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Ma dose de cinéma

The Crow - Malédiction Gothique

Publié le 9 Septembre 2023 par Gaffeur in Action, Super-héros, Vengeance

L'un des films les plus maudits de l'histoire

L'un des films les plus maudits de l'histoire

C'est apparemment officiel, le remake de The Crow est lancé pour de bon avec Bill Skarsgaard dans le rôle titre suite au désistement de Jason Momoa. 
Cette information m'a alors balancé une vérité en pleine poire : je n'avais encore jamais vue la version originale avec Brandon Lee sortie en 1994.

Pourtant le film est devenu assez culte de par son imagerie et malheureusement par la tragédie qui l'a frappé tandis que les trois quarts du métrage étaient dans la boîte : lors d'une scène de fusillade l'acteur principal a reçu un vrai projectile et a été tué sur le coup. 

Et si aujourd'hui ce genre de situation entraînerait obligatoirement une annulation pure et simple du film (et ce n'est pas le cas récent de Rust qui nous prouvera le contraire) à l'époque les studios ont accordé une rallonge de budget pour boucler le tournage avec des doublures et avoir recours à des effets numériques pour terminer l'ultime film du comédien. 

Triste ironie le père de Brandon, l'illustre Bruce Lee avait lui aussi connu plus ou moins le même sort et son dernier film avait été terminé avec des remplaçants et des trucages grossiers. 

Impossible aujourd'hui d'aborder The Crow sans penser à cette terrible histoire, et j'espérais que le film était considéré comme culte parce qu'il était vraiment bon plutôt que par simple mythe morbide. 

Si Batman et le Joker avaient fusionné

Si Batman et le Joker avaient fusionné

Un scénario tristement ironique

Tandis que dans une ville gangrénée par les gangs la nuit d'Halloween est devenue la Nuit du Diable où tous les voyous de la ville s'adonnent aux pires occupations, un couple est massacré dans son loft.
Un an plus tard l'homme Eric Draven est ramené à la vie par un mystérieux corbeau. Devenu immortel, il devient un justicier impitoyable et entreprend de traquer un par un ceux qui les ont tués sa fiancée et lui. 

Je n'avais aucune idée de ce qu'aller me raconter ce fameux film, et je dois dire que j'ai été frappé par le cruel double-sens qui règnera pendant une heure et demi. 

Un personnage principal qui revient d'entre les morts et qui se retrouve à l'épreuve des balles et des lames, c'est d'une ironie tout simplement inégalable et la séquence où on sait que l'acteur a trouvé la mort fera malgré elle froid dans le dos.

Cependant le film finit par emporter son public avec son ton qui sonne bon les années 90 : entre le look des méchants, la violence crue et l'humour noir sans retenue (la vanne sur Jésus ou le coup de l'oeil de Michael Wincott sont délectables si vous aimez l'humour acide) on voyage trente ans en arrière à une époque où clairement les cinéastes et les films avaient plus de gueule et d'imagination qu'aujourd'hui. 

La relecture du super-héros

Honnêtement le film pourrait au début sembler très déjà vu car nous sommes nourris pour ne pas dire gavés aux super-héros depuis déjà quinze ans. 

Pourtant The Crow n'a débarqué qu'en 1994 soit juste après les deux Batman signés par Tim Burton. A ce moment là le cinéma gothique a la cote auprès des cinéphiles, et Axel Proyas entendait bien surfer sur le succès en poussant encore plus loin le concept. 

Eric Draven partagera beaucoup de points communs avec les films de Burton, à commencer par une approche gothique encore plus extrême (des églises partout, des métalleux, des corbacs dans tous les sens) ainsi que des éléments qui évoqueront à la fois l'homme chauve-souris et le clown maléfique qui lui sert d'alter-ego. 

Le film est ainsi une véritable origin story qui avait tout pour devenir une grande série noire : le couple d'innocents furieusement massacré, l'homme revenu d'entre les morts, les lames et les flingues dans tous les sens et des ennemis planqués dans des repaires truffés de salopards... Tout était là pour concurrencer Batman. 

Et à ma grande surprise cela aurait eu de la gueule car les scènes d'action bien que peu nombreuses sont efficaces et la violence explicite leur donne un aspect qui ferait pâlir le PDG de Marvel si on lui disait qu'à une époque ce genre de héros avait son public. 

Difficile de ne pas penser à un concurrent sapé en chauve-souris

Difficile de ne pas penser à un concurrent sapé en chauve-souris

Montage astucieux...

Comme évoqué plus haut, la séquence où Lee a trouvé la mort fait mal au coeur... Mais elle surprend d'autant plus qu'elle arrive finalement assez tôt dans l'histoire : à peine trois quarts d'heure se sont écoulés lorsqu'elle se déroule. 

Mais heureusement pour l'équipe les scènes n'ont pas été tournées chronologiquement et les images mises en boîtes ainsi que la magie du cadrage et du montage ont pu faire en sorte que The Crow parvienne à tenir debout. 

Le scénario n'est pas vraiment fouillé et ne s'éloigne jamais de son concept de base à savoir un revenant invincible qui bute à tour de bras ses bourreaux et tous les blaireaux qui auraient eu l'idée de les rallier depuis le drame. 

Mais cette simplicité couplée au drame qui a touché la production se montre finalement payante car il n'y aura finalement pas vraiment de grande scène de dialogues mettant en scène Draven. On ne va probablement pas s'attacher au personnage autant que le réalisateur l'aurait voulu au départ, mais les doublures et le montage vont au moins permettre au gaillard d'être menaçant et charismatique à chaque plan. 

... mais qui ne trompe pas toujours

Cependant bien qu'il soit normal d'être "souple" avec le film étant donné sa triste légende, il faut bien admettre que parfois les artifices ne fonctionnent pas. On pense par exemple à la séquence de la poursuite en voitures où il n'y avait clairement aucun gros plan de Brandon Lee en bagnole pour rendre le moment vraiment crédible.

Entre le fait qu'il change d'arme d'un plan sur l'autre, le cadrage qui fait de son mieux pour ne pas filmer sa tête et la lumière qui est encore plus basse que pour le reste du film, on sent bien qu'il s'agit d'une séquence que l'acteur n'avait pas eu le temps de tourner. 

Mais surtout même si l'histoire reste efficace on ressort du film avec la même sensation qu'en visionnant Le Treizième Guerrier
Ca tient debout et c'est même parfois bigrement efficace (cette fusillade générale vers la fin du film qui lorgne sur John Woo est tout simplement jouissive) mais on sent qu'il manque de la matière et que certaines scènes ne s'enchaînent pas naturellement. 

Mais au moins contrairement au film de McTiernan qui a essuyé des tensions entre son réalisateur et son producteur, The Crow a une excuse beaucoup plus compréhensible. 

Raaah les gunfights des années 90 ...

Raaah les gunfights des années 90 ...

Bien que son ton et son histoire semblent destinés avant tout à un public adepte de la tendance gothique, The Crow n'est pas un film réservé à une niche de spectateurs. 

Film d'action honnête revisitant à sa sauce le mythe du super-héros, le tout est aujourd'hui encore très cool à regarder et semble même avoir influencé pas mal de réalisateurs. C'est bête mais après toute cette pluie je ne peux m'empêcher de penser au baiser du premier Spider-Man de Sam Raimi ou encore aux ruelles de Sin City, et ce n'est pas cette imagerie proche du noir et blanc qui me fera changer d'avis ! 

Maintenant est-ce qu'un remake est une bonne idée ? On ne va pas dire que le concept ne mérite pas qu'on lui redonne sa chance une bonne fois pour toutes, mais clairement après une pré-production aussi chaotique et étant donné le ton noir de chez noir de l'original, on imagine mal un studio oser nous livrer une oeuvre aussi extrême... Wait and see. 

 

Note : 3/5

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