Tandis que je fouinais dans le catalogue de Netflix histoire d'amortir au maximum cet unique mois d'abonnement, je finissais par tomber sur celle dont tout le monde parle depuis quelques jours au point d'avoir plutôt effacé Squid Game du décor !
American Primeval fait ainsi le buzz et confirme que les séries western ont le vent en poupe depuis quelques années : Godless, Yellowstone et ses nombreux spin-offs, le genre n'est peut être plus hyper vendeur au cinéma mais sur le petit écran les porteurs de stetson qui jouent du six coups ont la cote, c'est indéniable.
Pour ma part je ne suis pas vraiment du genre à me laisser tenter par les séries à la mode (ne me questionnez pas sur Black Mirror, Arcane etc) mais j'ai décidé de donner sa chance à la série pour trois raisons :
- Peter Berg à la réalisation soit un gars issu du cinéma sacrément doué pour faire parler la poudre.
- Un scénario écrit par l'auteur du célèbre The Revenant qui avait permis il y a une dizaine d'années à DiCaprio de récolter enfin l'Oscar du meilleur acteur.
- Le show est une mini série en six épisodes ce qui me garantissait de ne pas devoir me réabonner dans quelques mois pour la suite !
Les prémices de la conquête de l'Ouest
Oubliez les plaines arides et le soleil couchant, American Primeval ne compte pas jouer la carte du western romantique ni s'inspirer de l'oeuvre de Sergio Leone !
Chapeautée par le scénariste de The Revenant la série va ainsi se dérouler dans l'Utah au cours d'un hiver bien rude qui effectivement va rappeler les errances de Di Caprio avec un froid de canard palpable et un danger de tous les instants.
La série tire ainsi son épingle du jeu avec ce cadre plus exotique en matière de western puisque hormis Le Grand Silence et Les Huit Salopards les exemples de films enneigés du genre ne sont pas légion.
Mais il y aura également une certaine dimension historique puisque l'intrigue va s'inspirer de la guerre qui a opposé les mormons aux Etats-Unis et notamment du massacre de Mountain Meadows qui va servir d'élément déclencheur pour une large palette de personnages.
Pas trop de personnages
Et justement en six épisodes il fallait trouver le bon nombre de protagonistes pour que chacun y trouve son compte et qu'aucun ne soit laissé de côté une fois le dénouement dévoilé.
De ce côté là malgré les craintes que j'avais au premier épisode la série jongle plutôt bien entre les différents groupes de personnages et à l'issue du massacre qui va dégraisser un peu le casting lorsque les choses commencent la série réussi le tour de force de ne lasser sur aucun arc.
J'ai beau avoir adoré Horizon de Kevin Costner, je dois admettre par exemple que les séquences avec la caravane sur la piste de Santa Fe manquaient vraiment de piment et que j'avais hâte de passer à un autre groupe.
American Primeval parvient au contraire à passionner avec à chaque intrigue un ton différent : le quasi survival horror avec cette pauvre Sara qui nous offrira même un hommage inattendu à La colline a des yeux, la lutte psychologique avec les négociations entre le gouverneur mormon et le chef du fort puis la lutte armée du côté de la cavalerie qui fait face à des amérindiens de plus en plus violents.
Tous les personnages ne sont pas foncièrement passionnants mais le casting est impeccable et le moindre second rôle saura accrocher le regard avec un look ou une démarche qui rendront cet univers particulièrement crédible et surtout hostile et violent.
Digne du cinéma
Mais qui dit western dit spectacle et de ce côté là Peter Berg a mis le paquet pour nous offrir une reconstitution pétaradante du conflit !
Sans concession chacun des six épisodes proposera son lot de tueries, d'attaques en traître ou d'animaux sauvages qui causeront des blessures horribles et le résultat à l'écran est vraiment au dessus des autres productions du N rouge.
Seule ombre au tableau pour ma part le fameux faux plan-séquence représentant le massacre. Certes le tout reste cool à regarder mais non seulement les raccords sont parfois peu inspirés mais en plus bordel ça fait depuis True Detective en 2014 que chaque série d'action nous vend un faux plan-séquence... Faudrait peut être penser à se renouveler un peu quoi !
Pourquoi il faut s'arrêter là
Six épisodes plus tard je me sens satisfait par ce que j'ai vu.
Certes ce n'est pas la série de l'année et comme beaucoup trop d'autres séries la presse joue à outrance la carte du buzz parce que ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de nouvelle série dont la première saison récolte à ce point autant de visionnages et d'avis positifs.
De plus à l'instar de Skeleton Crew qui s'est elle aussi achevée cette semaine American Primeval propose une intrigue qui va boucler les arcs de chacun de ses protagonistes avant que le générique de fin ne soit lancé et vraiment j'en ai tellement marre de ces séries qui ne savent pas s'arrêter que j'ai vraiment aimé avoir la sensation d'être arrivé au bout de l'histoire sans qu'on me fasse lourdement du pied pour me vendre une potentielle suite sur les trois personnages encore en vie (oui j'exagère un peu mais sachez qu'il faut s'attendre à une véritable hécatombe dans le final).
Ce n'est jamais une bonne idée de produire une suite à une série ou un film pensé comme un one-shot. Certes les audiences pourront satisfaire les producteurs mais globalement le public n'est jamais gagnant et la qualité du produit est rarement égale à l'originale.
Et même si il s'agit comme le veulent les bruits de couloirs d'un format anthologique l'idée est là encore très risquée : à titre personnel j'ai plutôt aimé les suites de True Detective mais combien de fois avons nous eu droit aux tonnes de commentaires pleurnicheurs façon "meuhhh c'est pas comme la première série c'est nuuul".
Si vous êtes avides de western ou bien si vous n'avez pas peur de vous frotter à une série crue, glaciale et qui ne recule devant rien pour dépeindre la sauvagerie d'une époque en ayant le bon goût de ne pas tomber dans la violence cool, vous ne pouvez clairement pas ignorer A l'Aube de l'Amérique.
Franchement quand je vois les produits "historiques" que Netflix nous sert souvent (on n'oublie pas l'histoire des samouraïs racontée par des américains qui ne connaissent pas la date du débarquement en Normandie, ni la justification d'une Cléopâtre noire parce qu'une parfaite inconnue ouvre le film en disant que sa mémé lui a dit que la reine était noire et que les bouquins mentent) je suis soufflé d'avoir trouvé une mini-série ambitieuse qui en plus n'a pas obéit bêtement au cahier des charges habituels.
Le casting est diversifié et c'est normal car il y a des personnages amérindiens, les femmes ne sont pas boostées à la badassitude parce que c'est dans le vent, pas de romance gay ou de personnage transgenre... C'est devenu tellement rare de voir une série s'abstenir d'imposer les moeurs contemporaines à une époque où ces dernières n'existaient pas/peu que je ne peux qu'être agréablement surpris.
Peut être qu'à l'instar de beaucoup de séries de la plateforme celle-ci est un peu surévaluée, mais pour une fois j'ai la sensation qu'elle le mérite bien.
Note 3.5/5