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Ma dose de cinéma

Le Terminal - Disney rêve d'un film pareil

Publié le 8 Juillet 2024 par Gaffeur in Comédie, Drame,, Tom Hanks, Steven Spielberg

Avec toutes les galères que traversent ses personnages Tom Hanks détient sûrement un record

Avec toutes les galères que traversent ses personnages Tom Hanks détient sûrement un record

Nous sommes en 2004 et après deux collaborations couronnées de succès au box office (Il Faut Sauver le Soldat Ryan et Arrête-moi si tu peux) Steven Spielberg et Tom Hanks proposaient au public un troisième film en commun, inspiré à nouveau d'une histoire vraie. 

Le genre de recette dont le cinéma raffole et dont les producteurs se sont certainement dit à l'époque "Comment ? Steve et Tom ensemble avec un projet qui leur va comme un gants ? Filez leurs les thunes à cette heure ci ils auraient déjà du boucler le tournage bande de cons !".

Pourtant malgré des retours critiques et spectateurs très favorables, cette aventure humaine inspirée de la vie de Mehran Karimi Nasseri fut un véritable four qui mis un terme aux collaborations du duo au cinéma pour un bon moment puisqu'il faudra attendre onze ans avec Le Pont des Espions pour que Hanks et Spielberg ne mettent en boîte un nouveau film. 

Résultat aujourd'hui plus grand monde ne se souvient du Terminal, mais alors que les récentes oeuvres de Spielberg m'ont systématiquement déçu (exception faite de Pentagon Papers avec Hanks justement) et que je me demande quand est-ce que Tom Hanks trouvera enfin un rôle à la hauteur de son talent, j'avais envie de croire que le film appartenait encore à l'époque où les deux hommes étaient encore à leur meilleur !

Vous avez aimez les derniers Star Trek ? je vous promet que cette scène visionnaire va vous retourner la tête

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V'z'avez vos papiers ?

Comme des milliers de personnes chaque jour, Viktor vient de débarquer à l'aéroport de New-York bien loin de sa Krakozhie natale. Mais alors qu'il s'apprêtait à franchir la douane, on le prie de remettre passeport et billet de retour avant de le conduire chez le directeur de la police des frontières. 
Celui-ci tente en dépit de la barrière de la langue de faire comprendre à Viktor que durant le vol son pays a été la cible d'un coup d'état. 

Résultat le nouveau régime n'étant pas reconnu par les Etats-Unis le statut de réfugié ne peut lui être accordé tandis que son passeport n'est plus valable, ce qui lui interdit de reprendre l'avion. La seule solution pour Viktor est d'attendre dans la zone de transit internationale au milieu des restaurants et des boutiques du terminal. Mais combien de temps devra-t-il attendre ?

Le véritable réfugié qui avait élu domicile à Roissy n'avait pu obtenir l'asile dans différents pays d'Europe et avait fini par s'installer définitivement même une fois son titre de séjour acquis onze ans plus tard. 

Pour éviter le maquillage d'un vieillissement du personnage le scénario va se concentrer sur cette situation qui pourrait être loufoque si elle n'était pas si grave pour le protagoniste mais ne se déroulera heureusement pas sur une période aussi longue. 

Mais à bien y regarder cela reste un concept assez casse-gueule pour le cinéma car derrière le drame humain, peut-on passionner pendant deux heures en racontant l'histoire d'un homme coincé dans un aéroport ? 
Etant donné que quatre ans plus tôt Hanks a réussi à toucher le public avec un simple ballon sur une île déserte, on pourrait penser que oui !

Un pari risqué

Mais comme Spielberg est un petit filou et qu'à l'époque son cinéma avait encore cette touche de génie qui faisait de quasiment chaque film un chef d'oeuvre, le mec s'est en plus du concept posé un autre défi : la langue du personnage principal.

Viktor vient effectivement de la république fictive de Krakozhie et bien entendu le personnage ne parle pas anglais ! 
Probablement l'un des rares comédiens que personne ne déteste et que 99% des gens adorent (le 1% restant le tolérant), Tom Hanks était alors le meilleur choix de Spielberg pour réussir son pari.

Car même si cela peut sembler déroutant de voir Hanks parler une langue complètement étrangère (le Bulgare si les anecdotes sur le film son justes) le gars dégage une telle sympathie qu'on ne peut qu'adhérer à son histoire et se prendre au jeu en se demandant comment il va pouvoir pallier au manque d'argent et aux besoins du quotidien. 

Un exemple tout bête : l'achat du premier hamburger où grâce à une combine Viktor parvient enfin à accumuler trois ronds pour se payer un vrai repas. Tandis que la main de la caissière lui rend quelques cents, la main de Hanks rentre gentiment dans le champs pour repousser la pièce alors que sa voix articule difficilement "garrrdez la mônnaie".

Un personnage dans une merde épouvantable mais qui malgré sa détresse fera preuve de gentillesse, il n'y a pas mieux comme idée pour happer le public et il n'y aura décidément jamais meilleur choix que Tom Hanks pour camper ce genre de gars !

Stanley Tucci lauréat du prix du personnage de tête à claque 2004

Stanley Tucci lauréat du prix du personnage de tête à claque 2004

Dans toute bonne histoire il y a un bon méchant

Le Terminal a beau être un conte moderne réjouissant, tendre (sans être larmoyant le motif de la visite de Viktor est tout de même touchant) et rempli d'humour bien senti, tous les personnages croisés ne seront pas animés des meilleures attentions !

C'est ainsi que le directeur des frontières interprété par Stanley Tucci pourra se hisser discrètement mais sans peine dans la catégorie des pourritures sans âme que l'on adore détester. 

Enfermé derrière ses règles et ses costards-cravates le directeur ne supporte pas la présence de Viktor qui en dépit de sa débrouille et de sa gentillesse n'est à ses yeux que le plus grand caillou qui aurait pu se loger dans ses godasses. 

Les tentatives plus ou moins cruelles du directeur pour pousser Viktor à s'échapper de la zone de transit afin qu'il devienne le problème d'une autre unité de police rythmeront ainsi le long métrage et apporteront un peu de pep's à l'histoire en plus de nous faire réaliser que Tucci est un acteur tristement sous-coté. 

J'ai failli placer le personnage d'Amelia dans la catégorie des méchants mais en réalité bien qu'imprévisible et parfois décevante elle est surtout sa propre ennemie plutôt qu'un mauvais élément dans la vie de Viktor. 
Un personnage plus complexe qu'on ne pourrait croire et dont les faiblesses ne la rendent que plus humaine, lui conférant ainsi une place amplement méritée dans le film. 

Une ode aux travailleurs immigrés

Le meilleur dans tout ça c'est que derrière l'histoire de Viktor Spielberg a l'idée de génie d'aborder des thématiques à l'époque audacieuses : la place réservée aux immigrés chez l'Oncle Sam. 

Car rapidement Viktor va s'associer avec Enrique dont le travail consiste à distribuer les repas aux autres employés. Il fera ainsi la rencontre de Gupta et Mulroy qui eux aussi sont issus de l'immigration et occupent les postes les moins gratifiants de l'aéroports. 

Derrière les vitrines flamboyantes où s'accumulent les noms de Burger King, Hugo Boss et autres grandes marques se trouvent ainsi les coulisses crasseuses et sombres du terminal où s'affairent les travailleurs immigrés... Ceux qui font tourner la machine dans l'ombre et qui feront ainsi front commun avec Viktor dont la situation ne peut que leur parler. 

Ainsi le rajout de cette critique du système est on ne peut plus pertinente et ne semblera pas déplacée ou gratuite contrairement à beaucoup trop d'oeuvres sorties récemment qui ne peuvent s'empêcher de vouloir parler de sujets qui n'avaient rien à voir avec leur histoire originale. 

Un message sous-jacent brillant

Un message sous-jacent brillant

Il y a des films comme ça dont on se demande bien pourquoi le public n'a pas été au rendez-vous et pourquoi ils sont tombés dans l'oubli. 

Parce que même si le film aurait pu être un poil plus court les deux heures passent comme un souffle et jamais l'ennui ne pointe le bout de son nez, Spielberg regorgeant d'idées pour rythmer son long métrage de façon étonnante (le deal entre Enrique et Viktor, le passager russe violent...), de plus le casting est étonnant et truffé de seconds rôles devenus des grands depuis : Zoe Saldana, Diego Luna...

Et sans oublier évidemment un Tom Hanks impeccable une fois de plus alors merde pourquoi un tel fiasco ? 

Certes on peut se dire que c'est un projet un peu trop facile de la part des deux lurons aux commandes, mais pour ma part je me dis que peut être que Seul au Monde sorti seulement quelques années plus tôt a fait se dire à la majorité que "Boah c'est bon Tom Hanks il est toujours dans la merde et abandonné dans ses films"... Allez savoir ! 

Quoi qu'il en soi si vous faites partie des nombreux spectateurs qui sont passés à côté à l'époque et que vous n'avez jamais eu l'occasion de lui donner sa chance, vous ne risquez rien d'autre que de découvrir une aventure humaine réconfortante. 

Note : 3.5/5

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