Découverte il y a quelques mois pour ma part sur Disney+ tandis que j'étais immobilisé par un accident du travail, la série originale Justified avait été un bol d'air frais qui m'avait aidé à passer ces semaines à ne pas pouvoir me déplacer.
J'y avais découvert le marshal Raylan Givens, un flic aux allures de cow boy qui agissait comme tel : un pas de plus après la sommation d'usage et le mec en face prenait un pruneau en pleine poire à tous les coups, et je ne parle pas du sens de la répartie de notre policier !
Mais surtout ce qui a fait tout le sel de la série, c'était sa capacité à générer des personnages secondaires succulents et jamais sans humour : les ennemis ou alliés croisées par Raylan étaient à chaque fois de redoutables combattants mais aussi des punchliners incroyables.
Bref Justified était une série qui revisitait parfaitement le western en l'adaptant à notre époque, sans se soucier d'être violente ou parfois honteusement drôle (je ne me remet toujours pas du sort de Jake Busey).
Alors forcément, quand on a annoncé un spin off sous forme de mini série en huit épisodes j'ai accueilli la nouvelle à bras ouverts, le marshal de retour dans l'une des villes réputées les plus dangereuses des Etats-Unis, ça annonçait du très lourd.
Mais c'était sans compter le format non adapté et la culture woke qui est encore une fois passée par là...
Des seconds couteaux sans âme
Vous espériez avec le premier épisode retrouver toute la saveur de la série originale ? Il faut dire que ces roublards de scénaristes savent mettre l'eau à la bouche : Raylan qui coffre deux malfrats alors qu'il était tout simplement en train d'emmener sa fille en vacances avant de se faire humilier par un tribunal dont le juge, les accusés et l'avocat de la défense sont tous afro américains et font presque front commun, il y avait de quoi espérer un périple bien nerveux à Détroit.
Pourtant une fois les deux premiers épisodes passés la série ne parvient pas à masquer un manque d'inspiration flagrant en ce qui concerne ses protagonistes.
La nouvelle équipe de flics avec lesquels Raylan doit collaborer n'a littéralement aucune saveur, seule Maureen et son côté Julian Moore aura un début de développement mais pour finalement être reléguée à quelques apparitions.
Mais le pire concernera le personnage de l'avocate Carolyn Wilder qui va nous servir la romance la plus fade et forcée qu'il m'ait été donné de voir depuis très longtemps. L'actrice n'est pas à blâmer car objectivement elle n'est pas mauvaise, mais son personnage est grossièrement écrit et sa relation avec Raylan ne cessera de nous faire pousser des soupirs de désespoirs.
Quitte à placer un couple mixte parce que ça fait bien, autant choisir un personnage qui n'a pas d'entrée de jeu détruit la réputation de Raylan, moi je dis ça...
Pitié, arrêtez avec le format huit épisodes...
Si à la limite le scénario avait su se montrer palpitant et proposer des rebondissements dignes de ce nom, j'aurai pu faire l'impasse sur les personnages secondaires mauvais car étant donné que c'est un spin off leur passage est limité et on peut se dire que Raylan n'avait pas besoin de s'y attacher.
Sauf que l'histoire ne va placer en réalité qu'un seul vrai antagoniste sur la route du marshal, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de réseau de voyous ou presque (il y aura bien les Albanais pendant un ou deux épisodes) et qu'on dira vite au revoir à ces engrenages mortels que la série mère savait si bien enclencher. Et oui, dans ce spin off la poudre ne parlera quasiment pas... Vous êtes sûrs qu'on est bien dans l'univers de Justified là ?
La faute à mon avis à ce format en huit épisodes qu'on se tape avec toutes les séries ou presque depuis dix ans et qui ne suffit définitivement pas à développer les histoires correctement.
Le scénario est conscient qu'il ne pourra pas se montrer aussi soigné et complexe que la lutte entre les Crowder et les Benett, du coup au lieu de privilégier l'intrigue criminelle il se perdra en cours de route pour partir dans tous les sens : pourquoi avoir mené Wyla dans la boucle ? Okay c'est cool de voir que Tim Olyphant et sa vraie fille se donnent des airs bien complices, mais à quoi a-t-elle servi ? Et cette romance avec l'avocate, était-ce vraiment nécessaire d'ajouter en plus l'ex petit copain ? Pire... A quoi a servi Raylan jusqu'aux deux épisodes finaux ?
Bref il serait vraiment temps que les studios se sortent les doigts et cessent de nous servir 8 petits épisodes par saison, pour voir si les histoires ne gagneraient pas en développement et en cohérence.
Au moins les méchants sont cools
Allez, j'ai pas mal critiqué la série jusqu'à présent mais je ne peux pas dire non plus avoir totalement perdu mon temps en la regardant.
Parce que si les flingues n'ont pas vraiment eu de place dans ce spin off, Boyd Holbrook a tout de même su bien faire parler le sien !
Clement Mansel sera à la fois le criminel le plus vintage et le plus meurtrier de toute la série, même Boyd Crowder n'a pas tué autant de monde en six saisons en comparaison !
Avec ce gimmick génial de ne se servir que d'objets, de voitures ou d'armes anciennes, le personnage s'insère pour le coup parfaitement dans la mythologie de la franchise et forme avec ses complices une bande que l'on devine tristement fragile et terrifiée par le chef de meute.
En résulte notamment un face à face très tendu dans le bar de Sweetie sur fond de reprise de Seven Nation Army en fin d'épisode six qui amorçait ni plus ni moins que le réveil de la série.
Ca se réveille sur la fin
Bon sang, il aura fallu attendre l'épisode 6 pour qu'enfin l'ADN de la série se fasse enfin sentir !
Tout d'un coup les scénaristes se souviennent des joutes verbales, des confrontations qui peuvent finir en duel armé en une fraction de seconde et de cet humour noir bien grinçant.
Pour le coup les quelques séquences où Raylan sera mené à croiser Clement seront particulièrement savoureuses tandis que ce dernier semblera n'avoir aucune limites à sa folie au cours des deux derniers chapitres où les cadavres vont s'accumuler derrière lui à une vitesse stupéfiante.
Et que dire de ce dernier quart d'heure qui sent tellement bon l'envie des showrunners de faire une dernière saison hors de Détroit... Le procédé est un peu gratuit et grossier car la séquence aussi jouissive soit-elle n'a à aucun moment été préparée pendant la saison et sonne un peu comme un mot d'excuses pour ces huit épisodes décidéments en demi-teinte.
Justified City Primeval sans être totalement ratée est un spin off sans ambition qui souffre constamment de la comparaison avec la série originale qui était excellente de bout en bout avec peu de baisses de régime.
Sur ces huit épisodes, on n'en gardera guère plus que la moitié et notre marshal préféré aura bien eu du mal à exister au milieu de ces sous intrigues bien fades... Allez savoir, peut être qu'à l'ère de la woke à la con certains se sont dit que ce serait mal d'avoir un flic flingueur dans une ville composée à majorité d'afro-américains...
Le spin off a été conçu comme une conclusion à la série mère, mais étant donné le final qui ne ferme pas complètement la porte, on en vient à espérer que le marshal finira par revenir pour un vrai final à la hauteur de ses précédentes aventures.
Note : 2/5