Aaaah les adaptations de jeux vidéos au cinéma... On n'en a pas encore parlé sur ce blog mais j'avoue souvent me prêter au jeu pour vérifier cette règle comme quoi les films tirés de licences vidéoludiques seraient tous à balancer au compost.
Il est vrai qu'entre les nanars funs de Paul W.S. Anderson sur Super Milla à Racoon City, l'immonde Max Payne ou le très sage Uncharted, seul le très frais Warcraft semble tirer son épingle du jeu.
Super Mario Bros était un projet risqué (la dernière adaptation, en live avec Bob Hoskins et John Leguizamo hante encore les mémoires des victimes qui l'ont vu) mais aussi très attendu car Nintendo allait chapeauter le produit de A à Z (et on sait à quel point le studio ne rigole pas avec ses licences quitte à ignorer complètement l'amour de sa fanbase en matière de mods) et que Illumination se chargerait de l'animation.
Une adaptation surveillée par le créateur de l'univers entre les mains de ceux qui ont inventé ces impayables Minions, on ne pouvait pas être déçu cette fois-ci ! En tout cas un milliard et trois cent millions de patates de bénef ne pouvaient pas signifier un mauvais film, hein ? Hein ?
Ce qui va bien
Allez comme le veut la tradition on va commencer par les points positifs, et ce ce côté là on ne va pas se mentir Illumination n'a rien perdu de son talent en matière d'animation !
Les décors et les personnages sont parfaitement modélisés et l'animation réserve de très bonnes séquences de parkour et de baston, notamment lors de la course poursuite en karts qui prend des air de Mad Max sauce Nintendo.
De ce côté là on sent que Nintendo surveille sa licence de très près car absolument tout ce que vous espériez voir dans un film estampillé Mario sera présent dans le film, à l'exception d'un vieux pote qui ne ramènera sa fraise que pour la scène post crédits.
Bowser, une bonne relecture ?
Je vais être honnête je n'ai pas joué à tant de jeux que ça. Luigi's Mansion 3, les Smash Bros et autres Mario Kart ont bien entendu rythmé mes soirées pizza/bières/amis mais en matière de vrais jeux mettant en scène notre plombier à casquette rouge, j'ai du m'en tenir à deux ou trois titres.
Mais malgré cela j'ai toujours considéré Bowser comme le méchant le plus naze de la galaxie. Un dino/dragon géant qui crache du feu, qui habite dans une forteresse bien dark mais qui n'est pas fichu de faire en sorte qu'on ne le chope pas par la queue pour le balancer dans la lave...
Pourtant l'une des rares bonnes surprises du film concerne cet antagoniste fadasse qui sera peut être bien le seul personnage à être véritablement travaillé et qui sortira de son étiquette de méchant.
Peach par exemple sera la gentille princesse badass et le restera jusqu'au bout, mais Bowser en plus d'être un méchant qui tire la gueule sera traité comme quelqu'un de réellement fou amoureux de la princesse.
Pour le coup ses compositions au piano formeront des moments aussi amusants qu'inattendus. Dommage qu'il n'y en ait pas plus.
Un scénario lisse
On le sait tous, les jeux de la saga n'ont jamais brillé par leur scénario reposant toujours sur le schéma "Bowser enlève Peach, Mario sauve Peach" et ce depuis trente ans.
Le film va apporter un minimum de différences avec les jeux, mais plus parce que de nos jours on ne peut plus faire d'un personnage féminin une femme en détresse que par véritable envie de proposer une histoire neuve.
Mario et Luigi sont aspirés par un étrange tuyau, ils atterrissent au Royaume Champignon et Mario demande l'aide de Peach pour sauver Luigi qui a directement posé pied chez Bowser... C'est très basique et sans réelle surprise avec en plus une durée incroyablement courte : 1h20 au total !
Le film va non seulement beaucoup trop vite mais il ne sortira pas du style que les jeux ont présenté : l'humour ne va jamais très loin et rares seront les séquences à vraiment proposer des dialogues efficaces et des gags inventifs.
Bon, au moins ils n'ont pas foiré Donkey Kong, parce qu'évidemment un gorille surpuissant qui porte une cravate ne pouvait qu'être mon chouchou !
Au moins comparé aux autres le gars est drôle, bien que j'aurai préféré un doublage plus inspiré pour la VF.
Aucune inventivité
Le fait que Nintendo ait gardé un oeil attentif sur le projet allait être à double tranchant : d'un côté on aurait au moins un univers fidèle à la licence, mais de l'autre rien ne serait tenté pour proposer de vraies nouveautés.
Et hélas ce contrôle de la part de la firme aura eu raison de l'inspiration de Illumination qui n'arrive jamais à vraiment emballer avec son scénario ou ses gags. Certes il y a bien un ou deux passages qui revisitent bien certaines scènes cultes des jeux (la partie où Luigi se retrouve seul avec sa lampe, le parkour à Brooklyn...), mais quand le moment le plus amusant du film aura été le logo Illumination avec un Minion qui cale dans son kart Mario...
C'est que quelque chose s'est mal passé.
Le film ne prend ainsi pas le moindre risque et se contente d'enchaîner des mini-hommages avec une scénario prétexte pour les relier tous, et le plus triste c'est que même pendant les scènes d'action rien ne surprendra jamais vraiment ou ne durera suffisamment longtemps pour être divertissant.
Exemple frappant (ha ha ha) le combat entre Donkey et Mario qui singe (re ha ha ha) Smash Bros mais où il se passe à chaque fois plus de trente secondes entre chaque mandale ou chaque prise de power up ce qui rend à la séquence un rythme des plus mollassons alors que paradoxalement l'animation est parfaite.
Super Mario Bros est un carton, comme chaque jeux vidéo de la franchise ou presque. Preuve que la fanbase du plombier italien était prête à se déplacer en masse devant un projet pareil.
Pourtant à bien y regarder le film sera l'un des succès les plus inquiétants de ces dernières années derrière l'affreux Jurassic World Dominion.
Quasiment un milliard et demi de recettes pour un film qui n'a pas la moindre inventivité et qui se contente d'enchaîner les références avec bien caché derrière la pile de dollars un studio créatif qui a sûrement été bien freiné dans ses ardeurs par Nintendo...
Comme je le disais je ne suis clairement pas un gros fan des jeux, donc peut être que ceci explique ma déception totale et qu'un fan hardcore y trouvera son compte. Mais franchement, ça ne vous dirait pas après trente ans d'avoir un truc qui sorte franchement des sentiers battus ?
Note : 2/5