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Ma dose de cinéma

Snowpiercer - Le Transperceneige - Blockbuster d'Auteur

Publié le 28 Juin 2024 par Gaffeur in Science-Fiction, Bong Joon-ho, Chris Evans, Ed Harris, Octavia Spencer, Song Kang-ho

Aaah le huis clos dans un train, quelle idée géniale !

Aaah le huis clos dans un train, quelle idée géniale !

Mine de rien cela fait déjà cinq ans que Bong Joon-ho nous a servi la torgnole Parasite, permettant ainsi au cinéma Coréen de s'exporter encore plus dans nos contrées ! 
Sans rire déjà que Parasite est de base un film génial qui jongle parfaitement entre des registres pourtant éloignés, mais constater que depuis sa sortie les films asiatiques (et principalement sud-coréens) arrivent plus facilement sur nos écrans et dans nos salons via les DVD, cela me donne encore plus envie de l'aimer ! 

Mais tandis que le prochain film du réalisateur n'est attendu qu'en janvier 2025, du côté des inconditionnels de Bong Joon-ho on se demande comment patienter jusque là. 
La réponse en soi est évidente : en profiter pour se refaire la filmographie du gaillard qui ne manque pas de pépites ! 

Alors qui de Memories of Murders, Mother et autres The Host serait le plus intéressant à revoir ? Pour ma part au risque de surprendre étant donné le titre de cet article je dirai Memories of Murders, mais si j'ai choisi de vous parler de Snowpiercer c'est pour une très bonne raison.

En effet à l'heure actuelle Netflix s'est apparemment emparée des droits pour produire une nouvelle adaptation de la bande-dessinée dont le film était une première adaptation. Et comme pour ma part je ne peux plus blairer ce service depuis l'an dernier entre leurs relectures historiques et leur nouvelle politique en matière de non partage de compte, je me suis dis que s'il y en avait parmi vous qui souhaitaient découvrir cet univers il valait mieux leur présenter une version signée d'un des meilleurs réalisateurs actuels !

Et le meilleur c'est que cet univers se prête parfaitement au style du cinéaste, ce qui donne à l'arrivée l'une des rares adaptations à être à la fois un bon divertissement mais également un bon film dans la carrière de son auteur. 

On a faim ! On a faim ! On a faim ! Le peuple il a faim et il veut changer de régime

On a faim ! On a faim ! On a faim ! Le peuple il a faim et il veut changer de régime

La fin du monde à 200 à l'heure

Dans une trentaine d'années suite au réchauffement climatique les autorités n'auront pas réussi à réduire la montée des eaux et la hausse des températures, entraînant le monde dans une apocalypse glaciaire... Quoi ?
Nan, rassure vous je ne fais que pitcher un film voyons !
Je reprend : pour préserver l'humanité un inventeur génial passionné de locomotives met au point le Snowpiercer, un train immense qui fait le tour du globe sans s'arrêter et à bord duquel tout se trouve pour que les derniers représentants de notre espèce puissent survivre.
Mais même dans de telles conditions, les inégalités poussent certains à la révolte. 

Le film n'est peut être pas le plus subtil de son auteur, mais bon sang ce que ce pastiche post-apocalyptique peut être jubilatoire dans ses thématiques !
Dès les premières minutes avec ce discours affreux d'une Tilda Swinton détestable à souhait Bong Joon-ho happe son public qui s'attendait à un film de survie mais qui va se retrouver en face d'une lutte des classes sans pitié !

Car derrière son spectacle et la maestria de sa mise en scène se cache en réalité un pamphlet corrosif où les barrières entre les plus pauvres et les plus riches ne demandent qu'à voler en éclat afin de refléter cette idée que fin du monde ou pas l'Homme ne se lassera jamais de saisir une occasion d'écraser les plus faibles pour assurer son confort. 

Un film qui se renouvelle sans cesse

Débutant dans le wagon de queue, le film nous plonge aux côtés de Curtis un jeune homme farouche bien décidé à franchir le contrôle des soldats avec les autres occupants des compartiments prolétaires pour progresser dans le train et obtenir de meilleures conditions de vie. 

En plus d'être une métaphore géniale de la lutte des classes, Snowpiercer est un film qui va constamment déjouer les attentes de son public et surtout lui donner l'envie de systématiquement savoir ce qui se cache derrière la prochaine porte !

C'est une idée toute simple, mais si on peut être déçu par ce que nous réservera le wagon où sont fabriquées les barres de protéines (on se doutait bien que ce n'était pas fait avec le bon blé du Géant Vert) le fait qu'on ne sache pas ce que cache le prochain ni combien il y a d'autres voitures est un procédé suffisamment efficace pour nous tenir en haleine !

Et des surprises croyez moi il va y en avoir, qu'il s'agisse des personnages tous plus barrés les uns que les autres ou du contenu de chaque wagon le film entend bien placer la barre toujours plus haut à chaque fois que Song Kang-ho fera péter une porte (oui on est chez Bong Joon-ho, il faut bien qu'il y ait Song Kang-ho quelque part !). 

Ecoutez moi bien, d'un côté il y aura les vilains, et de l'autre les pas beaux, capice ?

Ecoutez moi bien, d'un côté il y aura les vilains, et de l'autre les pas beaux, capice ?

Le sujet parfait pour Bong Joon-ho

On pourrait en fait se demander comment un truc aussi improbable a pu arriver : une adaptation d'une BD française par un cinéaste Sud-Coréen il faut dire que ce n'est pas le genre d'association qui coulait de source.

Mais c'est sans compter sur le style du réalisateur de Memories of Murders qui a certainement vu dans le matériel de base une idée qui collait parfaitement à son cinéma : lui qui s'est régulièrement servi du grand spectacle pour servir son cinéma d'auteur ne pouvait effectivement pas rêver meilleure histoire. 

Car si chaque wagon fait basculer le film dans le burlesque, puis le survival horror ou encore dans l'actioner pur avec des combats longs et sanglants, la toile de fond reste la thématique si chère au cinéaste : les inégalités entre les hommes et la façon dont ces derniers s'auto-exploitent arbitrairement. 

Sans concession le cinéaste s'amusera comme un petit fou à opposer les plus pauvres qui ont le courage et la détermination aux riches qui n'ont que le confort et l'égoïsme et finalement malgré les apparences le film n'est pas une commande exécutée par un grand réalisateur pour pouvoir financer son prochain chef d'oeuvre mais bel et bien un pur objet de cinéma qui s'insèrera parfaitement dans sa filmographie. 

Toujours aussi énorme ce gars

Toujours aussi énorme ce gars

Difficile de parler du film sans risquer de trop en dire d'où un article peut être plus court que d'habitude. Mais ce serait vraiment criminel de vous gâcher la moindre des surprises qui attendront les membres du commandos de Chris Evans, car le film ne cesse jamais de déjouer les attentes jusqu'à la terrible confrontation finale avec un Ed Harris parfait. 

Certes certains wagons pourront être un peu trop "prévisibles" ou un peu trop décalés, mais dans l'ensemble l'effet de surprise sera présent d'un bout à l'autre du train... Euh, du film ! 

Si vous avez envie de voir une oeuvre conceptuelle qui allie spectacle et réflexion avec en prime une galerie de personnages tous plus savoureux les uns que les autres je ne peux qu'insister sur la qualité du film et d'insister davantage si vous aimez le style du réalisateur ! 

C'est bête mais à l'heure actuelle alors que certains studios se font hara-kiri en essayant d'être progressistes avec leurs gros sabots, se dire qu'il y a dix ans Bong Joon-ho réunissait Chris Evans, Jamie Bell, Octavia Spencer, Song Kang-ho, Ed Harris, John Hurt ou encore Ewen Bremer et Luke Pasqualino pour un film qui traitait de l'Humain contemporain en plaçant ses personnages au même niveau...

Personnellement je trouve que cela rend le film encore plus efficace et visionnaire : l'époque où on savait faire de la diversité pertinente avant que le woke ne s'en mêle et ne change le cinéma en carnaval.

Note : 3.5/5

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S
Super article ! Je n'ai pas vu beaucoup de Bong Joon-ho mais The Snowpiercer m'a beaucoup marqué. Comme tu dis, le film est bourré de surprises, ça ne s'arrête jamais de surprendre.
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