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Ma dose de cinéma

Beetlejuice Beetlejuice - Réussi mais décousu

Publié le 12 Octobre 2024 par Gaffeur in Fantastique, Comédie, Tim Burton, Monica Bellucci, Michael Keaton

Le genre de suite à laquelle on ne croyait pas

Le genre de suite à laquelle on ne croyait pas

Au rayon des rumeurs persistantes du Septième Art, l'une des plus improbables était celle particulièrement tenace qui affirmait depuis une dizaine d'années que Tim Burton avait des idées pour une suite à son culte et dérangé Beetlejuice

Il est vrai qu'objectivement le film ne faisait finalement qu'effleurer le personnage de l'exorciste obsédé et que l'univers présenté pouvait offrir énormément de possibilités pour un cinéaste tel que Burton.

Mais 30 ans plus tard comment expliquer le vieillissement de Barbara et Adam sensés être des fantômes ? Et Michael Keaton aurait-il toujours la pêche pour campé un personnage aussi loufoque du haut de ses 73 ans ? 

Pour ma part je n'ai jamais vraiment cru que Burton travaillerait pour de bon sur un deuxième épisode, surtout après une absence des plateaux de cinéma aussi longue : cinq ans se sont en effet écoulés depuis son infâme Dumbo en live action et hormis le temps de quatre épisodes de la série Mercredi le cinéaste n'avait pas vraiment donné signe de vie. 

Ainsi un retour après une longue période au placard pour dépoussiérer un film vieux de trente ans au moment où Hollywood ne jure plus que par les suites de classiques, cela sentait un peu l'opportunisme et pas forcément le retour de l'inspiration pure. 

Burton a-t-il su apporter une vraie plus value à son monde ou bien a-t-il comme beaucoup d'autres joué la facilité avec la fameuse recette de la suite/remake ? 

 

La dernière fois qu'on l'a vu il avait genre sept millions de places à attendre, il pouvait mettre trente ans donc !

La dernière fois qu'on l'a vu il avait genre sept millions de places à attendre, il pouvait mettre trente ans donc !

Des nouvelles de l'Au Delà 

Trente ans après les évènements survenus à Winter River Lydia s'est reconvertie en médium de télévision spécialisée dans les manifestations paranormales. Avec son petit ami et producteur de l'émission Rory, elle semble couler des jours heureux jusqu'au moment où en plein direct Lydia panique après avoir aperçu Beetlejuice sur le plateau. 

Alors qu'elle se remettait du choc elle apprend que son père vient de mourir et que l'enterrement aura lieu à Winter River. Elle se rend ainsi sur les lieux de son enfance tumultueuse accompagnée de sa fille Astrid ainsi que de Délia. 

Le prétexte utilisé par Burton pour réunir les survivants au décor original est assez simple mais il a pour lui d'être également une bonne occasion de faire fi de l'absence de Jeffrey Jones (qui depuis a été reconnu coupable de penchants pour les jeunes enfants) qui campait Charles dans le premier. 

C'est assez malin car l'absence (ou presque) du personnage va être une bonne opportunité pour Burton de se montrer créatif pour s'amuser de cette impossibilité de faire revenir le comédien en usant d'animatroniques et de stop motion pour malgré tout avoir le personnage à l'écran. 

On se surprend ainsi au départ à découvrir un Burton visiblement inspiré tant le premier quart du film regorge de situations loufoques et morbides comme seul le réalisateur de Sweeney Todd sait les imaginer !

De la place des anciens

Mais autant balayer tout de suite vos craintes (légitimes puisque je les partageais lors des premiers trailers) Beetlejuice Beetlejuice ne sera pas un remake grossièrement déguisé en suite !

Même si il y aura énormément de nouveaux personnages complètement barrés qui devront donc apporter leur lot de nouvelles intrigues le film est bel et bien concentré sur Lydia ainsi que sur son poltergeist farfelu.

Nulle question ici de progressivement balayer les vieilles figures pour imposer une nouvelle génération, Burton ne compte pas sacrifier ses personnages au profit du renouveau à tout prix. 

A ce titre si vous espériez que le film soit un Jenna Ortega show vous pouvez aller vous chercher des fraises parce que la révélation de Mercredi n'aura pas un rôle très impactant même si l'actrice régale toujours quand il s'agit d'incarner un personnage au caractère bien trempé. 

Ce fut ainsi pour ma part un réel soulagement de voir que nous sommes bien en présence d'une véritable suite plutôt que d'une relecture de moments cultes du premier volet comme les bandes-annonces le laissaient supposer. 

Après ne soyons pas non plus trop gentils : des moments revisités placés plus ou moins habilement, il y en a. Mais là encore ce ne sera pas fait avec abus, Burton préférant se concentrer sur sa nouvelle intrigue.

Une bonne intention. Pas forcément bien traduite à l'écran. 

Un trio qui a du mal à prendre

Un trio qui a du mal à prendre

Un scénario trop dégrossi

Je ne peux pas dire que Burton manque d'imagination pour cette fois-ci.

Contrairement à son précédent film purement commercial et sans âme, on sent le réalisateur impliqué dans son projet et enthousiaste à l'idée de pouvoir développer plus longuement l'univers post-mortem que nous avions simplement entrevu dans le premier volet. 

Personnages décédés de façons brutalo-loufoques qui errent dans les coursives, acteur de films de flics devenu policier de l'au delà, ex-petite amie vengeresse, maison hantée... Burton a clairement renoué avec l'imagination tant les situations qui s'enchaînent pendant les deux heures sont réjouissantes. 

Mais malheureusement il y avait peut être un peu trop de bonnes idées pour un seul film (on nous annoncerait un troisième épisode que je ne serai pas surpris) résultat entre les anciens qui occupent la majorité de l'intrigue les nouveaux n'ont pas forcément l'occasion de s'imposer.

Et bon sang quel dommage que le personnage de Monica Bellucci après une telle entrée en matière (qui fait bien penser au personnage de Sally de The Nightmare before Christmas) se contente de trois ou quatre apparitions répétitives pour aboutir à une conclusion expéditive au possible !

Même chose pour Willem Dafoe qui semble s'amuser comme un petit fou mais qui n'aura également qu'une poignée de minutes pour laisser cours à sa folie... Vous avez dit frustrant ? 

On a ainsi malgré le plaisir de renouer avec l'univers un arrière-goût de bâclage, comme si Burton avait taillé dans son montage à la hache pour ne surtout pas dépasser les deux heures de métrage. 

 

Vous connaissez ma femme ? L'est belle hein ?

Vous connaissez ma femme ? L'est belle hein ?

Disons le tout net : la seule trahison du film aura été de devoir éjecter purement et simplement Barbara et Adam de l'équation (on rappelle qu'ils devaient hanter la maison pendant 150 ans mais le vieillissement des comédiens a poussé Burton a faire comme si on n'avait rien vu rien entendu m'sieur l'agent).

Beetlejuice Beetlejuice est à ma grande surprise une suite qui apporte réellement de nouvelles choses tout en donnant la priorité aux personnages originaux. 

Et surtout je gardais le meilleur pour la fin bon sang ce que Michael Keaton fait plaisir à voir ! On sent que le comédien ne demandait qu'à reprendre le rôle et le pied qu'il prend à jouer à nouveau les macchabées fous vulgaires sera forcément communicatif. 

Finalement aussi saugrenue que pouvait paraître l'idée d'une suite il y a encore quelques années en arrière, force est de constater que Burton en a encore suffisamment sous le capot pour réussir plutôt bien cet exercice périlleux. 

Ah et petite anecdote ayant vu le film au Japon à la sortie de la salle se trouvait un distributeur proposant le Fanta officiel Beetlejuice... Evidemment je n'ai pas pu résister mais je préfère vous le dire conservez votre argent, non seulement vous garderez vos deniers mais en plus vous vivrez plus longtemps !

Note : 3.5/5 

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