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Ma dose de cinéma

Gladiator II - N'êtes vous pas rassasiés ?

Publié le 13 Novembre 2024 par Gaffeur in Historique, Péplum, Ridley Scott, Denzel Washington, Pedro Pascal

Qui l'eut cru ?

Qui l'eut cru ?

Franchement j'ai du mal à réaliser que vingt-cinq ans après ce qui fut mon premier choc de cinéma je viens de quitter la salle avec dans la tête les images de Gladiator II

Le projet que personne ne demandait et que tout le monde redoutait. 

Le film dont on se disait presque que depuis dix ans que traînait la rumeur il s'agissait surtout d'un running gag dont internet finirait par se lasser. 

Et pourtant il y a un an alors que Scott livrait le très moyen Napoléon, celui-ci annonçait tout fièrement que le montage de Gladiator II avançait bien et qu'il avait hâte de partager le résultat avec le public. 

Un public qui forcément aujourd'hui attend le film avec curiosité mais surtout avec crainte car si je ne suis pas de ceux qui prétendent que Scott n'a plus de talent depuis Kingdom of Heaven je dois bien admettre que le projet n'était pas le plus facile qui soit et que son Napoléon était une telle hérésie historique que je me demandais si cette fois il n'aurait pas mieux fait de passer la main. 

Mais la curiosité l'a emporté sur la crainte et je me suis rendu en salles pour découvrir cette suite en ne m'attendant à rien d'autre qu'à un grand spectacle avec moultes légions romaines au menu et surtout pas à un résultat qui pourrait rivaliser avec le monumental premier volet. 

Finalement il passe bien

Finalement il passe bien

16 ans plus tard

Après la chute de Commode, Lucius a du fuir Rome pour éviter de finir assassinés comme de nombreux garçons devenus empereurs trop tôt. 
Caché en Numidie il a refait sa vie comme paysan et a épousé une farouche guerrière. 

Mais un matin Rome rattrape Lucius lorsque les armées des empereurs jumeaux Geta et Caracalla menées par le général Acacius ravagent le pays comme savent si bien le faire les légions romaines. 

Faits prisonnier, Lucius est fait gladiateur et sa rage de vaincre ainsi que sa soif de vengeance attirent le regard du laniste Macrinius. Pendant ce temps Acacius rentre triomphant dans les rues de Rome et les empereurs n'apprécient guère le succès du général auprès de la foule. 

Très franchement sur le fond je trouve le scénario de cette suite plutôt bien pensé : personnages qui ne jouent pas toutes leurs cartes pendant la première demi-heure, magouilles politiques et bien entendu la montée en puissance d'un jeune gladiateur... Toutes les cases sont cochées pour assurer un background un minimum intéressant. 

Le hic vient en revanche de l'exécution qui sans être mauvaise semble ne pas avoir conscience qu'on s'est tapé huit saisons de Game of Thrones et quatre de Spartacus et que les conspirations médiévales/antiques sont devenues monnaie courante depuis la sortie du premier Gladiator

Résultat même si certains rebondissements ont été imprévisibles ou tout du moins ne se sont pas déroulés exactement comme annoncés, les magouilles n'étaient pas bien palpitantes et on a vraiment l'impression que les conspirateurs n'ont aucune difficulté à parvenir à leurs fins là où le premier volet savait semer le doute sur les intentions de chaque sénateur. 

Ridley Scott le fou furieux

En revanche là où on peut difficilement faire des reproches au film, c'est en ce qui concerne le spectacle promis à la plèbe, c'est à dire nous ! 

A ce titre Ridley Scott semble visiblement aussi enthousiaste que les jumeaux dans leur tribune et nous gratifie d'une suite de scènes de batailles assez immenses il faut bien l'admettre. 

Depuis le prologue qui nous offre une nouvelle occasion d'admirer à quel point les romains étaient imprenables sur le champs de bataille (fut-il naval) Scott dépense sans compter pour afficher des centaines de figurants et des décors somptueux qui ont du coûter une montagne de pognon !

Même à son âge respectable (86 balais) le metteur en scène nous rappelle qu'il est le maître des combats en arène et des batailles à l'épée : caméra à dos de rhinocéros, plans larges dévoilant l'immensité de la flotte romaine et des figurants qui tombent sous les flèches comme les rangers sont fauchés par la mitraille au début du Soldat Ryan.

Ce ne sont peut être pas les plus grosses scènes d'action de l'histoire hollywoodienne comme on a pu le lire partout mais une chose est certaine il était temps qu'un réalisateur rappelle que le cinéma est capable de créer des moments aussi fous qu'une bataille navale avec requins dans le Colisée !

Le plus attachant du film ?

Le plus attachant du film ?

Le lourd poids du premier volet

Bon il y a un moment où il va falloir arrêter de tourner autour du pot et rentrer dans le vif du sujet en répondant à LA grande question : Gladiator II est-il digne de son prédécesseur ou bien est-il un affront fait à tous les fans de l'Espagnol ? 

Car je ne vais pas mentir pour faire plaisir aux youtubeurs qui adorent la jouer blasés : j'ai pris un vrai plaisir devant le film car en grand amoureux de péplums évidemment que j'ai été régalé par le spectacle.

Je reconnais même avoir été touchés par plusieurs références et allusions au premier volet et notamment à son personnage principal : cela fait quelque chose de voir des hommages aussi vibrants lors de certaines séquences et donc forcément le film a tout de même un certain "aura Gladiator". 

Malheureusement l'écriture en fait des caisses pour régulièrement te taper dans les côtes pour te dire "hé t'as vu ça c'était dans le premier !" en reprenant des répliques cultes ou en faisant appel à des stock shot du premier opus. 

Une fausse bonne idée pour le coup car l'explication de la fuite de Lucius tombe complètement à plat : pourquoi avoir fuit à cet instant précis ? On ne peut pas duper le public à ce point : nous avons vu le premier 100 fois, nous le connaissons par coeur donc à aucun moment nous ne pouvons accepter cette scène. L'idée de la scène oui, mais pas le moment où elle se déroule.

Ajoutez à cela quelques anachronismes vraiment scandaleux et vous obtenez de trop nombreux moments dans le film où on sort du truc en se disant "attends ça colle pas". 

Parce que si voir Geta et Caracalla lever ou baisser le pouce est inexact d'un point de vue historique, le gimmick est accepté en temps que gadget visuel de cinéma : si ils ne l'avaient pas mis le public se serait dit "merde il manque un truc". 

Par contre voir les romains lire le journal peinard (on rappelle que Guntenberg c'était quand même un peu plus tard) ou voir un poème dans une chambre romaine écrit en anglais c'est franchement voir un réalisateur se moquer du monde, sans rire bande de blaireaux vous pouviez pas le faire en latin non ? 

Sauvé par les personnages

Mais si l'écriture fait preuve de nombreuses maladresses que l'on peut parfois pardonner et parfois non (le non emploi du latin me reste vraiment en travers, c'est du niveau de Joséphine qui écrit en anglais à Napoléon) le scénario se rattrape avec ses personnages et surtout ses interprètes. 

A ma grande surprise Paul Mescal se montre finalement assez bestial et il a l'intelligence de ne pas singer Russel Crowe en proposant un gladiateur bien moins charismatique certes mais peut être un peu plus capable de roublardises. 

Denzel Washington cabotine parfois un peu trop mais Macrinus est un personnage dont je ne soupçonnais pas l'étendue des action, Pedro Pascal est parfait dans l'un des rares rôles nuancés du film et alors que dire du duo d'empereurs !

Campés par Joseph Quinn et Fred Hechinger les jumeaux dévoilés lors de la première bande-annonce étaient vendus comme des maboules limites consanguins et promettaient d'être des antagonistes détestables à souhait, et de ce côté là c'est un véritable carton plein tant je me suis amusé à chacune de leurs apparitions. 

Enfin quel plaisir de retrouver Connie Nielsen et même Derek Jacobi même si ce dernier était largement dispensable et dont la dernière apparition est assez ridicule je dois l'admettre. 

Car cela fait beaucoup de personnages à mettre en scène et bien que Ridley Scott ait su prouver qu'il était loin d'être fini les dix dernières minutes sont tout de même un véritable bordel qui donne l'impression que quinze/vingt minutes supplémentaires auraient rendu le tout moins expéditif pour ne pas dire bâclé. 

Une belle paire de têtes à claques... J'adore !

Une belle paire de têtes à claques... J'adore !

Je suis le premier surpris mais ces 2h30 sont passées comme un souffle !

Moi qui ne m'attendais pas à autre chose que de l'action débridée j'en suis ressorti le sourire aux lèvres grâce à un ultime plan là encore un peu maladroit mais qui dans le principe est une excellente idée qui rappelle plein de souvenirs. 

Oui le film est écrasé par son illustre aîné et oui il aurait été meilleur s'il ne s'était pas senti obligé de constamment raccrocher les wagons avec le premier épisode. 

Mais lorsqu'il s'abstient de faire dans la citation gratuite le film en soi parvient à tenir la route et à proposer une histoire prenante qu'on suivra avec un réel plaisir.

Sans conteste le meilleur péplum depuis Gladiator, et même si vous me ferez remarquer à juste titre que la concurrence n'est pas rude cela reste l'une des nombreuses qualités qu'il faut reconnaître à cette suite qui ne mérite pas les foudres du public. 

Note : 3.5/5

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