Souvenez vous il y a deux ans alors que le monde célébrait depuis plusieurs mois la fin des mesures de restrictions contre le Covid19 : qu'aviez vous vu comme films d'action au cinéma ? Bah ouais, pas grand chose justement car hormis un Thor 4 qu'on qualifiera gentiment de raté les studios étaient encore dans cette logique que le public ne voulait plus quitter son canapé et ses précieuses plateformes de streaming.
Bullet Train était ainsi l'un des rares films autre que les drames et les comédies à bénéficier d'une sortie exclusive en salles avec un certain succès d'estime à défaut d'avoir été un immense carton.
Réalisé par David Leitch le film nous proposait deux heures de mystères et d'action pure située intégralement dans le Shinkansen le fameux train à très grande vitesse japonais .
A l'époque je me disais "boah allez ce sera surement le seul actioner de l'été, Brad Pitt est génial depuis quinze ans à chaque film" et autant dire que je n'étais pas prêt pour un tel résultat.
Parce que depuis qu'il a aidé son comparse Chad Stahelski à fracasser le chien et la bagnole de Keanu Reeves dans le premier John Wick, David Leitch a certes signé deux ou trois films amusants (Deadpool 2, Atomic Blonde) mais jamais il n'avait su me convaincre avec le scénario de ses oeuvres.
Mais avec Bullet Train, on tient probablement ce qui sera la connerie la mieux écrite de la décennie !
Huit tueurs dans un train
Débutant à quelques pas de la gare de Tokyo la nouvelle mission de Coccinelle un tueur à gages sur le retour le conduit dans le Shinkansen à destination de Kyoto. But de l'opération : récupérer une mallette comportant un sticker de train puis descendre au prochain arrêt.
Mais Coccinelle ignore que le train a été investi par plusieurs assassins aux motivations diverses et variées et que récupérer l'objectif ne sera pas de tout repos, sans compter que sa poisse légendaire ne le lâche pas d'une semelle !
En jouant dès les premières minutes la carte du truc de cinéma le plus classique de l'histoire à savoir le MacGuffin, Bullet Train pourrait presque lasser d'entrée de jeu. Quoi ? Ne me dites pas qu'un film qui commence par un gus qui doit récupérer une mystérieuse mallette ne vous fait pas instantanément penser que vous en avez déjà vu dix du même style ?
Pourtant vous auriez tort de baisser les bras car oui le début n'est pas bien séduisant, mais vous passeriez à côté de l'un des sacs de noeuds les plus improbables jamais portés à l'écran !
Du côté de chez Snatch
D'ailleurs si vous vous dites plutôt "tiens une mallette après laquelle tout le monde cours, on dirait Pulp Fiction" vous êtes dans le vrai car David Leitch a puisé son inspiration du côté de Tarantino et du Guy Ritchie des débuts !
Les gangsters de Bullet Train ont beau être des personnes indéniablement violentes, la banalité de leurs caractères les rendent aussi attachants que les gueules qu'on trouve chez les deux cinéastes susmentionnés : entre Citron et sa passion pour un dessin animé sur les trains, Coccinelle qui est en pleine crise existentielle ou encore L'Ancien qui est un personnage beaucoup trop stylé et sage pour participer à un tel rassemblement de cons, vous n'avez pas fini de vous demander où Leitch est-il allé pêcher ces personnages ?
Mais s'ils sont très drôles ces voyous n'en demeurent pas moins efficaces et le film ne va bien évidemment pas oublier de plonger ses personnages dans plusieurs grosses bagarres en s'amusant au maximum avec le concept du lieu unique !
Baston furtive dans le compartiment zen, empilage à la MacGyver pour bloquer la porte du wagon, emploi de pétards pour enfants pour faire diversion, dissimulation de cadavres avec les moyens du bord... A défaut du budget les idées ne manquent pas à Leitch pour varier les scènes d'action tout en conservant un constant niveau de bêtise... Forcément hilarant !
Le bordel le mieux écrit
Comme je le disais David Leitch nous a habitué à des films d'action pas forcément malins (jamais même) mais tout de même suffisamment distrayant pour qu'on ne regrette pas le prix du billet.
Bullet Train marque ainsi un moment important dans la carrière de l'ex-cascadeur dans le sens où on sent que les moindres détails ont été pensés lors de l'écriture et du tournage pour que tout s'imbrique parfaitement à l'arrivée.
On aurait bien du mal à le croire en découvrant le film pour la première fois entre Brad Pitt qui cabotine un max, les jumeaux composés d'un blanc et d'un noir qui se retrouvent avec un corps sur les bras sans raison ou encore le Prince qui est en fait une jeune fille (pas sûr que les wokes rêvaient de ce genre de coup), mais absolument chaque élément du film a été réfléchi et mesuré pour s'insérer parfaitement dans le puzzle.
Vous vous demandez pourquoi le film insiste autant sur le job de Bolivie, sur Carver ou sur le personnage de Momonga ? Vous vous demandez dans quoi bordel de merde vous vous êtes fourrés en lançant le film ?
C'est normal. Et pour le coup l'histoire mérite de s'accrocher car aussi truffée de personnages débiles et de bastons cartoonesques soit-elle le dénouement est d'une telle clarté qu'on en ressort pleinement satisfait !
Vous pensez trouver avec Bullet Train un bête film d'action ?
Dans le fond c'est bien ce qu'il est : une comédie de gangsters où les baffes et les cadavres s'accumulent aussi vite que le shinkansen traverse Hokkaido et que Brad Bitt enchaîne les coups du sort.
Si au terminus le film sortira du lot ce sera bel et bien pour son humour efficace mais aussi pour son histoire aussi loufoque que bien huilée qui récompensera les attentes de son public autrement que par une simple grosse scène d'action.
Certes le film réserve effectivement un gros carnage final avec cet ultime arrêt au terminus qui verra une troupe de yakuzas armés jusqu'au dent se frotter à l'ensemble des survivants sur une reprise japonaise de I Need a Hero, mais entre la joie que procure Hiroyuki Sanada jouant du Katana et la sensation d'obtenir une récompense pour avoir suivi le film de l'intrigue bien sagement, le climax n'en sera que plus jouissif !
Comme quoi on peut faire de très bons actioners malgré un budget serré, pour peu qu'on se creuse un peu les méninges pour offrir un minimum de neuf !
Note : 3.5/5