adam au flash du polaroid, génialement stressant), ce qui hélas ne sera pas le cas des réalisateurs qui ont pris la relève. Peut être que si les studios avaient fait appel à Wan pour au moins superviser l'écriture des suites, Saw serait devenu autre chose que l'histoire d'un film indépendant génial métamorphosé en franchise répugnante. 

Note : 3.5/5

Pour les suites :

Saw II : 2.5/5
Saw III : 1.5/5
Saw IV : 3/5
Saw V : 2.5/5
Saw VI : 2/5
Saw Chapitre Final : 2/5
Jigsaw : 2/5
Spirale : 1/5

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