Face à la Mer - Un vrai bon film sur Disney+, sérieux ?

L'occasion de voir ce que vaut l'actrice sans son sabre laser

Après la catastrophe quasi-totale que fut The Acolyte je dois dire que je n'étais pas décidé à lancer Disney+ de sitôt. 
Attention je n'ai strictement rien contre la diversité mais quand un studio tombe dans le woke cela ne me motive pas à continuer de regarder leurs productions. 

Aussi lorsque Face à la Mer (Young Lady and the Sea) a été dévoilé quelques semaines seulement avant sa diffusion sur la plateforme de la firme aux grandes oreilles je me suis instantanément dit "et allez encore un truc ultra-féministe pour surfer sur la vague".

Pourtant si je pense que ma réaction primaire est compréhensible après huit épisodes d'une série mégawoke je dois dire que je regrette largement cette pensée avec le recul.

En effet motivé malgré tout par l'idée de découvrir Daisy Ridley en dehors de la saga Star Wars j'ai au final découvert une très bonne surprise, d'autant plus que de base je ne suis pas friand des biopics. 

Même Oppenheimer ne m'avait pas passionné comme la plupart des spectateurs, c'est vous dire si le genre ne me séduit pas !

J'y arriverai pas si vous me regardez !

L'histoire de Trudy Elderle

En 1914 une famille d'immigrés allemands est persuadée que leur petite fille Trudy ne va pas survivre à la rougeole. Contrairement au diagnostic la fillette survit. Lorsque après avoir assisté à un naufrage la mère décide d'inscrire ses enfants à des cours de natation, Trudy demande elle aussi à recevoir des leçons. Mais suite à sa maladie son ouïe pourrait être affectée par la nage, de plus la fillette ne semble pas très à l'aise une fois dans l'eau. 

Enfin un biopic qui parlera de quelqu'un d'autre que d'un musicien ou d'un groupe musical ! Ce n'est pas que je n'ai pas aimé Bohemian Rhapsody mais depuis le carton du film sur Queen nous avons eu Bob Marley, Elton John, Amy Winehouse et encore Bob Dylan qui arrive... Vous en avez pas marre sérieusement ?

Du coup cette histoire d'une nageuse qui a accompli l'exploit de traverser la Manche à la nage fait du bien dans un sous-genre cinématographique truffé d'histoires musicales. De plus le film tombe plutôt bien puisque nous sommes proches des Jeux Olympiques soit le bon moment pour accueillir l'histoire d'une sportive !

Certes on ne se trouvera pas devant un film extrêmement original puisque toutes les cases du biopic seront cochées : rivalités, famille qui ne croit pas au potentiel de l'enfant malade, premières compétitions, consécration puis exploit... La recette parfaite du biopic classique mais efficace. 

Quand le féminisme est pertinent

Je l'avoue j'ai eu un peu peur lorsque l'une des premières répliques fut "il y a beaucoup de victimes, presque que des femmes" après qu'un navire ne se soit consumé sous les yeux de la famille Elderle, je redoutais le genre de projet pleurnicherie qui en ferait des caisses.

Mais si Joachim Ronning manque clairement de subtilité dans ses intentions à travers cette première séquence, fort heureusement le propos sera parfaitement exploité car justement l'histoire de Trudy s'y prête !

En effet on parle de repartir plus d'un siècle en arrière à l'époque où il n'y avait toujours pas de droit de vote pour les femmes, où les athlètes étaient forcément masculins et où l'idée même d'employer une femme était absurde dans la tête de beaucoup de monde. 

Ainsi nous n'avons pas ce sentiment que l'on peut ressentir devant certaines oeuvres récentes d'assister à un studio qui s'empare d'un thème à la mode pour se faire de l'oseille facilement. 

La partie film d'époque est très réussie

Comme quoi, quand un personnage est bien écrit

La seconde curiosité que l'on a en visionnant le film en dehors de découvrir l'histoire de cette nageuse hors-pair est de voir ce que va donner dans le rôle principal Daisy Ridley !

Pour ma part je suis de ceux qui l'ont aimée dans la trilogie Star Wars, surtout pour la candeur que dégageait Rey dans les deux premiers volets. Mais il faut dire que l'épisode IX avait bien gâché son potentiel en voulant absolument calmer les déçus en offrant au personnage une révélation sortie de nulle part qui n'avait visiblement pas convaincu l'actrice. 

Aussi quel plaisir de trouver avec Face à la Mer l'occasion de faire taire tous les cons qui se plaisaient à qualifier l'actrice de "greluche aux trois expressions faciales". 

Bien qu'elle soit toujours aussi encline à de grands sourires (il faut dire qu'elle l'a beau) on ressent une actrice impliquée notamment lors des nombreuses séquences de natation et en particulier au cours de la traversée finale !

C'est que pour illustrer un exploit pareil il fallait bien y mettre les moyens et pour le coup Ronning s'est dit "pourquoi ne pas faire durer la traversée pendant tout le dernier quart du film ?"

On est ainsi aux côtés de Trudy pendant chaque battement de pieds, chaque brasse et pendant chaque événement imprévu pouvant parasiter sa course, et Daisy Ridley brille tout le long dans ce rôle qui on l'espère va faire comprendre aux studios qu'elle n'est pas juste un personnage Star Wars mal conçu. 

C'est toujours cool de retrouver Stephen Graham

Clairement je ne m'attendais plus à un tel niveau de qualité de la part de Disney, et encore moins par le réalisateur du dernier Pirates des Caraïbes. 

Joachim Ronning délaisse ainsi le blockbuster le temps de ce biopic sportif d'époque et on peut dire que le changement lui aura été bénéfique !

La reconstitution des années 20 est excellente, les effets numériques ne se remarquent pas trop, il y a de bons costumes et quelques bons seconds rôles... Franchement à part un déroulement beaucoup trop académique je ne vois pas ce que je pourrai reprocher au film !

Bigre, un biopic sportif qui arrive à me passionner et en prime à me procurer des émotions lors de la séquence finale à Douvres... Je n'aurai jamais cru voir ça !

Note : 3.5/5