Il y a quatre semaine je vous avais donné mon ressenti sur la première moitié de The Acolyte, et pour mémoire même si ce n'était pas très bon j'avais tout de même souligné le potentiel qui sommeillait derrière l'écriture balourde et le montage hasardeux.
Entretemps la créatrice Leslie Headland a bien évidemment chouiné comme à chaque fois qu'un(e) scénariste voit son projet échouer en prétextant que les fans ne comprenaient rien et qu'il y avait des haters partout tandis que de son côté la presse spécialisée ou pas (si si il y a carrément jeuxvidéo.com qui n'est plus à ça près qui a défendu bec et ongles la série à base de résumés prouvant qu'ils ne l'avaient pas regardée) s'est montrée plus que généreuse dans les articles pro-disney tout en distribuant des notes très convenables même aux pires épisodes.
Mais je dois l'avouer, moi même j'ai voulu y croire une fois les épisodes 5 et 6 terminés et j'étais près à largement revoir mon avis sur The Acolyte si les épisodes 7 et 8 étaient sortis du même moule, mais malheureusement c'était sans compter l'écriture de Headland qui était loin d'être aussi subtile et maline qu'elle ne pensait l'être.
Quelques personnages à sauver
Vous me connaissez : parce que je ne suis pas un hater impatient de cracher sa bile j'aime beaucoup commencer par les points positifs lorsque j'aborde un papier sur un film ou une série, et n'en déplaise aux plus réfractaires il y avait tout de même quelques bonnes choses au cours de ces huit volets.
Commençons ainsi par quelques jedi qui ont su en dépit d'une écriture pas toujours pertinente finir par avoir ma sympathie, citons Yord et Jecki dont l'aspect flics de la République les rendait plutôt amusants.
Evidemment le fan de cinéma coréen a été on ne peut plus satisfait de découvrir que Maître Sol campé par Lee Jung-ja (mais si, le mec qui a gagné 456 millions en jouant à la marelle voyons !) fut en quelque sorte le jedi principal de cette saison et que son histoire fut assez audacieuse sur le fond.
Mais surtout si la révélation de l'identité du Sith au masque en cortosis n'a surpris personne hormis les personnages eux même, il n'en fut pas de même pour son caractère et sa psychologie.
Contrairement à 95% des adeptes du côté obscur que les films et séries nous ont servi jusque là, ce nouveau venu fait preuve d'un calme insoupçonné pour un antagoniste.
Même Baylan Skoll qui avait apporté un peu de gris dans l'univers n'avait pas l'air d'être aussi en paix avec ses idées !
Cela dit attention ça ne l'a pas empêché de montrer qu'il faut se méfier de l'eau qui dort.
Des combats qui font plaisir
Le climax de l'épisode 4 teasait gratuitement un combat entre huit jedi et le Sith en question, ainsi personne n'a été surpris de voir le cinquième segment commencer par des sabres lasers qui s'entrechoquent.
En revanche tout le monde a été pris de court devant la brutalité et l'absence de droit à l'erreur que les chorégraphies ont réservé aux personnages !
C'est ainsi qu'à travers la demi-heure qui a composé ce très long affrontement un seul adversaire a pu vaincre à lui tout seul sept jedi en usant d'un arsenal inédit à l'écran qui aura été au triste désavantage des gardiens de la République.
Et cette bestialité ainsi que ce sens du spectacle n'ont pas été réservés à ce seul affrontement. Bien qu'il n'y ait eu que trois combats au sabre laser pendant la série chacun fut une pépite de mise en scène et de nervosité.
Clairement même si les combats ont mis du temps à arriver de ce côté là la série n'aura pas déçu et elle peut même se vanter d'avoir proposé les meilleurs duels depuis le rachat de la licence par Disney.
Mais malheureusement ce sera bien le seul point sur lequel elle pourra laisser libre cours à sa vantardise.
N'est pas Johnson qui veut
Autant le dire d'emblée, on nous a vendu une série sur l'ordre jedi mais on nous a caché le fait que la principale inspiration de la créatrice serait Les Derniers Jedi de Rian Johnson. Alors pour ma part ce ne serait pas une mauvaise idée en soi car le film de Johnson avait le mérite de tenter quelque chose en revisitant la figure du héros légendaire et en remettant en question l'héritage des jedi (chose que la prélogie ne cessait de faire, montrant des guerriers imbus de leur puissance pas foutus de voir venir un seul des coups de leur unique adversaire).
Mais Johnson aimait tout de même l'univers et sa relecture bien que provoc' ne l'empêchait pas de faire honneur aux jedi à travers quelques séquences mémorables. Le problème de Leslie Headland est qu'à l'inverse elle n'aime visiblement pas les jedi.
Impossible de ne pas trouver les jedi débiles pendant l'intégralité de la série, et le pire c'est que si à la rigueur on pourrait se dire que ce n'était là que pour illustrer une bavure commise par quelques membres de l'Ordre, mais le final de la saison nous laisse largement entrevoir que Headland n'a pas terminé de nous livrer des jedi qui passent leur temps à merder.
Et si vous pensiez que seuls les jedi seraient bousculés de la sorte vous vous trompez car c'est la saga entière qui a été moquée au cours de cette première saison !
En effet l'épisode trois nous présente une caste de sorcières sensibles à la Force (jusque là aucun problème, on a déjà eu les Soeurs de la Nuit), mais là où cela va trop loin c'est en ce qui concerne leurs capacités à créer la vie à partir des midi-chloriens... Résultat Anakin Skywalker, la pièce centrale de la saga n'est plus aussi important puisque désormais il n'est plus un cas isolé.
J'avais déjà détesté le roman Dark Plagueis justement parce que j'avais l'impression de voir un auteur dire "regardez c'est mon personnage à moi qui a tout fait en fait les films c'est rien sans mon livre", et The Acolyte semble suivre la même logique en imposant sa mythologie au détriment de la saga principale.
Alors oui vous me direz "mec ça se passe un siècle avant sa naissance, calme toi la série a encore le temps de faire mourir tout le monde sans que le Conseil ne soit mis au courant".
J'entend. Mais quitte à vouloir raconter une histoire qui devra fatalement devenir caduque pourquoi ne pas avoir fait simple façon Kenobi ?
Et surtout pourquoi ne pas avoir voulu raconter une vraie histoire ?
Arrêtez avec ce putain de format !
Parce que la véritable faiblesse se trouve là : l'écriture et la taille de cette première saison. Huit épisodes de 30 minutes ENCORE !
Bon sang déjà qu'on doit attendre minimum deux ans entre chaque saison si c'est pour raconter la même chose en boucle pendant sept volets pour finalement commencer à poser les vraies bases de l'intrigue pendant le huitième, c'est vraiment minable !
Certes The Mandalorian n'a pas toujours raconté de grandes choses, mais chacun de ses chapitres formait une mini-histoire qui faisait avancer le fil rouge. The Acolyte, convaincu de tenir entre ses mains une tragédie ultra-intelligente et bien conçue ne fait que répéter les mêmes choses pendant la majeure partie de la saison.
Sans déconner il ne se passera pas un seul épisode où on ne chouinera pas que la famille des jumelles est morte dans un drame causé par les jedi ou que les pauvres gamines ne font en fait qu'une âme dans deux corps...
La série ira même jusqu'à livrer deux épisodes entièrement consacrés au drame en question en pensant que s'inspirer de Rashomon suffisait pour devenir passionnante. Sauf que quand la série passe quatre épisodes à répéter ce qu'il s'est passé, pourquoi donc sacrifier deux épisodes pour illustrer la même chose d'un point de vue différent là où la relecture de deux séquences aurait suffi à nuancer les choses ?
Cela aurait pu se comprendre si la série avait opté pour un format plus long qui aurait permis ce genre de double-écart, seulement quand la durée totale de la saison n'excède pas les quatre heures le procédé ne pouvait que se terminer par une balle dans le pied.
Au total nous avons deux épisodes qui racontent la même chose, trois épisodes qui discutent de ladite chose, un épisode 100% baston et seulement deux volets où l'intrigue a enfin l'idée de commencer...
Et si encore la série témoignait de l'amour que porte son auteur à la saga comme peuvent le faire Mando ou Ahsoka, on pourrait se dire que s'il ne s'est pas passé grand chose on a tout de même croisé certains visages avec nostalgie et efficacité mais non ! Headland met un point d'honneur à mentionner le conseil jedi à chaque épisode mais en prenant bien soin de ne jamais montrer le moindre de ses membres.
Non parce que c'est vrai personne n'aurait aimé revoir Yoda ou découvrir en live-action Yarael Poof ou Maître Rancisis...
The Acolyte partait d'une bonne idée.
The Acolyte ne manque pas de moments marquants visuellement et de combats spectaculaires.
Mais The Acolyte est écrit et réalisé par des personnes qui n'auraient jamais du approcher de l'univers.
Vous pensiez que l'aspect fauché de Rodriguez sur Le Livre de Boba Fett était inégalable niveau ringardise ? Ben vous n'êtes pas près pour la vision d'un jedi wookie au crâne rasé qui agite un détecteur de métaux de la seconde guerre mondiale pour espérer trouver des traces de la Force ou de vie...
Oui, The Acolyte c'est ce niveau de WTF à presque chaque épisode et même les plus ouverts d'esprits qui comme moi ont adoré Les Derniers Jedi vont avoir du mal à digérer le pénible spectacle que Disney nous a infligé cette fois-ci.
Parce que là pour le coup entre les personnages qui changent d'avis sans raison et les rebondissements qu'on sent systématiquement venir 30 minutes avant les héros sans oublier la surdose de diversité pour la première fois je suis obligé de le dire on sent le cahier des charges d'une entreprise qui ne veut surtout pas froisser le public ou le pousser à trop réfléchir.
Mais je finirai sur une note plus positive car maintenant que l'arc des sorcières est enfin bouclé de chez bouclé la saison deux pourrait être largement meilleure et se concentrer sur ce que la série était sensée nous vendre à la base : un show centré sur les jedi et sur le côté obscur.
Et pour le coup les deux caméos finaux et les derniers retournements de vestes semblent indiquer que la série va enfin se diriger dans cette direction.
Personnellement en matière de cinéma et de séries je crois aux secondes chances, donc j'aime à penser que tout n'est pas perdu mais il est certain que je n'attendrai pas la saison deux de pied ferme.
Pas après une première saison aussi catastrophique.
Note : 2/5