Scream 6 - Jubilatoire mais imparfait

Même l'affiche arbore une idée cool pour son titrage

Découvert en DVD il y a un an, le cinquième opus de la série Scream avait été une sacrée bonne surprise jouant toujours aussi bien avec les codes de la franchise et les attentes du public.
Se passant carrément d'un numéro pour assumer son statut de Requel (terme possiblement inventé pour les besoins du film) le film avait su jongler habilement entre hommage et relecture, le tout non sans humour et avec en prime une belle dose de gore. 

Rien de surprenant donc à ce que le duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett aient rapidement remplié pour un autre film avec l'argument du "ce coup-ci on a vraiment une idée neuve". Mouais, leur film était plutôt chouette mais de là à demander un sixième volet ? Surtout que le coup du "cette fois ce sera différent" on nous le sert tout de même régulièrement à Hollywood pour un résultat qui au final n'a rien de surprenant...

Mais la curiosité et les critiques plutôt positives m'ont convaincu de me tenir éloigné de tout forum et de toute bande-annonce de ce sixième volet et d'attendre le DVD pour découvrir ça (et oui j'assume devenir de plus en plus vieux con mais un film d'horreur au ciné cela veut dire être entouré de gamins en manques de sensations fortes donc non merci). 

Bon du coup t'es qui toi ?

Une réelle envie de faire du neuf

Et bien pour une fois on dirait que l'argument de la nouveauté n'était pas qu'une jolie phrase destinée à attirer le public dans la camionnette !
Dès le prologue alors qu'on sent tout de même venir une bonne vieille habitude avec une nana qui accumule les mêmes mauvais réflexes pour finir par quitter un lieux sûr, le film va surprendre une première fois avec une construction bien différente des autres prologues. Pas de coup de couteau qui déchire l'écran pour laisser apparaître le titre ! A la place la caméra reste focalisée sur l'assassin et va le suivre pendant plusieurs minutes. 

Cela n'a l'air de rien, mais lorsqu'on a vu les cinq films précédents plusieurs fois chacun on en vient à apprécier ce genre de petites entorses aux traditions ! 

Autre entorse de taille cette fois-ci pour la première fois le scénario n'embarque pas les personnages à Woodsboro mais à New-York et bon sang ce que ce changement de cadre sera bénéfique pour la franchise : terminé les décors vus et revus de maisons de campagne à l'américaine et bienvenue aux lofts de la Grosse Pomme, à ses métros et à ses boutiques. 

Clairement le scénario met le paquet pour apporter de la variété dans les situations et apporter ainsi un vrai suspense. Pour une fois on ne nous servira pas le sempiternel coup de la porte qui masque un couloir et qu'on referme avec un violon inquiétant en fond sonore. 
A la place les réalisateurs s'appliquent à déjouer les attentes et à surprendre le public avec des tueries toujours plus imaginatives et nerveuses. 

De bonnes relectures

On pourrait se dire à ce moment là que le film n'a plus rien à voir avec la saga puisque trop différent peut être. Mais justement sa principale force est de continuer à appliquer la recette du Whodunit que Wes Craven affectionnait tant. 

Les conversations téléphoniques avec l'assassin seront nombreuses, les passages obligés tels que l'explication des règles sont là et on aura toujours des poursuites façon Ca Cartoon avec un tueur toujours aussi habile pour se prendre les pieds dans un tapis ou dans le câble de la fibre !

Scream 6 malgré ses très nombreuses libertés prises avec les codes de la série sera ainsi bel et bien un Scream pur jus. Et clairement l'un des meilleurs pour avoir su à ce point innover sans trahir. Même si on aurait aimé que Sydney ne soit pas simplement évoquée pour justifier l'absence de Neve Campbell (la production lui aurait proposé un salaire insuffisant, ce qui est tout de même honteux pour la vraie star de la franchise). 

Le genre de scène qui apporte un peu de fraîcheur

Un peu foutraque quand même

Aaaah vous me connaissez bien à présent, vous savez que sous la seconde image se cachent toujours les reproches ! 
Car oui bien que ce sixième opus soit un excellent cru il ne reste pas moins un peu bancal notamment sur la fin. 

Je ne révélerai rien bien entendu, mais en dépit d'une surprise finale qui fonctionne super bien le scénario en fait parfois beaucoup trop pour s'autoparodier. 

Cela a toujours été l'aspect le plus jouissif de la saga : moquer les films d'horreur pour mieux faire passer certains rebondissements et certaines ficelles. De ce côté là on peut même parler d'une certaine virtuosité dans l'utilisation du décor de fin avec un quatrième mur qui vole en éclats. 

Malheureusement les explications finales traînent un peu trop en longueur et surtout les couteaux ne tuent plus ! Franchement soit on tue un personnage soit on ne le tue pas, mais si on choisit le premier cas on ne lui inflige pas des blessures bien dégueulasses et nombreuses pour le faire limite danser la polka plusieurs minutes plus tard. 

L'humour c'est bien, un peu de flippe ce serait bien aussi

Enfin dernier reproche à adresser au film et qui était d'ailleurs l'un de ceux adressés au précédent volet : l'humour a trop pris le pas sur l'horrifique. 
Oui je sais que la série a toujours fait dans le second degré avec des morts parfois horriblement drôles et des punchlines bien senties, mais là on ne ressent vraiment plus la peur. 

J'ai beau ne pas aimer les jumpscares je sais tout de même applaudir lorsque c'est bien fait (exemple celui de La Proie d'une Ombre ou encore cela de l'ouverture de Scream 4 pour rester dans la saga). Zéro.
Zéro jumpscare depuis le quatrième volet et bien que le suspense reste efficace à chaque apparition de Ghostface j'aimerai tout de même retrouver un peu de frisson dans la saga. Parce que cela fait longtemps que Scream ne fait plus sursauter ou peur. 

Là aussi dans le genre séquence nerveuse

Et bien, pour une fois qu'une franchise horrifique parvient à maintenir une réelle qualité en dépit d'une belle quantité de films, on ne va pas s'en plaindre ! 

Cet épisode est imparfait et même si j'aime beaucoup Jenna Ortega un Scream sans Neve Campbell laisse tout de même un arrière goût étrange, mais pour une fois que le scénario sort des sentiers battus et s'emploie aussi bien à brouiller les pistes le résultat sera forcément jubilatoire. 

J'ai ainsi passé mon temps à me dire que cela ne pouvait pas être untel parce que présent à telle attaque avant de me dire que le complice ne tenait pas la route... Pour que finalement l'attaque suivante ne rabatte astucieusement les cartes en employant d'autres personnages ! 
Et même si au final j'avais cramé les coupables sur ma première théorie, le scénario et le montage ont su me faire douter jusqu'au bout et revoir mes accusations de bout en bout... Au final n'est-ce pas là l'essence d'un bon whodunit ? 

Note : 3.5/5