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Ma dose de cinéma

Il était une fois la Révolution - Mèche courte

Publié le 9 Février 2025 par Gaffeur in Historique, Western, Sergio Leone, James Coburn

Pourtant avec James Coburn en tête ça devrait parler plus que ça non ?

Pourtant avec James Coburn en tête ça devrait parler plus que ça non ?

Sergio Leone. 

Voilà un nom dont la simple évocation suffit à évoquer un genre à part entière : le western qu'Hollywood un poil jaloux a sous-nommé "spaghetti".

Peut être ne sauriez vous pas mettre de visage sur le patronyme du gaillard, mais qui n'a jamais entendu parler de la Trilogie du Dollar et de son indémodable troisième volet Le Bon, la Brute, Le Truand

Pourtant à ma grande honte je suis resté plus de trente-trois ans sans avoir l'occasion de visionner Il était une fois la Révolution (ou A Fistful of dynamite en VO), moi qui suis un grand adorateur des aventures de Blondin ou de la flûte de Pan du Bronks !

Mais pour ma défense j'aurai une question : Il était une fois la Révolution a été diffusé combien de fois par rapport à ... en Amérique ou ... dans l'Ouest ? Et encore je ne parle pas de la Trilogie du Dollar !

La réputation du film est pourtant loin d'être mauvaise et certains le préfèrent carrément à l'opus avec Charles Bronson, alors pourquoi en entend-on moins parler ? 

Tout simplement parce que l'Histoire a préféré se rappeler du chef d'oeuvre Il Etait une fois en Amérique et parce que l'intrigue de l'Harmonica était un tel concentré du style de Leone qu'on a presque envie de dire qu'il s'agissait du western ultime du réalisateur, et que rien d'autre ne pouvait faire suite à une telle pépite.

Leone en était d'ailleurs probablement conscient puisque son avant-dernier film réalisé 13 ans avant la fresque de Noodles a beau débuter comme un western, il n'y aura que peu de similitudes avec les histoires de cow-boys mises en boîte par le cinéaste. 

Encore plus chien et chat que Tuco et Blondin

Encore plus chien et chat que Tuco et Blondin

Mexique, 1913

Tandis qu'ils venaient de détrousser les passagers d'une diligence et de massacrer leur escorte, Juan et ses nombreux fils font la rencontre d'un étranger à moto. Intrigué par le style de l'individu, Juan fait feu sur son véhicule pour attirer l'attention du pilote. Ce dernier fait exploser en retour une partie de la diligence que Juan avait conservée pour son confort. 

Comme je le disais on pourrait facilement tomber dans le panneau devant les trente premières minutes du film : les grands espaces déserts, les figurants patibulaires coiffés de chapeaux et outillés de winchesters, un chariot qu'on détrousse à la mode des hors-la-loi américains... Pas de doute nous marchons à ce moment là dans les traces d'un western !

Mais visiblement épuisé par le genre Leone va très vite opérer un virage vers le coeur de son film à savoir la Révolution Mexicaine et la guerre civile que cela a impliqué. 

Certes on aura toujours quelques moments évoquant le Far West avec notamment plusieurs séquences à bord de trains mais cela sera parfois pour mieux les désamorcer, on songe notamment à cette fausse piste que glisse Leone au spectateur en abordant Mesa Verde par l'intermédiaire de Juan.

Vous attendiez un duo de desperados qui réalisent un casse pour s'en mettre plein les fouilles ? Vous allez vous retrouver avec une armée de civils déchaînés qui vont mener la vie dure aux troupes régulières !

Giu la testa, coglione !

Le titre Italien du film (dont on arriva à convaincre Leone de se séparer du mot "couillon" pour des raisons évidentes) signifiant "baisse la tête", vous vous doutez bien que Leone n'a pas fait dans la dentelle en ce qui concerne son intrigue !

Le personnage campé par James Coburn trimballant sur lui suffisamment de nitroglycérine et de bâtons de dynamite pour faire péter l'Etoile Noire et le Pont de la Rivière Kwaï (et encore il lui aurait resté du rab') le film va se révéler particulièrement pétaradant avec moultes explosions et fusillades... Que dis-je ! Je devrais carrément dire batailles car à ce degré là c'est bien de scènes de guerre dont il s'agit ! 

J'avoue que Coburn ayant toujours été mon chouchou parmi les 7 le voir quasiment flegmatique attendre d'attaquer à lui tout seul ou presque une armée entière à la MG42 a quelque chose d'incroyablement cool et iconique en dépit de l'erreur historique que constitue l'arme en question. 

Bref la Révolution selon Leone, ça se traduit de prime abord par des dizaines d'explosions et des milliers de rafales de mitrailleuses !

Léger anachronisme, mais la scène est si cool

Léger anachronisme, mais la scène est si cool

Plus subtil qu'il n'y paraît

Mais derrière les bouffonneries de Rod Steiger et les visuels guerriers et pétaradants, Leone a caché un film bien plus grave et sombre qu'on ne pourrait le croire de prime abord. 

Recyclant son gimmick des flashbacks employé sur Et pour quelques dollars de plus puis Il était une fois dans l'Ouest, Leone tease à plusieurs reprises le passé du saboteur Sean Mallory. 

Badass et révolutionnaire dans l'âme, on découvre alors un homme qui n'en est pas à sa première révolution et qui sait comment les choses pourraient mal tourner : trahisons, exécutions, représailles sanglantes... Mallory connait la musique et compte bien se servir de ses acquis pour les mexicains et pourquoi pas au passage faire la paix avec son passé. 

Le maître des visages

Si il y a une figure de style qui définit à coup sûr le cinéma de Leone dans son intégralité, ce sont bien les gros plans sur les visages de ses acteurs. 

A ce titre comment ne pas évoquer le flashback dans le pub où Coburn en attente d'être démasqué observe son complice depuis un miroir tandis qu'Ennio Morricone compose une mélodie plus douce et mélancolique qu'à son habitude ? 

Vous vous rappellerez de Leone pour les trois gros plans successifs de Eastwood, Wallach et Van Cleef, pour celui de Charles Bronson secouant lentement la tête sur le quai d'une gare avant de faire feu ou encore de celui de de Niro souriant face caméra après avoir aspiré de l'opium. 

Et bien je vous garantis que ce plan de Coburn le visage grave devant l'imminence d'un carnage va se graver dans votre esprit de la même manière que les exemples cités ci-dessus. 

La science des gros plans

La science des gros plans

Peut-être est-ce parce que je n'ai jamais été un grand fan de Charles Bronson, ou peut-être est-ce par ce que Il était une fois dans l'Ouest était stylisé à l'extrême, toujours est-il que finalement je vais me ranger auprès de ceux qui pensent que La Révolution est le meilleur entre les deux. 

Bien plus ludique car cassant les codes du western et bien plus amusant grâce à la présence de Steiger dont le personnage de flingueur crado ferait pâlir Tuco, l'avant-dernier film de Sergio Leone mériterait effectivement une bien meilleure reconnaissance car objectivement tout ce qu'on aime chez le réalisateur est là. 

Musique mémorable, morceaux de bravoure, humour noir, fusillades d'anthologie et comédiens charismatiques au possible... Y'a tout je vous dis !

Note : 4.5/5

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