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Ma dose de cinéma

Joker Folie à Deux - Et si c'était bien ?

Publié le 22 Février 2025 par Gaffeur in Drame,, Joaquin Phoenix, Lady Gaga, Musical

Ah ça comme duo incompris

Ah ça comme duo incompris

Pour vous la faire courte étant donné que je n'ai pas parlé du premier volet dans ce blog, j'ai comme beaucoup adoré la relecture qu'a effectué Todd Philipps du plus grand méchant de l'univers des comics, toutes franchises confondues. 

Cependant à l'époque j'avais quelques réserves : le film était certes inattendu et jusqu'au-boutiste il n'était pas non si original que ça (dans le fond ce genre d'histoires existe depuis Taxi Driver, Chute Libre et consorts) de plus malgré l'excellence du jeu de Phoenix... Je n'ai jamais accepté que son personnage puisse être le Joker. 

Aussi mémorable que pouvait être l'histoire d'Arthur Fleck, je n'ai jamais imaginé que ce gars pourrait taper Batman par la suite : trop frêle et surtout trop vieux puisque Bruce Wayne dans le film doit avoir 8-10 ans, ce qui impliquerait que le Joker dans l'univers aurait 65 ans, improbable donc. 

Aussi improbable qu'une suite donc ? 

Alors qu'il avait annoncé lors de la sortie et du carton du premier volet qu'il n'avait pas envie de se forcer à écrire une suite, Todd Philipps a fini par céder aux sirènes du pognon et a lancé Folie à Deux en teasant le personnage de Harley Quinn campé cette fois par Lady Gaga pour ce qui serait une comédie musicale autour de la folie. 

Une idée audacieuse mais qui hélas n'a jamais été véritablement assumée au cours de la production : "nous faisons une comédie musicale", "Comment ? Non ce n'est pas un film musical, mais il y a beaucoup de moments chantés" étant le genre de phrases qui ont rythmé la préparation du projet et sa présentation à la presse puis au public. 

Résultat : une catastrophe au box office et des spectateurs apparemment unanimes sur la quantité de merde qu'il fallait balancer sur film, acteurs et metteur en scène. 

Du coup pour moi qui n'avait pas envie d'une suite à un film qui à mon sens fonctionnait pour son côté one-shot conceptuel, cela ne m'avait pas motivé à me déplacer en salles pour un film de 200 millions de dollars où tout le monde se demandait où était passé le pognon. 

Mais avec la sortie en DVD je me disais que si le film était aussi nul que ça au pire je pourrais le revendre et récupérer une partie de mon blé, alors pourquoi ne pas lui laisser une chance ? 

Joker or not Joker that's the question

Joker or not Joker that's the question

Dans la tête de Fleck

Le film démarre quelques temps après les évènements du premier épisode via une inattendue séquence animée façon vieux cartoons qui résume les dernières minutes du premier film tout en apportant une nuance de taille. 

En effet le premier film mettait l'accent sur la folie de Arthur et sur sa capacité à s'inventer une vie, mais à aucun moment on ne ressentait une dualité ou une double-identité, chose que le dessin-animé introductif apporte avec l'ombre de Arthur qui finit par le posséder pour qu'il devienne le Joker. 

Arthur Fleck est-il donc un vrai psychopathe assoiffé de sang ou bien serait-il définitivement un pauvre gars dont l'alter-ego maléfique l'aurait poussé à commettre six meurtres ? 

C'est à l'asile d'Arkham que cette suite va reprendre l'histoire et s'articuler autour de l'identité du protagoniste, et à l'instar du premier il ne va pas falloir s'attendre à du spectacle ou à une histoire accessible à tous. 

Quand j'y repense le succès du premier était tout de même inimaginable dans le sens où il n'y avait pas dix coups de feu, pas la moindre scène d'action si on excepte la poursuite à pieds à la fin et que le visuel était particulièrement cradingue.

Philipps accomplit le tour de force pour ce deuxième volet d'encore moins céder aux passages obligés des adaptations de comics en refusant la moindre présence d'action et en construisant un triple huis-clos. 

Les personnages sont enfermés dans l'asile.

Arthur est enfermé dans le tribunal.

Joker est enfermé dans la tête d'Arthur. 

Du coup comment rythmer un film qui se déroule entre quatre murs les 9/10èmes du temps ? Et c'est là qu'intervient la partie musicale.

Relation toxico-musicale

Malgré l'enthousiasme de Margot Robbie dans le rôle, la première apparition en live action de Harley Quinn aura été une vraie déception : 60 secondes de séquences communes avec le Joker dont 20 consacrées à leur relation à proprement parler. 

On ne va pas se le cacher ce n'est toujours pas cette fois que nous aurons une adaptation fidèle de la relation bordélique et malsaine entre Harleen et le Joker. 

Pourtant l'idée de faire appel à Lady Gaga était excellente dans le sens où suite à l'action d'un des matons Arthur va participer à un groupe de chant au sein de l'asile et faire la rencontre de Lee. 

Certes on est encore loin de la tragédie de la psychiatre si fascinée par son patient qu'elle finira par en partager la folie jusqu'à devenir sa marionnette, mais au moins il y a un vrai travail de fait dans la relation tordue qu'ont les deux personnages. 

Difficile de ne pas en dire trop mais Lee est effectivement folle amoureuse... Du Joker, du vrai ! Résultat Arthur trouve en Lee une motivation pour se reprendre et se comporter correctement afin d'éviter la peine de mort au cours du procès, mais ce n'est pas de cet homme qu'a envie Harley. 

Les deux personnages se rencontrent via le chant, par conséquent leur façon de communiquer sera musicale à 90% du temps.

Une idée en soi excellente qui justifie l'emploi de Lady Gaga (qui au passage est à ma grande surprise très bien dans le rôle) mais qui parfois est malgré tout un peu vaine et trahissant une panne d'inspiration de la part de Philipps. 

Je t'aime... J't'emmerde

Je t'aime... J't'emmerde

Mise en scène flamboyante mais trop sobre

Entre les décors lugubres, les personnages tous plus affreux les uns que les autres et une intrigue qui se refusait à tout spectacle, Philipps allait devoir faire preuve de créativité pour apporter du rythme au cours des deux heures que dure le film. 

Et inspiré Philipps l'était clairement la plupart du temps avec quelques longs plans-séquences remarquables (la sortie du tribunal, parfait) ainsi qu'un travail de dingue accompli sur le visuel pour assurer une continuité vis à vis du premier épisode tout en rajoutant une dose de glauque pour refléter l'aggravation de l'état de Arthur au fil de l'avancée de l'histoire. 

Même chose pour certains séquences musicales dont la mise en scène ne fait jamais des caisses mais parvient en toute simplicité à traduire la folie de la relation Joker/Quinn entre fumée de cigarettes et décors de cabaret. 

Sauf que...

Parfois la sobriété ça peut devenir de la misère : un plan-séquence fixe devant un téléphone public dans un couloir dégueulasse avec Fleck qui chante faux, juste pour dire "Ne me quittes pas"... C'est à la fois too much et trop pauvre, comme si devant la surabondance des séquences chantées Philipps s'était retrouvé à cours d'idées. 

Et puisque je parle d'idées, il va falloir que j'aborde un point qui fait couler beaucoup d'encre : la fin. 

A propos de la fin

Je vais essayer de ne pas spoiler, mais le final est à l'image de cette suite et du premier volet : radical. 

Je comprend tout à fait que beaucoup détestent mais pour ma part cet ultime rebondissement bien qu'un peu mal amené est cohérent avec le travail effectué par Philipps depuis le début : déconstruire au maximum le personnage du Joker. 

Arthur Fleck n'était pas comme il le croyait le fils caché de Thomas Wayne. 

Arthur Fleck n'était pas un comique de génie.

Arthur Fleck a été dépassé par les conséquences de ses actes. 

Il n'y avait pas une seule bonne blague dans Joker

Et justement la pire sera cette fin : elle n'est pas drôle et Arthur réalise qui il est vraiment au moment où sa réputation ou plutôt celle de l'alter ego qu'il s'est créé le rattrape pour de bon. 

Une mauvaise blague pour le spectateur.

Quoi de mieux/pire pour mettre un point final à une saga aussi sombre et lugubre ? Chacun sera juge évidemment.

 

Bwahahahahahahaha

Bwahahahahahahaha

Oui les numéros musicaux sont trop nombreux et ne sont pas toujours pertinents. 

Oui le rythme est long. 

Oui Harley Quinn n'a toujours pas eu une vraie transposition à l'écran et l'emploi de son personnage est carrément problématique étant donnée la fin. 

Mais d'un autre côté : c'était quoi le premier film déjà ? 

Un film au rythme lent, où l'humour était volontairement grinçant mais jamais amusant et où le personnage principal n'avait quasiment jamais le contrôle de sa vie ou de son image. 

Joker Folie à Deux quoi qu'on en dise a marché dans les traces du premier avec une certaine audace dans sa façon d'aborder une relation toxique entre deux maboules. 

Certes le résultat final n'est pas génial, mais il est jusqu'au-boutiste et inattendu. Comme l'était le premier à mes yeux, de plus l'appréciation que j'avais de cette version du personnage a fait que j'ai trouvé la fin plus que logique finalement. 

Du coup tant pis si ça doit me faire passer pour un con et même si il est de bon ton de déverser un seau de merde dessus, j'ai aimé Joker Folie à Deux

En vrai le seul point qui demande une vraie explication de la part de Philipps c'est ce qu'il a fait du budget ? Parce que même si j'ai été agréablement surpris par le film je me demande tout de même où sont partis les 200 millions...

Note : 3.5/5

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