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Ma dose de cinéma

Otage - Un vrai faux Die Hard ?

Publié le 26 Juin 2024 par Gaffeur in Suspense, Thriller, Bruce Willis

Ne vous fiez pas au gros flingue, on est bien devant un thriller pur !

Ne vous fiez pas au gros flingue, on est bien devant un thriller pur !

De toutes les mauvaises nouvelles qui se sont accumulées depuis 2019, l'une des plus touchantes aura sans conteste été l'annonce de la retraite de Bruce Willis pour cause de maladie mentale incurable. 
Si il arrive que les internautes s'écharpent lorsqu'une new sur une célébrité tombe, l'annonce aura attristé chaque spectateur car Bruce Willis fait partie de ces visages avec lesquels tous ont grandi ou ont été épatés.

Pulp Fiction, Le Cinquième Elément, L'Armée des Douze Singes, Sin City, Mon Voisin le Tueur, Le Chacal sans oublier la saga Die Hard, Bruce Willis fait partie de ces rares acteurs à avoir su briller dans chaque film, qu'il soit une simple comédie ou un film d'auteur, sublimant au passage le film en question. 

Bref imaginer que le héros d'Incassable ne reprendrait plus les chemins des plateaux et que ses derniers films seront hélas d'obscurs navets dans lesquels l'acteur conscient de sa maladie a cachetonné pour assurer un certain confort financier à ses proches, c'est une idée qu'à titre personnel j'ai toujours du mal à accepter...

Pire cela signifie également pour chaque fan de la saga Die Hard que le tas de m... je veux dire le cinquième... Je veux dire le film réalisé par John Moore sur lequel on a collé le titre Die Hard 5 sera à jamais la dernière apparition de John McClane au cinéma. 

Mais chaque acteur a ses films plus ou moins secrets aussi si vous êtes de ceux pour qui la saga du flic le plus poissard de l'histoire du 7ème Art ne comporte que quatre films (si si j'ai bien dis quatre le volet de Wiseman étant à mes yeux une belle surprise) le film d'aujourd'hui pourrait bien attirer votre attention. 

Otage est un thriller réalisé par le français Florent Emilio Siri (que Bruce Willis avait souhaité comme réalisateur après avoir découvert Nid de Guêpes) ainsi qu'une adaptation du roman Otages de la Peur sortie en 2005 et qui fut disons le un échec : 77 millions de patates de recettes pour un budget de 75 millions du même tubercule ce n'était pas bien folichon. 

Mais un échec commercial n'est pas toujours synonyme de mauvais film (coucou Furiosa) et le film ne devrait pas manquer de vous divertir si vous en avez marre de regarder en boucle les quatre volets de Die Hard... Si tant est qu'on puisse être vraiment lassé de ces films évidemment !
 

Bruce Willis avec des tifs et une barbe, même si ce n'est que le prologue pour la peine je l'affiche !

Bruce Willis avec des tifs et une barbe, même si ce n'est que le prologue pour la peine je l'affiche !

Encore un flic brisé

Débutant dans une banlieue pauvre de Los Angeles, Otage nous propulse au coeur d'un siège urbain : un forcené est retranché chez lui et menace d'éliminer toute sa famille. Sur place Jeff Talley le meilleur négociateur du SWAT fait tout pour empêcher la situation de virer au bain de sang, en vain. 
Quelques mois après cet échec alors que sa vie de famille bat de l'aile Jeff se retrouve à nouveau malgré lui sur les lieux d'une brise d'otages : trois jeunes se sont introduits dans la villa d'un riche habitant et détiennent le père et ses deux enfants. Mais la situation va devenir personnelle lorsqu'un groupe mystérieux va forcer Jeff à gérer la situation pour récupérer un document top secret en enlevant sa famille. 

Impossible en regardant ce pauvre Jeff subir les rebondissements du scénario de ne pas penser à John McClane : même si le personnage est bien plus sombre et sans punchline, Bruce Willis se retrouve à nouveau dans la peau d'un flic qui n'a rien demandé et dont la vie de famille se retrouve mêlée à une situation périlleuse. 

Visiblement très à l'aise avec ce genre de personnage Bruce Willis se montre parfait et réussi à convaincre avec un jeu bien moins "action-hero" qui rend Jeff plus humain que les autres personnages campés par le comédien. 

Certes on pourrait se dire que l'acteur dans le fond ne prend pas de risque, mais quel plaisir de se retrouver avec un concept bien die-hardesque avec cette idée de huis clos digne des premiers volets de la saga, avec en prime une approche plus soft qu'on ne pourrait le croire.

Le suspense plutôt que l'action

En vérité associer Bruce Willis au mec qui a réalisé Nid de Guêpes aurait pu donner lieu à un produit hollywoodien bien bourrin où les balles auraient sifflé à chaque séquence et où les preneurs d'otages auraient été au moins vingt histoires de permettre au héros de dégommer une horde de vilains pendant 90 minutes !

Mais à l'arrivée Otage n'est pas un film qui fait la part belle à l'action. 
Le prologue donne d'ailleurs le ton de ce que sera le long métrage : une situation nerveuse où si les armes sont présentes leur utilisation signifiera l'échec et où la discussion sera la meilleure arme du protagoniste. 

Alors certes il y aura bien quelques rafales vers la fin du film (on est à Hollywood tout de même) mais globalement les coups de feu sont rares et Siri mise plutôt sur une atmosphère oppressante que sur la capacité des personnages à faire parler la poudre.

On retiendra par exemple lors de l'investissement de la maison par les délinquants un style proche de l'horrifique avec deux ou trois jump-scares qui rendent l'intrusion aussi horrible que doit l'être une véritable situation similaire. 

En général lorsqu'un français s'essaye au cinéma américain cela donne toujours des produits ultra spectaculaires riches en action histoire de peut être se faire remarquer par les grosses pointures du genre, mais cette mise en scène angoissante et presque sobre est aussi inattendue qu'efficace. 

Et donc, tu aimes les films de gladiateurs ?

Et donc, tu aimes les films de gladiateurs ?

Des antagonistes mémorables

Mais ne passons pas sous silence le véritable point fort du film :  les méchants, à commencer par Mars.
Il faut toujours dans une bande de malfaiteurs un individu complètement timbré, et de la même manière que les Dogs de Tarantino avaient Mr Blonde, le trio de Otage a Mars.

Jeune gothique en apparence très calme le jeune homme cache en fait un véritable arsenal ainsi qu'une folie extrême qui le conduiront à prendre de nombreuses vies au cours du film, et souvent de faon inattendue. 

Interprété par un Ben Foster jusqu'alors presque inconnu, Mars est l'un des personnages les plus effrayants que le polar US ait proposé, le fait qu'il ne soit qu'un ado en perdition rendant ses actes encore plus choquant pour le spectateur qui ne s'attendait pas à de telles actions de la part d'un jeune homme qui semblait si calme. 

Et le calme, c'est justement ce qui va caractériser les ennemis de Jeff.
A l'instar d'un Hans Gruber les preneurs d'otages (du moins ceux qui ont pris la famille du policier) ne sont pas des malades de la gâchette ultra-nerveux. 
La politesse et le professionnalisme du chef cagoulé sera en particulier une idée de génie car contrastant avec la tension qui règne lors de ses apparitions et de ses appels. 

Bref là aussi on est très loin du crétin de Die Hard 5 qui dansait en mangeant des carottes !

Profitez de ce gunfight ce sera le seul !

Profitez de ce gunfight ce sera le seul !

En exploitant à merveille son décor principal ainsi que sa tête d'affiche, Florent Emilio Siri signe un film tombé dans l'oubli mais qui pourtant se révèle l'un des thrillers les plus sombres et efficaces des années 2000. 

Qu'il s'agisse des escapades du gamin dans les conduits d'aération, du suspense qui gagne le public à chaque appel du ravisseur ou de la tension qui règne lors de chacune des négociations, Otage est un film sans grande prétention mais qui pourtant fait beaucoup mieux que la plupart des blockbusters qui ont jalonné la carrière de Bruce Willis. 

Pesant, riche en surprises et comportant l'un des meilleurs psychopathes de l'histoire des prises d'otages cinématographiques le film mérite d'être redécouvert afin de rendre honneur à notre Bruce préféré qui livrait là l'une de ses prestations les plus sous-cotées. 

note : 3.5/5

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S
Tout à fait d'accord, j'ai toujours adoré ce film ! J'aurais aussi mentionné la musique d'Alexandre Desplat qui apporte une atmosphère assez dingue.
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