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Ma dose de cinéma

The Thing - C'est pour ça que j'aime mieux les chats

Publié le 24 Septembre 2023 par Gaffeur in Horreur, Suspense, John Carpenter, Kurt Russel

Raaah l'affiche qui sent bon les 40 ans !!

Raaah l'affiche qui sent bon les 40 ans !!

En règle générale je ne suis vraiment pas friand de films d'horreur.
A moins que l'ambiance soit complètement décomplexée et jubilatoire façon Une nuit en enfer ou Planet Terror je ne suis pas friand de ces oeuvres qui déversent leur sauce tomate à l'écran ou qui s'amusent à gratuitement faire sursauter le public. 

Pourtant John Carpenter a su me faire aimer le genre avec une oeuvre pourtant vieille de quarante ans et qui tient encore la dragée haute à bon nombre de représentants actuels du genre. 

Parce qu'à l'époque faute d'avoir des moyens d'obtenir des mises à mort ultra réalistes on avait de vraies idées de mises en scène et des acteurs dignes de ce nom !

C'est drôle mais quand on voit la carrière de Kurt Russel on se dit qu'aujourd'hui voir un acteur de blockbuster prendre le risque de se compromettre dans un registre mal aimé tiendrait presque de la mission impossible. 

Bref un film comme The Thing on n'est pas prêts d'en revoir débarquer sur nos écrans, alors on va ressortir le DVD de l'étagère et se payer une session de remise à niveau !

Lequel d'entre vous a fait "bouarg" ?

Lequel d'entre vous a fait "bouarg" ?

Redéfinir le cinéma d'horreur

L'histoire on la connait bien car depuis sa sortie le film est devenu une référence en matière de cinéma horrifique : une équipe de scientifiques américains en Antarctique voit son quotidien bouleversé lorsque un chien loup débarque poursuivi par des chercheurs norvégiens. 
Les étrangers sont tués et le chien mis au chenil avec les autres tandis que le groupe se demande pourquoi leurs collègues norvégiens ont à ce point pété les plombs. 

On n'en dira pas plus pour éviter aux quelques ignorants de se voir gâcher la surprise mais The Thing commence in media res et ne relâchera jamais vraiment la pression au cours des deux heures qui suivront. 

Car la force du film est de mélanger plusieurs sous-registres de l'horrifique : slasher, huis-clos, film de monstre, épouvante, whodunit... Quasiment toutes les catégories de l'horreur se retrouvent pour un film qui les mélange astucieusement sans jamais se tromper.

Même lors des séquences de dialogues, il y aura cette conscience du danger imminent dans les répliques échangées par les protagonistes que même lorsqu'on pense pouvoir baisser sa garde on garde quand même en tête les nombreux indices et contre-indices laissés par Carpenter et on n'oublie jamais que n'importe qui peut être la Chose, même Kurt Russel. 

L'excellence de la mise en scène

Voilà pourquoi j'adore autant ce film : oui il est gore, oui il y a des jumpscares et des scènes vraiment crades (le coup du chenil, le défibrillateur... Lors du premier visionnage ça fait son effet), mais toujours au service du scénario et de l'atmosphère.

Prenons le cas de 65 - La Terre d'Avant qui a été posté juste avant : aucune atmosphère de peur ou de tension pendant la première heure, du coup les réalisateurs balancent subitement un raptor en plein écran. Certes on rigole sur le coup mais en vrai... C'est totalement gratuit. 

Dans The Thing si Carpenter vous fait sursauter c'est pour vous rappeler de ne pas baisser votre défense ou bien pour avertir les personnages de la catastrophe imminente. 

Accompagnée de quelques animatroniques époustouflants pour l'époque et de CGI réussis, la mise en scène de Carpenter fait pourtant dans le simple : un plan long d'un chien qui traverse un couloir et qui pénètre dans la chambre d'un des chercheurs dont l'ombre se dessine sur le mur. De qui s'agit-il ? On ne sait pas, mais on sait que désormais l'un des membres de l'équipe est compromis. 

Carpenter se délecte de cette paranoïa qui va gagner à la fois les personnages et le public et attendra le moment où on s'y attendra le moins pour faire surgir l'une des abominations du film. 

Woups, alors ça c'est con

Woups, alors ça c'est con

L'enfer blanc

Parce que malgré l'aspect restreint du nombre de personnages et le faible nombre de décors, on pourrait s'attendre à un petit film sans grosses séquences. 

Mais Carpenter exploite à la perfection les coursives de la station de recherches et dévoile petit à petit les zones jusque là inexplorées par les personnages jusqu'au final claustrophobique dans les sous sols de la base. 

Sans forcément balancer de l'hémoglobine partout Carpenter distille ainsi une envie d'en savoir plus et de comprendre ce qui est en train de se jouer.

Qu'est-il arrivé aux Norvégiens ? Qui est infecté ? Qui ment et qui a raison ?

Et le pire dans tout ça c'est que contrairement à beaucoup d'oeuvres du genre les personnages n'auront pas la possibilité de s'en sortir. 

Hors des codes

Beaucoup ont crié au génie lorsque David Fincher a fait gagner John Doe à la fin de Se7en. Mais sans vouloir dénigrer l'impact du final de ce film culte, Carpenter avait fait encore pire trente ans auparavant.

Dans The Thing les personnages sont d'ores et déjà coupés du reste du monde, ce qui exclut d'office la possibilité d'une aide extérieure, jusqu'à l'idée même d'une cavalerie qui débarquerait en mode Deus Ex Machina pour sauver la peau de notre Kurt Russel préféré. 

Peut être est-ce pour cela que le film a été à ce point taillé par la critique (comme quoi il n'a pas fallu attendre les torchons d'aujourd'hui pour que des perles soient salies par des journalistes frustrés) mais dans cette histoire il n'y a pas de place pour l'espoir. 

Les personnages n'ont aucune chance de voir arriver les secours, s'ils n'arrivent pas à trouver rapidement un moyen de contrer la bestiole, ce sera game over. Et tandis que les membres de l'équipe sont tués ou se suicident les uns après les autres, le public en vient à se demander si le casting avait une chance lorsque la créature a débarqué.

Une question qui se posera jusqu'au générique de fin où à l'issue d'une ultime séquence particulièrement noire le public ressortira médusé. 

Pas sûr que le nombre d'adoptions de Husky ait augmenté après un coup pareil

Pas sûr que le nombre d'adoptions de Husky ait augmenté après un coup pareil

On ne va pas passer sous silence le fait qu'il y a bien quelques failles dans le scénario (ma préférée étant celle du test de l'aiguille dans le sang, où la créature se manifesterait en cas d'agression du sang... Mais une entaille au bistouri n'est-elle pas déjà une agression ?) mais en toute objectivité The Thing est l'une des rares oeuvres horrifiques dont le scénario est réellement travaillé. 

Les personnages sont vite définis, chacun peut être coupable, chaque séquence apportera quelque chose à l'histoire ou à la parano de la situation sans pour autant inonder son public de jumpscares et de morceaux de bidoches. 

Parce qu'un film d'horreur peut être effrayant, angoissant ou repoussant sans proposer ces artifices que les films contemporains aiment tant. 
Le design dérangeant d'une créature composée de restes humains, un drap qui se soulève, un thème musical intervenant au bon moment, des corps gelés dans une base ravagée... Tout autant d'idées qui auront bien plus d'impact qu'un BOUH ou un kilo de ketchup balancé en gros plan. 

Quarante ans déjà que Carpenter a donné cette leçon et pourtant aucun film du genre n'a réussi à me transcender à ce point. 

Note : 4.5/5

 

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