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Ma dose de cinéma

Furiosa : Une Saga Mad Max - Vous attendez quoi ?

Publié le 1 Juin 2024 par Gaffeur in Action, Chris Hemsworth, Anya Taylor-Joy, Georges Miller, Mad Max

Du feu, des moteurs, du chaos, pas de doute c'est bien du Mad Max !

Du feu, des moteurs, du chaos, pas de doute c'est bien du Mad Max !

Dans la série "tiens prends toi ta baffe en pleine poire" l'arrivée de Furiosa se pose là : cela fait en effet déjà dix ans que Fury Road a scotché les spectateurs à leurs sièges en dépoussiérant au passage la saga Mad Max

Et clairement je ne m'explique toujours pas ce délai ahurissant entre les deux épisodes, car bien que Fury Road n'était pas en termes de box office un carton intersidéral rarement un blockbuster avait su mettre tout le monde d'accord sur sa qualité et sur le potentiel de son univers. 

Sans aller jusqu'à rebooter complètement sa franchise Georges Miller avait su en changeant l'acteur principal proposer une autre toile de fond toujours post-apocalyptique mais sans donner le moindre détail sur l'intrigue autrement que par les décors et les accessoires. 

Parce qu'en vrai à aucun moment dans l'histoire de la saga Miller ne s'est appliqué à montrer comment le monde a basculé et comment les personnages croisés par Max en étaient arrivés là. 

Furiosa fait ainsi doublement figure d'exception dans la série puisque non seulement pour la première fois Miller va livrer un film ne mettant pas en scène l'ex-policier australien mais en plus il s'agit d'une suite se déroulant dans la même localité que le volet précédent.

On pouvait craindre qu'apporter trop de réponses pourrait faire perdre de son charme à la franchise tout comme l'absence de Max serait un grand risque.

Un risque qui explique peut être pourquoi le film se viande au box office malgré des retours faramineux, à moins qu'il ne paie les pots cassés de plusieurs années de franchises ultra-féminisées ou wokisées ?

Pour une fois, je l'ai adorée !

Pour une fois, je l'ai adorée !

Une histoire en cinq chapitres

Débutant une quinzaine d'années avant les évènements de Fury Road, le film nous présente l'enlèvement de Furiosa par une horde de bikers dirigés par Dementus, un leader religieux et guerrier qui règne sur sa troupe comme un général romain. 

Le sous titre du film promettant une saga ne sera pas trompeur puisqu'en définitive chacun de ces cinq chapitres sera différent du précédent et proposera à chaque fois de développer la Désolation ainsi que le personnage de Furiosa afin de parfaitement connecter le tout au premier film situé sur les terres d'Immortan Joe. 

Presque un film à sketches, Furiosa embarque le spectateur à travers chacun de ses chapitres dans une histoire de vengeance qui rendra hommage à chaque film de la saga numérotée. 

Il y a un peu du Dome du Tonnerre avec ces premières images d'enfants dans la forêt tandis que Pétroville rappellera le second volet et son mythique siège d'une raffinerie de pétrole, mais revu au goût du jour avec ce qui faisait le sel de Fury Road : des personnages intrigants depuis le rôle principal aux plus furtifs figurants. 

Le moindre motard de la bande de Chris Hemsworth pourrait ainsi avoir un background rien qu'en observant sa moto ou son "armure" et le film regorge de ces petits trucs qui font que l'univers reste sans arrêt cohérent, mystérieux et avec ce décalage qui le rendrait presque nanardesque dans les mains d'un autre réalisateur. 

Un univers intelligemment exploité

Mes craintes de voir un monde trop démystifié ont ainsi été balayées : oui ce spin off va creuser ce que le précédent film a construit sans pour autant user le concept jusqu'à la moëlle et sans oublier d'apporter du neuf !

On découvrira ainsi les lieux seulement mentionnés par le passé qui nous feront prendre conscience de l'empire sur lequel règne Joe. Un empire jamais vraiment acquis puisque les nouveautés en question vont remettre en question l'ordre établi en apportant leur propre mythologie à celle instaurée par le chef des Warboys. 

Loin de la relecture motorisée du Valhalla et des croyances nordiques, la horde de Dementus suit son chef comme un messie qui doit les conduire vers la Terre Promise. 

La "cour" de Chris Hemsworth est ainsi composée de maboules aveuglés par leur leader charismatique et quasi-religieux qui constitueront une force d'opposition suffisamment importante et déterminée pour mettre en péril Immortan Joe. 

On ne s'attendait certainement pas en s'installant dans la salle à découvrir une croisade post-apocalyptique alors qu'on espérait un simple préquel dans le même monde que Fury Road !

Et c'est bien là tout le génie de Miller : on aurait pu croire que le film serait répétitif ou qu'il singerait facilement le précédent mais à l'instar des autres volets il a sa propre histoire et construit sa propre mythologie en s'insérant parfaitement dans la chronologie ou presque.

Oui il y a Thor avec un nez de sorcière, mais aviez vous reconnu le mec à droite ?

Oui il y a Thor avec un nez de sorcière, mais aviez vous reconnu le mec à droite ?

Furiosa, portrait du vrai féminisme

Mais abordons un peu la question de celle qui a poussé Georges Miller à enlever Max de Mad Max !
Il est vrai que le quatrième volet était presque un passage de relais dans le fond : Max était passif pendant le premier acte et à l'issue de sa collaboration avec Furiosa il la laissait elle l'héroïne de la citadelle avant de discrètement s'éclipser. 

Il y a donc une certaine logique dans la venue de ce spin off puisque le flambeau semblait passé à l'issue de la mort de Joe. 

Pour autant Miller ne tombe pas dans le piège du féminisme à outrance et ne fait à aucun moment de l'héroïne une figure sans failles et sans défauts.

Furiosa est à l'instar de Max ou du Prétorien Jack (un nouveau venu campé par Tom Burke dont le style évoquant Mel Gibson est parfait) un personnage qui devra s'adapter mais aussi compter sur des alliés pour parvenir à survivre dans ce monde de fous furieux. 

Miller ne traite pas Furiosa comme une femme dans un monde de mecs mais comme un humain dans un univers sans règles, et c'est bien pour ça que son film abordera le féminisme de façon bien plus efficace que la concurrence.

Et alors moi qui ne suis pas un grand admirateur d'Anya Taylor-Joy je dois dire qu'elle se révèle un choix parfait pour une version jeune de Charlize Theron avec une vraie force brute dans son jeu et ses déplacements. 

Petite sortie de route sur la fin

Malheureusement aussi jouissif que puisse être ce premier (et probablement dernier) spin off, Miller semble avoir commis une erreur de taille : avoir réalisé ce film avant Mad Max 5

Il l'a affirmé en interview il a encore une histoire à raconter sur Max et il l'imagine comme un Fury Road 0.5 qui pourrait ainsi terminer une trilogie dérivée de l'originale. 

Et cela se ressent dans certains points du scénario, parce que si Furiosa complète très bien Fury Road, l'intrigue semble apporter ses propres zones d'ombres.
Que deviennent certains personnages ? Et pourquoi Furiosa est-elle à ce point aussi en pétard contre Joe ?

D'ailleurs le film aurait mieux fait de s'achever avec le plan du partage de la pêche car bien qu'on comprenne la volonté de Miller de raccrocher directement avec le quatrième opus il y a un vrai soucis de cohérence dans le physique de Furiosa ainsi que dans la chronologie.

Et le vrai gros problème auquel Miller n'a peut être pas pensé c'est qu'à l'heure actuelle le film se prend une taule monumentale et que le financement du prochain semble plus que compromis... Aurons nous droit à un troisième film sur la Désolation pour compléter les derniers trous du scénario ? Rien n'est moins sûr.

Arrêtes ton char Ben-Hur !

Arrêtes ton char Ben-Hur !

Fury Road était le film qui montrait à quel point Miller était imbattable lorsqu'il s'agissait de filmer une course-poursuite endiablée dans le désert, Furiosa est le film qui montre que son envie de voir en grand n'a pas été altérée par l'âge.

Parce que même si les dernières minutes ne m'ont pas tout à fait convaincu je reste encore sous le choc de ce que le film m'a offert en l'espace de 2h30 : une poursuite géniale de 15 minutes avec camions, parapentes et autres masses d'armes géantes, puis une croisade religieuse, l'attaque d'une place forte truffée de munitions, une relecture du sniper pendant son long prologue, des personnages tous plus barrés les uns que les autres...

La liste est longue et franchement cela fait mal au coeur de voir un film aussi généreux avec son public se viander comme ça. 

Note : 4/5

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