Si comme moi vous avez grandi au cours des années 90, vous devez forcément vous rappeler des Tortues Ninja !
Quatre frères tortues mutantes élevées par un rat mutant lui aussi et qui ont tous appris l'art du ninja en restant dissimulés dans les égouts tout en se goinfrant de pizzas, il faut reconnaître que ce genre de création complètement pétée ne pouvait pas être produite à une autre période.
Je veux dire à l'heure actuelle où les producteurs chérissent les remakes sans prises de risques ou les exploitations de licences déjà existantes ramènes toi donc avec tes quatre tortues baptisées comme des figures de la Renaissance Italienne qui affrontent un genre de samouraï dans les rues de New-York.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que la franchise n'a jamais vraiment cessé d'exister, même si pour ma part j'avais surtout vu les premiers épisodes de la série animée et les deux premiers films live j'ai toujours été scotché de voir que les quatre frères reviennent régulièrement en série, film ou même jeux vidéos avec plus ou moins de succès.
Bref ayant déniché un coffret DVD comportant les trois films live produits entre 90 et 93 je n'ai su résister à l'envie de vous en parler ! Et puis ce serait l'occasion d'enfin découvrir le troisième épisode dont j'ai appris l'existence il y a seulement quelques années lors de l'épisode spécial du Joueur du Grenier... On va bien voir si il est à la hauteur de sa sinistre réputation !
Les Tortues Ninja - Le Film (1990)
Bon sang ce que je pouvais adorer ce film quand j'étais gosse !
Aussi lorsque j'ai reçu le coffret autant vous dire que j'ai tout de suite coupé ma partie de Assassin's Creed Black Flag (parce que franchement pourquoi jouer à Skull and Bones ?) pour balancer le disque du film et me replonger vingt cinq ans en arrière...
Imaginez donc un peu ma déconfiture de découvrir que la VF n'était pas la bonne mais la version Québéquoise !
Et oui exit l'accent afro de Raphaël, exit la voix de Philippe Vincent pour Casey Jones, exit la voix bien mystérieuse de Splinter et place à un fumeur de marlboro sans filtre à la place... Et le pire ce sont les traductions qui font qu'on passe de Maître Shredder au Maître Déchiqueteur... Du coup je dois tuer qui pour ce coup-là ?
L'explication est à mon avis très simple à deviner : le film original pouvait être assez grossier et il y a une séquence qu'on pourrait juger homophobe aujourd'hui (Dans une séquence surréaliste trouvable sur Youtube Casey Jones balances un "salut pédé j'ai du travail" à Raphael après lui avoir collé un coup de batte de cricket). Résultat, pas de VF sur le DVD du premier film.
Mais si je fais l'impasse sur ce détail certes pas si crucial mais qui a son importance quand tu attends la réplique de tes souvenirs et qu'une autre bien moins percutante la remplace, que vaut le film 30 ans plus tard ?
Et bien en prenant en compte son grand âge et le fait que le film était destiné aux enfants et pré-ados il ne fallait pas s'attendre à un budget incroyable. Mais malgré tout Steve Barron a réussi à dénicher des costumes qui en toute franchise font illusion à condition de ne pas les filmer en plein jour.
Le film est ainsi assez sombre avec un visuel proche des films noirs notamment dans le premier tiers avant que les tortues ne rencontrent April O'Neal. Et ce petit côté dark marche plutôt bien avec même quelques petits effets bien pensés comme Raphael qui dissuade des voyous en leur montrant un saï à sa ceinture façon western ou encore les ninjas du Clan des Foot qui poppent littéralement de nulle part dans le métro.
Autre bonne surprise les quelques bastons du film sont efficaces (toutes proportions gardées évidemment) avec des chorégraphies qui distribuent les patates avec humour ! Le fait que les coordinateurs sont issus du cinéma Hong-Kongais a clairement aidé le film et je dois témoigner mon respect aux comédiens sous les costumes qui arrivent à bien bouger malgré leurs déguisements.
Bon par contre on ne va pas passer sous silence le fait que le film soit parfois si fauché qu'il n'ait d'autre choix que de tout plonger dans l'obscurité.
Ca fonctionne bien au départ mais sur certaines séquences on sent vraiment le cache-misère, notamment pour le flash back des bébés tortues où les marionnettes sont si affreuses que même un grain sur l'image et un fond noir ne parviennent pas à améliorer les choses.
Fort heureusement la bonne humeur des tortues est contagieuse et les nombreuses vannes que se balancent les frangins ont beau être parfois ratées qu'est-ce que c'est bon de retrouver les blagues débiles de Michelangelo, les coups de sang de Raphael et toutes ces petites choses qui mènent le film aux portes du nanar. Pour ma part j'ai un faible pour le bras droit de Shredder dont 90% des répliques sont des "grrr" et dont son "A ... L'ATTAQUE" me pliera toujours en deux.
L'histoire bien entendu est basique de chez basique et il ne faudra pas s'attendre à autre chose qu'une adaptation ultra-calibrée du dessin animé de l'époque : les tortues mangent des pizzas, Shredder casse les couilles une fois de trop, les tortues lui collent une raclée et hop générique.
Ca ne vole pas super haut je serai d'une mauvaise foi considérable si je prétendais le contraire mais si on le prend pour ce qu'il est à savoir une comédie d'action pour les gosses on passe un très bon moment !
Note : 3/5
Les Tortues Ninja 2 - Le Secret de la Mutation (1991)
Evidemment suite au succès rencontré par le premier volet il était impensable qu'une suite ne voit pas le jour et il ne fallut au final qu'un an pour que Le Secret de la Mutation ne débarque en salles.
Certes quand on voit qu'aujourd'hui il faut attendre au moins deux voir trois ans entre chaque grosse machine cela peut surprendre, mais justement ces films ne nécessitaient pas de gros décors ou des moyens colossaux d'où un délai de production aussi rapide.
Du coup sans surprise les tortues continuent de rendre la justice dans les rues de la ville tandis que Shredder (dont les scénaristes n'avaient probablement pas pensé à l'idée d'une présence étant donné la façon dont son casque finit à la fin du premier) a miraculeusement survécu à cette chute de dix étages dans un camion-poubelle. Mais cette fois-ci le malfrat s'attaque à la boîte qui a créé le fluide qui a causé la mutation des tortues afin de créer sa propre armée de mutants.
Encore une fois un pitch qui colle bien à la série animée et qui aurait pu être une bonne idée puisque les tortues auraient pu avoir des adversaires plus intéressants que les Foots, malheureusement bien que le budget soit revu à la hausse le résultat sera un peu décevant.
Déjà lorsqu'on s'attend à deux créatures mutantes au service de Shredder dans cet univers on pense immédiatement à Bebop et Rock-Steady et pas à Tortue-Dégueulasse Loup-Garou-Wish ! Parce que même en 91 les deux personnages craignaient visuellement alors aujourd'hui je ne vous dis pas.
Par contre il y a eu un peu plus de pognon aligné par la production pour cette suite car les décors sont plus nombreux (on passe des égouts, forêts et entrepôts vides aux... égouts, décharges, allées commerçantes et boîte de nuit) et surtout l'éclairage permet de constater que les costumes sont plus soignés... Et surtout on peut enfin réellement apprécier les personnages sans devoir plisser les yeux !
Ils ont même essayé d'inclure Splinter sur une scène d'action avec un arc même si le résultat est à mourir de rire si on imagine le pauvre marionnettiste qui galère à lui faire avoir une posture d'archer.
Enfin un immense YOUPIE : la VF est la bonne !
Quel plaisir de retrouver les trucs les plus nazes avec le son de mon enfance... "Et la prochaine fois j'mettrais d'la moutarde !","Et alors ? On leur a botté l'cul", "Go ninja go ninja go... Elle est bien bonne hein ?". Ralala ce que cela fait du bien qu'une séquence aussi culte que le rap battle conserve toute sa saveur.
Par contre pour la fin quelle blague ce faux fight contre Super-Shredder.
En effet bien que le budget ait augmenté l'équipe des cascades et chorégraphies n'était plus la même et cela se voit : les bastons sont moins rythmées et surtout à aucun moment il n'y a de vraie chorégraphie lors des bagarres contre les boss. Et c'est encore mieux avec ce pingouin de Shredder qui arrive à se tuer tout seul !
Mais malgré les défauts le fait qu'il ait conservé sa VF fait qu'il s'agit du film que j'ai le plus adoré revoir, d'où j'imagine une note qui serait un poil généreuse pour vous.
Note : 3/5
Les Tortues Ninja 3 - Nouvelle Génération
Je déteste ce genre de situation. Ce genre d'idée qu'on trouve excellente mais qui dans les faits est exploitée de la pire des façons.
Parce que sincèrement le scénario de ce troisième et ultime volet est sympathique et plutôt bien trouvé : April a mis la main sur un sceptre magique qui l'a renvoyée dans le Japon Médiéval. Les tortues traversent le temps pour retrouver leur amie et au passage aider des paysans à triompher d'un daimyo tyrannique.
En vrai le principe de balancer les pizzalovers au Japon des samouraïs et de les confronter avec le pays auquel ils doivent leur éducation de ninja est extra, d'autant plus que niveau décors et costumes historiques le film n'est pas dégueu. Bon on est très loin d'un Kurosawa mais en gardant à l'esprit que le tout est destiné aux enfants le visuel est franchement bon et le contexte historique n'est pas non plus immonde puisqu'il sera questions des occidentaux qui rêvent de commercer avec les Japonais et de s'en mettre plein les fouilles.
Alors pourquoi ce film est-il bel et bien le mauvais moment annoncé par Joueur du Grenier et bien d'autres spectateurs ?
Et bien d'une part parce que les blagues sont vraiment nulles et les jeux de mots trop nombreux (et nuls aussi si il faut préciser), à croire que le studio voulait absolument que les tortues ne restent pas plus de cinq secondes sans l'ouvrir pour balancer une connerie. Passons sur les blagues craignos sur les kamikazes et sur Nagasaki où la prod' s'est sûrement dis "ça vaaaa on les a vaincu en 45 on peut bien vanner deux minutes".
Autre fausse bonne idée : impliquer à ce point April dans le scénario.
Dans le fond pourquoi pas, mais le personnage change tellement dans ce volet pour devenir une greluche à secourir que si les tortues ne l'avaient pas appelée April au début on pourrait se demander s'il s'agit bien de la journaliste brillante et débrouillarde !
L'horreur ultime concerne les costumes des tortues... Certes le budget décors et armures a du engloutir le budget, mais pourquoi rogner sur l'apparence de tes quatre personnages principaux ?
On ne s'en rend pas bien compte au départ car les personnages sont équipés d'une armure qui cache la mousse des carapaces (là encore mes respects aux acteurs pour bouger avec tout ce bric-à-brac) mais bordel qu'est ce que c'est que cette régression par rapport aux tenues des deux premiers épisodes ???
Et le pire (oui à chaque fois je dis ça mais je n'arrive pas à me décider sur ce qui craint le plus) concernera toutes les séquences dans le présent... Pourquoi faire revenir Casey Jones le vigilante toujours campé par Elias Koteas pour lui faire surveiller quatre samouraïs qui découvrent la ville en jouant à des jeux d'arcade ? Bon sang ils pouvaient pas se fritter à un gang par exemple ? Bon au moins on évite le re-retour de Shredder donc c'est déjà ça.
Bref le film a ses fans, et je peux comprendre car il s'agit certainement de ceux qui l'ont découvert étant gosse et qu'on ne peut rien contre la nostalgie, dans mon cas les notes des deux premiers en témoignent.
Mais en étant objectif, c'est un gâchis un vrai qui aurait mérité une meilleure gestion du budget et un vrai sens de l'humour.
Note : 1/5