Comme beaucoup je suis encore plus qu'attristé par le sort qu'a connu le DCU à la sauce Zack Snyder. Certes les films n'étaient pas parfaits mais sa vision de l'univers super-héroïque avait une patte et une cohérence qui promettait un dénouement épique avec un Justice League II qui hélas ne viendra jamais malgré le succès de la Snydercut du premier volet.
Après quasiment une décennie à s'être pris des bâtons dans les roues et à traverser les drames le réalisateur promettait que son futur se ferait sur Netflix et qu'il travaillait sur une nouvelle franchise de science-fiction née d'un scénario pensé comme un spin-off de Star Wars que Disney aurait renvoyé à la tronche du réalisateur.
A grands renforts de visuels léchés et d'interviews vantant le côté épique de la chose ("on m'a dit imagines que tu viens de te poser à côté de trois cent vaisseaux et des milliers de fantassins" avait déclaré Ed Skrein pour expliquer l'ambiance du tournage) Rebel Moon s'est ainsi fait désirer pendant plusieurs longues années jusqu'à ce qu'il y a environ un an les deux parties soient diffusées sur la plateforme... Et se mangent un bashing en règle.
Pas de soucis me disais-je, les films de Snyder sont souvent bien meilleurs en version Director's Cut, il me suffit d'attendre ces dernières que Neflix a promis de sortir.
Ce fut chose faite quelques mois plus tard et là encore les avis furent catastrophiques en dépit d'un succès de fréquentation. Et à la rigueur si il n'est pas nouveau que la presse est frileuse à la culture geek et à Snyder en général, il était assez décevant de voir que même le public n'adhérait pas à ce projet pourtant ambitieux.
Du coup après six heures dans l'espace, que valent ces deux (premières ?) parties intitulées Calice de Sang et La Malédiction du Pardon où Snyder a pu laisser libre cours à toutes ses envies ?
L'envie de voir en grand
Dans un futur lointain l'empire du Monde-Mère s'est étendu aux quatre coins de la galaxie en réduisant à néant les civilisations rivales et en régnant d'une poigne de fer sur ses sujets.
Mais lorsque les troupes dirigées par l'Amiral Noble attaquent une autre peuplade de paysans pacifiques, une combattante se dresse contre le Monde-Mère et entreprend de réunir une troupe d'élite afin de terrasser l'Amiral.
Voilà en quelques lignes le postulat de Rebel Moon qui ne cache pas ses envies de ressembler aux plus grands produits de SF de la pop-culture : Warhammer 40 000, Dune et bien évidemment Star Wars sont les références que Snyder avait dans la tête lors de la mise en chantier de sa nouvelle franchise.
On va le dire sans filtre : le diptyque est sans conteste le blockbuster du catalogue Netflix qui a le plus mis le paquet en matière de visuels cinématographiques.
A de nombreuses reprises je me suis dis qu'il était dommage qu'une telle envie de cinéma soit cantonnée au petit écran, mais comment en vouloir à Snyder après une décennie à voir ses films charcutés par des producteurs Hollywoodiens d'avoir joué la carte Netflix ?
Snyder en liberté
Cette carte visiblement aura été profitable au réalisateur car s'il y a bien une chose qui ressort de ces deux films, c'est le panard avec lequel Snyder semble avoir concrétisé son projet !
La version director's cut est effectivement un gros délire de geek assumé qui va regrouper tous ce qu'un tel personnage à qui on a confié 300 millions de dollars pourrait souhaiter.
Ultra-violence lors du combat même le plus intime, scènes de sexe explicites, langage fleuri, lore parfois très glauque (attendez de voir le carburant des vaisseaux impériaux) et bien entendu des scènes de batailles de grande envergure, même si de ce côté là il faudra le souligner il faudra attendre la dernières heure et demi pour obtenir une baston pouvant rivaliser avec un Rogue One par exemple.
Le réalisateur se fait plaisir avec des scènes d'action bien chorégraphiées faisant intervenir fusils laser, bourrepifs et à l'occasion des sabre-lasers revisités le tout rythmé par les inévitables ralentis dont Snyder est si friand.
Mais de bonnes séquences d'action et un visuel efficace suffisent-ils à justifier une nouvelle franchise ?
Une intrigue fadasse
Le premier volet nous présente des dizaines de personnages différents, évoluant sur plusieurs villes et planètes de l'Empire. Et alors que nous aurions pu nous attendre à des coups de couteau dans le dos entre grandes familles et à des rebondissements tragiques, l'intrigue de Rebel Moon va vite mettre au placard les trois quarts des personnages pour se concentrer sur Kora.
Normal me direz vous car l'héroïne campée par Sofia Boutella est la seule à avoir une origin-story fouillée et un minimum surprenante ce qui en fera un personnage nuancé, chose qu'on appréciera d'autant plus que les autres ne sortiront jamais de leur rôle de gentil con ou gros vilain.
Et à la rigueur si les personnages étaient les seuls à être prévisibles et que l'histoire surprenait un minimum, on aurait pu pardonner l'écriture simpliste des protagonistes. Mais là aussi Snyder opte par l'ultra-facilité car au final ces deux parties ne sont qu'une version spatiale des Sept Samouraïs de Akira Kurosawa.
Du coup on comprend mieux pourquoi Disney a refusé l'idée de Snyder (en dehors de la violence) car l'ex saga de Georges Lucas avait déjà consacré un épisode de sa série Clone Wars à une relecture du classique du maître japonais.
Et puis honnêtement entre le film de Sturges et ses trois suites, le remake de 2016, 1001 Pattes (trop content de l'avoir placé)... On connait vraiment par coeur le concept.
Résultat l'histoire ne surprend jamais et malgré de nombreuses trouvailles visuelles on assiste à la naissance d'une franchise dont on semble avoir déjà entendu l'histoire des dizaines de fois.
Bon Zack, ralentis un peu
Enfin si je suis de ceux qui considèrent que DC ne pourra jamais avoir mieux que le Snydercut ainsi que la director's cut de Batman v Superman et qu'en prime je suis bon client des versions longues, il faut que ces dernières soient un minimum pertinentes !
A la limite les trois heures du premier volet passent plutôt bien en dépit de longueurs pas trop handicapantes, mais voir que le second consacre une heure et quart à la cueillette du blé et à des origin stories vite torchées sur chaque "mercenaire", c'est tout simplement là que j'ai commencé à décrocher.
C'est bien simple le tout est tellement passionnant que j'ai été à la limite d'accélérer pour passer directement à l'inévitable bataille finale où bien sûr les forces impériales attaquent le petit village défendus par McQueen, Bronson et Coburn.
Et puis si je suis ravi de voir que Snyder a eu les mains libres pour ses versions longues pour proposer un spectacle adulte et sans pitié, les scènes de sexe sont longues pour rien et surtout bordel pourquoi autant de sang ?
Il y a certains moments où le sang est tellement présent à l'écran qu'on arrive tout juste à comprendre ce qu'il se passe !
Et le pire c'est que pendant ce temps là Denis Villeneuve a proposé de la SF adulte excellente avec ses deux Dune sans montrer une seule goutte de sang... Comme quoi le gore ne fait pas tout.
Si on prend Rebel Moon pour ce qu'il est réellement à savoir un film de seigneur geek à qui on a laissé les clés de la voiture, on peut sans problème apprécier le spectacle généreux et épique qu'il proposera.
Mais après une telle promo, un teasing aussi long et surtout avec un casting aussi riche (outre Boutella et Skrein on trouve Charlie Hunnam, Bae Doo-na ou encore Djimon Hounsou) on était clairement en droit d'attendre beaucoup plus !
Les gerbes de sang à outrance, les femmes à poil et la mosaïque macabre de l'Amiral Noble ne suffisent pas à faire une bonne intrigue ni même un bon univers même si et c'est là le plus triste le tout a du potentiel.
Car une franchise où une coréenne peut découper à l'épée laser des araignées géantes tandis que plus loin un mec chevauche un griffon et que pendant ce temps là Boutella découpe littéralement ses ennemis à la hache, on ne va pas prétendre le contraire on ne demande qu'à voir une bonne histoire se déroulant dans son univers.
Mais ce ne sera hélas pas pour cette fois.
Note : 2.5/5