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Ma dose de cinéma

The Acolyte - Le Problème, c'est pas la diversité

Publié le 20 Juin 2024 par Gaffeur in Star Wars, Série, Science-Fiction, Aventures, Lee Jung-jae

L'idée faisait tellement envie...

L'idée faisait tellement envie...

Tandis qu'Ahsoka a déçu une bonne partie du public pour des raisons que je ne comprend pas (sans déconner, elle nous a livré tellement de duels mémorables, des images impressionnantes, un antagoniste génial et des retrouvailles magnifiques donc on peut lui pardonner quelques maladresses), Disney avait hâte de nous abreuver d'une nouvelle série live action dans l'univers Star Wars. 

Il faut dire que si la recette est lucrative je pense qu'on peut dire que si les fans de la saga ont bien une chose en commun c'est cette volonté de découvrir du neuf sans surfer sur des personnages ou films qu'ils connaissent par coeur. 

C'est d'ailleurs pour cela qu'en dépit d'être un carton commercial la série Andor a été autant applaudie : enfin le studio prenait un risque en proposant une série qui sortait de ce format merdique de 8 épisodes de 30 minutes (38 si les showrunners se sortent les doigts, pas souvent donc) et qui explorait à sa façon l'univers de la saga. Certes il s'agissait encore de la période surexploitée de la domination de l'Empire et des prémices de la Rébellion mais la série apportait enfin des personnages nuancés et un ton résolument adulte avec pour mémoire une séquence d'ouverture se déroulant dans un bordel et à l'issue de laquelle le héros assassinait de sang froid un homme désarmé. Le genre de scène qu'on n'avait pas l'habitude de voir dans la saga et qui avait soufflé un vent de fraîcheur même parmi les plus réfractaires au canon Disney. 

Je risque de reparler de cette série car la nouvelle venue The Acolyte était à la base vendue comme un produit faisant la part belle à un assassin Sith et dont les péripéties se dérouleraient pendant la période inédite à l'écran de la Haute République. On nous vendait une série très sombre et après la réussite d'écriture et de mise en scène que fut Andor autant dire que pour ma part j'attendais de pied ferme cette nouvelle série qui je l'espérais saurait s'inspirer de la série de Tony Gilroy. 

Hélas la série est victime des deux extrêmes et depuis trois semaines on a pu lire tout et n'importe quoi sur The Acolyte.
J'ai préféré attendre la mi-saison pour dresser un premier bilan de la petite dernière des live action et autant vous dire que si comme d'habitude il y a un juste milieu que les pros et les antis ignorent allègrement ce n'est tout de même pas brillant. 

Hopopop calmez vous si tous ces sabres vous font fantasmer des combats épiques

Hopopop calmez vous si tous ces sabres vous font fantasmer des combats épiques

C'est quoi The Acolyte ?

Un siècle avant La Menace Fantôme alors qu'ils se trouvent au sommet de leur puissance les jedi font face à un mal inconnu. 
L'un des leurs a été assassiné à la suite d'une bagarre dans une cantina et les premiers témoignages accusent une ancienne padawan qui a quitté l'Ordre il y a des années de cela. Le maître Sol appuyé par d'autres chevaliers est dépêché pour faire la lumière sur cette affaire et les choses se compliquent lorsque l'accusée nie en bloc être impliquée. 

Pendant ce temps sous les ordres d'un Sith inconnu l'assassin poursuit sa route et traque plusieurs jedi qui ont été impliqués il y a bien longtemps dans une sombre affaire.

En toute franchise je ne peux pas en dire plus sans révéler certains points du scénario, bien que je sois conscient qu'il ne faudra pas plus de dix minutes à la série pour vendre la mèche sur l'assassin (et il y a de fortes chances si vous avez plus de 15 ans que vous ayez deviné en lisant mon pitch où se trouve le twist). 

Et pour être totalement honnête le postulat est une excellente idée ! Franchement une histoire de tueur en série où les jedi seraient les proies d'un assassin revanchard je dis banco ! Une série où les jedi seraient à leur apogée et interviendraient comme des flics à travers la galaxie ? Putain, bien sûr que j'ai envie de voir ça ! 

Malheureusement il y a déjà eu des cas de publicité mensongère par le passé en ce qui concerne la franchise, mais là on a atteint des sommets jusque là jamais vus ! 

Du coup, c'est nul ? 

Mais je n'ai pas envie de tirer sur l'ambulance sans expliquer pourquoi mon viseur est pointé sur la croix rouge, surtout que n'en déplaise à ceux qui review-bombent il y a tout de même quelques bons éléments à relever dans cette série. 

A commencer par l'idée de traiter les jedi comme des inspecteurs intervenant sur des scènes de crime et traquant des criminels.
Déjà l'idée est cohérente avec le canon puisque dans L'Attaque des Clones Mace Windu déclarait à cette petite p*** de Palpatine "Nous sommes les garants de la Paix nous ne sommes pas des soldats". 

Mais en plus dans les faits voir par exemple Yord placer sa main sur son sabre discrètement lorsque le ton hausse dans un interrogatoire comme un flic qui poserait la main sur son arme de service, c'est le genre de détails qui rendent le personnage hyper classe. Sans rire voir Jecki piloter un genre d'hélico et braquer un projecteur sur un suspect en criant "au nom de la République rendez vous vous êtes cerné" c'est quelque chose que j'adore et la série n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle embrasse complètement son concept d'enquête policière à la sauce Star Wars. 

Quoique il y aura tout de même cette séquence à la fin du quatrième épisode qui aussi frustrante soit-elle fait partie de ces rares moments de la saga où je me suis dit "il y a un os, les personnages savent qu'il y a un os il va se passer un truc terrible". 

Clairement je dois accorder à la série d'avoir su offrir l'une des meilleures entrées de méchant de la franchise avec cette petite séquence à la limite de l'horrifique où la présence d'un monstre est suggérée via la lumière qui se barre au fur et à mesure jusqu'à ce que l'individu ne débarque pour de bon et ne calme tout ce joli monde. 

Si toute la série était imaginée pour proposer ce genre de moments et de personnages à chaque séquence, je vous assure sans langue de bois que j'étais près à la classer parmi les meilleures productions live, d'autant plus que les décors sont très réussis et que bien que discrète la musique a de petits airs de John Williams très appréciable.

Malheureusement nous n'avons pas Dave Filoni ou Jon Favreau à l'écriture mais Leslye Headland.

 

C'est tout de même un plaisir de retrouver le Temple pour de vraies séquences

C'est tout de même un plaisir de retrouver le Temple pour de vraies séquences

L'écriture sans subtilité

Comprenez moi bien, je fais partie de ceux qui se font régulièrement traiter de pigeons ou de traîtres pour oser défendre Les Derniers Jedi et la majorité des productions depuis le rachat de la licence par Disney... Donc clairement je ne pense pas être ce que l'on appelle un hater qui risque l'AVC à chaque fois qu'il voit le logo de la firme aux grandes oreilles. 

Je n'aime pas critiquer ce qui restera toujours ma saga de coeur, mais pour cette fois il faut le dire l'écriture est une véritable catastrophe. 

Parce que les bonnes idées sur les personnages et de mise en scène dont je vous parlais jusque là ne représentent finalement que trente pour cent à tout casser de la série. 

Le reste du temps nous avons droit à des dialogues qui se pensent philosophies et à des situations complètement ridicules dont on se demande bien comment chez Lucasfilm personne ne s'est dit "euuuh les mecs là y'a un gros problème". 

Il y avait pourtant de bonnes pistes à exploiter pour rendre le récit prenant et efficace, le problème c'est que la showrunneuse ne sait pas faire dans la subtilité : le twist concernant l'identité de l'assassin ? Qui ne l'a pas compris dès la première séquence avec Osha ? Il suffit de regarder la longueur des cheveux pour comprendre. Résultat la révélation sensée être un bouleversement qui arrive en cours d'épisode fait "pschit" parce que le spectateur n'est pas aussi con que Headland semble le croire. 

De plus si j'apprécie l'idée de savoir sacrifier des personnages (chose que Star Wars ne fait presque plus depuis le rachat, l'un des rares points sur lesquels je suis d'accord avec les détracteurs) j'aurai préféré que les sacrifices soient faits au bon moment. 

Il faut cependant tempérer car l'épisode 3 étant composé d'un flashback intégral permettra de développer les victimes de l'assassin. Mais là encore l'écriture paresseuse et le montage affreux ne laissent aucun doute sur le fait qu'on reviendra encore sur ces évènements par la suite et qu'en aucun cas les choses ne se sont déroulées telles que présentées dans le troisième volet. 

Nul doute que nous reverrons les jedi décédés plus tard mais pour le moment Headland se contente d'agiter ses deux majeurs en direction des spectateurs : vous vouliez voir tel jedi ? allez vous faire voir !

On pourra dire ce qu'on voudra sur la capacité de Georges R.R. Martin à fumer ses personnages pour un oui ou pour un non mais il a au moins la décence de les présenter avant pour procurer un minimum d'émotion, chose que la série ne propose pour l'instant jamais car Headland préfère concentrer son écriture ailleurs. 

Il y a un moment où l'idéologie ça va deux minutes

En vérité lorsque c'est pertinent je n'ai strictement rien contre l'inclusion au cinéma, qui plus est dans un univers comme Star Wars qui en particulier depuis la prélogie a toujours été diversifié (à tel point que dans les romans et séries sur la Guerre des Clones on se demandait à chaque fois qu'un jedi était nommé s'il allait s'agir d'un homme, d'une femme, d'un individu à peau rouge, avec des cheveux longs ou des dreads...).

Le hic concernant The Acolyte est que sur ces quatre premiers épisodes Leslye Headland a consacré les deux premiers à teaser à travers les dialogues un sujet qui visiblement lui tient à coeur et qui se concrétise dans l'épisode 3 à savoir une planète habitée uniquement par des femmes, ce qui sous entend des relations homosexuelles chose plus si rare depuis quelques années dans la saga mais qui visiblement devait être traité comme un truc inédit. 

Mais si cela fonctionne dans Andor sans faire râler les gens c'est parce que Tony Gilroy avait fait de ses personnages des combattantes, des résistantes, des espionnes, des femmes qui avaient différentes origines sociales... Bref il en avait fait des personnages et pas des représentantes d'un mouvement qui n'existent jamais autrement que par leur orientation. 

Dans The Acolyte Headland fait exactement l'inverse en plaçant dès les premiers dialogues le fait qu'un personnage a perdu ses mères sans mentionner leurs autres spécificités (elles étaient sensibles à la Force sans être jedi, elles ont perçu les jedi comme des hostiles venus enlever leurs enfants, donc un tas d'idées sur lesquelles appuyer pour les caractériser que Headland survolera bêtement).

Et en plus d'être très maladroit le procédé est même déplacé car pour ma part aborder la sexualité dans une franchise familiale ne me semble pas pertinent, les gosses et leurs parents veulent se divertir en visitant une galaxie lointaine et rêver pas manger de la politique ou une idéologie !

Peu importe la couleur de peau ou les goûts des personnages, le coeur de Star Wars n'est pas là. Si on aime Mace Windu, Jyn Erso, Leia, Lando, Padmé, Hera, Sabine, Ahsoka, Ventress, Fennec etc ce n'est pas pour leur orientation sexuelle mais parce que ce sont des personnages aux caractères bien trempés dotés d'histoires passionnantes. 

Mais les trois quarts des personnages de The Acolyte après quatre épisodes n'ont rien à dire de plus que ce que l'on a appris dans les premières minutes du premier épisode... Et c'est vraiment dommage de voir qu'avec une telle liberté d'action pour explorer une période inédite à l'écran Headland n'ait rien trouvé de mieux à proposer aux fans. 

Et le pire c'est qu'en soi le concept de la planète matriarcale de sorcières est excellent et pas incohérent : nous avons déjà eu les Soeurs de la Nuit niveau société féministe. Mais comme les personnages passent les deux premiers épisodes à répéter en boucle ce qui s'y est déroulé il n'y a plus aucune surprise lorsque cet épisode arrive. 

Alors que là encore, l'idée était très bonne !

Sérieusement déjà que les épisodes ne dépassent toujours pas les 30 minutes au moins Mme Headland essayez de ne pas répéter la même chose à chaque fois, même si The Mandalorian avait des épisodes fedex chaque chapitre faisait tout de même un minimum avancer le fil rouge.

Et pitié ne vous en prenez pas à l'actrice ce n'est pas elle qui a écrit le scénario

Et pitié ne vous en prenez pas à l'actrice ce n'est pas elle qui a écrit le scénario

Bon je ne vais pas chambouler votre perception du monde en avouant que pour le moment je n'aime pas la façon dont Headland voit la saga.
Au passage j'ai fait volontairement l'impasse de son passé comme assistante personnelle de Harvey Weinstein parce que même si je ne comprend pas comment cette femme peut encore travailler cela n'est pas sensé influer sur les capacités d'écriture d'un scénariste. 

Mais pour autant je n'ai pas envie d'enterrer la série immédiatement ou d'imiter les abrutis qui ne supportent pas le concept d'homosexualité : le show bien que pas très bon à l'heure actuelle a tout de même quelques qualités qui je l'espère vont être transcendées lors de la deuxième moitié de la saison. 

Après tout l'espoir est un concept phare de Star Wars, alors j'ai envie d'espérer que cette histoire de jedi/flics nous offrira enfin de vrais moments épiques (parce que niveau action pour le moment n'espérez pas plus que deux minutes de sabres et de Force) et que maintenant que Headland a enfin dévoilé l'épisode qui la faisait tant frémir on va enfin pouvoir se concentrer sur l'intrigue et les personnages.

Quatre épisodes pour réconcilier tout le monde, c'est mission impossible étant donnée la qualité des quatre premiers. 

Mais rattraper le coup et renouer pour de bon avec le concept en offrant des moments de pur Star Wars, c'est encore possible et j'aime à penser que la série prendra ce chemin.

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