Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Ma dose de cinéma

Sans un bruit : Jour 1 - Les limites du concept

Publié le 22 Novembre 2024 par Gaffeur in Horreur, Suspense

Vous espériez un vrai numéro 3 ? Ce sera pour 2025 a priori

Vous espériez un vrai numéro 3 ? Ce sera pour 2025 a priori

Il faut reconnaître que même moi j'avais été intrigué lorsque la bande-annonce du premier Sans un bruit a été dévoilée il y a six ans. 
Pas vraiment friand des films d'horreur cette idée simple de revenir à la base du cinéma en ôtant la parole aux personnages, en pariant sur l'humain plus que sur le spectacle et en misant tout sur le visuel m'avait convaincu et je me souviens avoir pris une petite claque lors du final : jamais je n'aurai cru être ému dans un film d'horreur !

Deux ans plus tard John Krasinski reprenait les commandes de l'histoire en offrant une suite qui voyait un peu plus grand en termes de décors (fini le cadre champêtre et la ferme comme lieu unique) mais qui ne cédait pas à la facilité d'ajouter de l'action gratuitement.

Une suite efficace mais qui terrorisait nettement moins que le premier au point que lorsque le générique pointait le bout de son nez on se disait qu'il n'y avait pas forcément besoin de faire un autre film puisqu'à présent que les personnages avaient tout pour contrer les bestioles et que la famille Abbott avait suffisamment évolué pour pouvoir survivre à quoi bon faire un troisième volet à part pour un carnage d'aliens sans intérêt ? 

Pourtant c'était sans compter sur la roublardise des studios qui nous ont joué cette année la carte du préquel avec Sans un bruit : jour 1.

Effectivement nous avons fait le tour des Abbott mais que savons nous finalement de ces créatures hormis leur cécité et leur ouïe surdéveloppée ?

C'est sur ce postulat que va démarrer ce troisième film pensé comme un spin off sur le premier jour de l'invasion des aliens.

Dans le fond, pourquoi pas ? 

Tiens un clin d'oeil au deuxième film

Tiens un clin d'oeil au deuxième film

Un jour de plus en moins

Samira est une jeune femme atteinte d'un cancer en phase terminale qui traverse ses derniers jours en compagnie de son chat en n'étant pas particulièrement agréable avec les soignants et les autres patients. 

Au cours d'une sortie Samira souhaite acheter une pizza de sa pizzeria préférée à Harlem, mais son plan se voit stoppé net lorsque des créatures tombées du ciel se mettent à détruire la ville et à tuer tout le monde. 

Rescapée de la première attaque, elle comprend grâce aux autres survivants et aux messages diffusés par des hélicoptères que le silence est la clé pour ne pas terminer happée par une créature. 

A l'instar des deux films numérotés, Jour 1 fait le choix de s'attarder sur une histoire humaine plutôt que sur la démesure et le grand spectacle.

Là où nous aurions pu avoir un genre de clone de Cloverfield sauce langage des signes nous aurons à nouveau une histoire intime dont l'héroïne à l'instar des Abbott aura un but bien loin des standards hollywoodiens, peut être même à la limite du nanar puisque voulant simplement manger une pizza. 

C'est d'ailleurs un point que j'ai mis un peu de temps à accepter mais finalement le personnage de Lupita Nyong'o tranche avec le reste des personnages de survivants classiques du film catastrophe car contrairement à eux qui cherchent bien souvent à grapiller un jour de vie en plus, Samira se sait déjà condamnée et que son espérance de vie a déjà dépassé les estimations les plus optimistes des médecins. 

Du coup forcément quand on sait qu'il ne nous reste plus qu'une poignée de jours à passer sur Terre pourquoi s'emmerder à vouloir rejoindre un point d'évacuation alors qu'on pourrait simplement faire ce qu'on veut pour la dernière fois ? 

Quelques frissons et des idées...

Mais attention bien que Samira va très vite s'éloigner de la foule de survivants silencieux cela ne veut pas dire qu'elle n'aura pas sa part d'épreuves à surmonter !

De ce côté là le film se montre assez efficace avec plusieurs moments de tension qui font honneur à la franchise en nous faisant bien comprendre par l'absence totale de bande-son que les personnages ne sont jamais bien loin d'une créature et que le moindre dérapement va se payer au mieux par une poursuite endiablée et au pire par une mort expéditive. 

Mais les meilleurs instants seront ceux où le réalisateur Michael Sarnoski va exploiter astucieusement les idées de "zones vertes" mises en place dans les deux films de Krasinski. 

Sous le couvert d'une fontaine, sous un échafaudage mitraillé par la pluie ou encore lorsque retentit le tonnerre, les personnages ne sont jamais à court d'occasions ni d'idées pour parler et élaborer leurs plans sans craindre de finir dans le compost des envahisseurs. 

Ce sont ce genre de petites séquences qui font que le film parvient à divertir et à faire frissonner un minimum au point de s'inscrire parfaitement dans le ton de la saga... Peut-être même un peu trop !

Les quelques scènes de foule marchent bien

Les quelques scènes de foule marchent bien

... qui ne masquent pas les limites du concept

Parce que c'est déjà le troisième film autour de ces fameux aliens qui font passer les claqueurs de The Last of Us pour une équipe de pré-poussins, on sent malgré tout que la saga commence à avoir fait le tour de ce qu'elle voulait et pouvait nous montrer. 

Parce que l'argument "découvrez comment le monde est devenu silencieux" et l'idée de montrer l'arrivée des aliens sont des éléments intéressants, dans les faits les dix premières minutes plient tout sans apporter de réels nouveaux éléments sur le lore hormis lors d'une séquence bien glauque dans ce qu'on pourrait supposer être le nid des bestioles. 

Les aliens sont arrivés en tombant du ciel tels des comètes ? Bah on le savait depuis 2020 : c'était dans le deuxième volet ! 

Ainsi le film se montre peut être trop proche des épisodes numérotés et son statut de spin-off ne se justifie que par le décor new-yorkais, alors qu'il aurait été intéressant d'avoir pourquoi pas une partie de l'intrigue concentrée autour de personnages qui tenteraient de comprendre d'où viennent les monstres. 

A la place on se contente de refaire frissonner en utilisant les mêmes ficelles que Krasinski pendant ses deux films mais en ajoutant plus de séquences de poursuites certes efficaces mais qui n'apportent pas grand-chose. 

Et le pire c'est qu'on sent que le réalisateur a changé car contrairement à Krasinski Michael Sarnoski manque de subtilité pour faire surgir les créatures. 

Certes chacun des deux premiers volets nous faisaient le coup du "BOUH" gratuit en faisant tomber une créature du ciel subitement ou en renversant une lampe à pétrole avec bruit. Mais dans 90% des cas les sursauts/jumpscares étaient provoqués de façon efficace : impossible d'oublier ce putain de clou dans les escaliers du premier ou encore la rencontre avec les rednecks du port dans le second volet. 

Là je dirai que 70% des jumpscares sont des coupes gratuites de montres qui gueulent ou qui chutent sans raison en plein milieu de l'image. 

Le meilleur exemple serait celui du métro où tandis qu'ils avancent pour le coup extrêmement silencieusement depuis cinq minutes les personnages approchent des escalators conduisant à la sortie lorsqu'un monstre saute subitement pour atterrir en plein milieu de l'image. 

Pourquoi ? 

Il n'y a pas eu de bruit et la séquence était suffisamment tendue comme ça alors pourquoi gâcher ça avec une arrivée qui ôte tout le mystère quand à la présence ou non de créatures dans les parages ? 

Bah parce qu'on s'est dit que si le spectateur ne sursautait pas toutes les cinq minutes dans un film d'horreur le frisson ne marcherait pas.

Et alors un petit avis purement subjectif mais on ne me fera pas croire qu'à aucun moment en 90 minutes de film un chat n'aurait pas lancé un bon "miaou" des familles au milieu du silence :

Tiens salut Eddie !

Tiens salut Eddie !

Jour 1 est loin d'être un mauvais film. 

Sincèrement en découvrant la moyenne du public et des critiques je m'attendais à un film réellement moyen voir médiocre mais je ne vais pas mentir : j'ai pris du plaisir en le regardant.

Oui il n'est pas aussi bien conçu que les volets mis en scène par John Krasinski, oui les jumpscares sont souvent grossiers et oui le sprint final est d'une facilité écoeurante.

Mais d'un autre côté le chat est trop kawaii, Lupita Nyong'o a des yeux incroyables lorsqu'il s'agit de suggérer la terreur et en plus Joseph Quinn est hyper-attachant. 

Du coup à partir du moment où les personnages sont sympathiques on n'a aucun mal à les suivre et à frissonner en espérant qu'avoir frôlé une canette vide ne va pas leur coûter leur tête la seconde d'après !

Mais en toute sincérité si le troisième volet numéroté doit bien sortir en 2025 j'espère qu'il s'agira du dernier car la franchise arrive très clairement à court d'idées et il ne faudrait pas qu'elle s'achève sur le film de trop. 

Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais la probabilité que ce le soit la prochaine fois est élevée. 

Note : 3/5

Commenter cet article