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Ma dose de cinéma

Flow : Le chat qui n'avait plus peur de l'eau - Petite claque

Publié le 4 Mars 2025 par Gaffeur in Aventures, Animation

"Miaou, j'ai gagné un César et un Oscar moi"

"Miaou, j'ai gagné un César et un Oscar moi"

Comme chaque année depuis une bonne décennie, je suis passé complètement à côté des cérémonies de récompenses cinématographiques. C'est en me levant lundi matin que j'ai réalisé que les César et les Oscars avaient été distribués et que comme d'habitude à part quelques prix mérités les palmarès ont été d'une platitude mortelle. 

Côté Césars évidemment que le favori plébiscité a du s'incliner face à un film parlant d'un sujet d'actualité (qui plus est réalisé par Jacques Audiard donc comme à chaque fois que le mec est en compétition il n'y a que lui qui existe pour l'académie) tandis que côté Oscars les succès publics ont été snobés (à partir du moment où VIlleneuve n'était même pas nommé comme meilleur réalisateur pour Dune 2 on savait que la cérémonie serait maxi craignos) renforçant un peu plus la fracture entre grand public et élitisme de l'académie. 

Par contre cette année les deux cérémonies auront été d'accord sur un prix, celui du meilleur film d'animation qui a été décerné à Flow : Le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Un titre qui revenait régulièrement dans les conversations et sur les forums et dont certains n'hésitaient pas à clamer que le film damnait le pion au catalogue Disney de ces dix dernières années.

Pas difficile me direz vous, mais quand le public est unanime et que les cérémonies vont jusqu'à être d'accord avec les spectateurs, c'est que peut être que pour une fois un prix pourra mettre tout le monde d'accord ! 

Cela tombe bien le DVD est disponible depuis quelques jours, c'est l'occasion de vérifier !

Le cadre champêtre est reposant au possible

Le cadre champêtre est reposant au possible

Au fil de l'eau

Dans une maison nichée au coeur d'une forêt vit un petit chat noir dont les journées se résument à s'aventurer à l'extérieur pour trouver un peu d'eau, du poisson et à esquiver la meute de chiens qui sévit dans les environs. 

Un jour un troupeau de cerfs chargeant à bride abattue alerte le chat qui comprend trop tard qu'un tsunami va ravager sa maison. 

En lançant le film je ne m'attendais pas à ce qu'il s'agisse d'une histoire sans le moindre dialogue ni même le moindre humain !

C'est vrai qu'après toutes ces années nourri aux animaux qui parlent de l'écurie Disney, la logique de voir des animaux communiquer par leurs cris respectifs semble presque dérangeante, et pourtant quoi de plus naturel finalement ? 

Cette absence de dialogues ne sera pas un problème car les péripéties que traverseront les personnages auront un but clair et les réactions de nos boules de poils seront à chaque fois plus parlantes que de longs discours. 

Un grognement d'inquiétude de la part d'un chien, les yeux grands ouverts du chat, les plumes dressées d'un oiseau... Les comportements des protagonistes sont suffisamment bien reproduits pour que les émotions et la sensation de danger ne quittent jamais vraiment le spectateur. 

Une animation respectable

Saviez vous que le film n'a coûté qu'une poignée de millions d'euros ? 

3.5 pour être exact, et pourtant cette petite coproduction Française, Belge et Lettone ne manque pas d'attraits visuels !

Certes on pourra remarquer que le tout manque parfois de détails, notamment lors des séquences sous-marines où l'eau ne gicle pas lorsque le chat remonte à la surface et où il n'y a pas de bulles d'air. 

Mais quand on sait que le film a été réalisé à partir de logiciels gratuits il y a de quoi être admiratif devant le résultat général : les décors sont splendides, le rendu de l'eau est impeccable et l'action est loin d'être rare !

Il y a plusieurs poursuites et tempêtes au cours du film et le réalisateur Gints Zilbalodis semble régulièrement chercher le plan-séquence pour rythmer l'aventure du chat. 

Et puisque j'en parle, l'animation du chat est très réussie et en dépit d'un rendu qui n'a pas la même qualité que chez les gros studios le matou est si crédible qu'on s'attend presque à le voir sortir de l'écran pour continuer ses bêtises dans notre salon !

QUI A GRIFFE MON FAUTEUIL ?????

QUI A GRIFFE MON FAUTEUIL ?????

Tolérance et effroi

Je sais, je sais... Vous vous dites peut-être "bon mec un film muet de 80 minutes sur un chat qui évite de l'eau merci bien pour le scénario".

On pourrait croire que le film serait exclusivement destiné aux plus jeunes, mais en réalité son intrigue est bien plus sombre qu'on ne pourrait le croire : d'une part parce qu'il s'agit d'un univers où l'homme a disparu depuis fort longtemps et d'autre part car certaines thématiques inattendues dans un tel film seront des plus efficaces. 

Il y aura bien sûr la question de l'impact de l'homme sur la planète : celui-ci ayant disparu depuis fort longtemps probablement suite à la montée des eaux, de nouvelles espèces ont fait leur apparition (bien qu'effrayante la baleine bénéficie d'un design génial) et cela n'empêche pas les animaux de continuer à vivre sans nous. 

On n'est pas loin du jeu vidéo Stray avec son histoire de chat qui doit survivre dans un monde où la nature reprend ses droits suite à notre extinction. 

Mais la plus grande subtilité résidera dans la composition de l'arche de Noé que va rejoindre le chat. Car notre ami ne sera pas seul et sera rejoint par différentes espèces, et la cohabitation sera parfois difficile. 

La question de la tolérance est ainsi très importante mais pour autant le réalisateur n'est pas tombé dans la soupe à la guimauve et a nuancé le propos : un chat, un capybara ou encore un chien peuvent réussir à s'accorder. OK. Pourquoi pas après tout. 

Mais ce n'est pas pour autant que tous les individus croisés seront bienveillants et c'est une chose que les films grand public ont souvent perdu ces derniers temps : faire des antagonistes des éléments perturbateurs jusqu'au bout. 

Et à l'heure où 95% des blockbusters et des films d'animation veulent absolument nous faire gober qu'un grand méchant n'est jamais vraiment méchant et qu'il y a toujours du bon à en tirer voir Flow traiter la meute de chien comme un élément égoïste et dangereux jusqu'au bout m'a fait plaisir. 

Quel boxon sur ce bateau au bout d'un moment

Quel boxon sur ce bateau au bout d'un moment

Et bien, pour une fois que les cérémonies voient juste sur la qualité d'une oeuvre soyons beaux joueurs et félicitons les d'avoir su récompenser une telle pépite ! 

Certes avec plus de moyens le film aurait été encore plus beau et certains petits détails graphiques auraient pu être ajoutés.

Ces derniers temps en ce qui concerne le cinéma et les jeux vidéos, j'ai l'impression que de plus en plus de monde se tourne vers les productions plus modestes qui n'ont pas encore été gangrénées par actionnaires et idéologie bien pensante.

Flow fait partie de ces oeuvres qui tirent leur épingle du jeu en n'ayant pas peur d'aborder des thématiques adultes tout en étant destinées au plus grand nombre.

Ces libertés artistiques et d'expression sont ce qui fait défauts aux grosses machines, et c'est précisément pour ça qu'il faut que des oeuvres telles que Flow continuent d'être produites et récompensées. 

4/5

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