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Ma dose de cinéma

JFK - Le plus gros coup de poing d'Oliver Stone ?

Publié le 18 Mai 2024 par Gaffeur in Historique, Oliver Stone, Thriller, Kevin Costner, Tommy Lee Jones, Gary Oldman, Donald Sutherland

JFK - Le plus gros coup de poing d'Oliver Stone ?

Oliver Stone. 

Voilà un nom qui dans le monde du cinéma occupe une place assez à part puisque rarement un cinéaste aura autant divisé les critiques et le public selon ses films et selon l'époque. Génie pacifiste pour certain, complotiste pour les autres le nom d'Oliver Stone est en général synonyme de débats et de passions. 

Bon ok il est aussi associé à l'un des pires péplums jamais produits, mais chaque réalisateur aussi génial soit-il a forcément eu ses moments de faiblesses. 

Réalisateur d'une trilogie choc consacrée à la guerre du Vietnam (dont l'inoubliable Platoon qui reçu l'Oscar du meilleur film en 87), Stone a marqué les années 80-90 en s'acharnant à saisir sur grand écran le drame d'une génération sacrifiée à laquelle il appartient puisque mobilisé et blessé deux fois au cours du conflit.

Ainsi Platoon, Né un 4 Juillet et Entre Ciel et Terre évoquaient ouvertement le sort des soldats, The Doors dépeignait la détresse d'une jeunesse désespérée souhaitant une paix qui ne venait jamais. N'allez pas croire que Stone s'était accordée cet interlude musical par simple adoration du groupe de Morrison, The Doors s'inscrit parfaitement dans sa représentation des seventies. 

Mais aussi cultes et marquants que puissent être ces films, aucun n'a chamboulé aussi profondément le public que JFK

Parce que si Stone s'est attaqué au "comment" de la guerre du Vietnam, il s'est également intéressé à la question "par qui ?"

Même ce genre de séquence académique passionne

Même ce genre de séquence académique passionne

22 Novembre 1963

A une époque je pense que rappeler qui était John Fitzgerald Kennedy ainsi que le jour de son assassinat n'était pas nécessaire lorsqu'on parlait du film. Pourtant cela fait déjà 60 ans que l'ancien président a été assassiné officiellement par une balle magique tirée par un tireur solitaire identifié rapidement comme étant Lee Harvey Oswald. 

Et aujourd'hui malheureusement l'affaire JFK n'occupe plus tellement les pensées alors que paradoxalement la déclassification des preuves retenues par la CIA et le FBI depuis soixante ans a commencé ces dernières années. 

JFK est ainsi un film assez unique dans l'histoire du cinéma car s'il fit suffisamment de bruit lors de sa sortie pour motiver une nouvelle commission d'enquête de la part du gouvernement américain, aujourd'hui on ne se presse pas plus que ça pour achever de résoudre ce qui est encore l'un des meurtres les plus célèbres de l'Histoire. 

Cette quasi-indifférence de l'américain moyen contemporain rend ainsi la plaidoirie finale de Kevin Costner encore plus émouvante, car le message véhicule semble avoir échoué : transmettre aux générations suivantes la niaque de ne rien lâcher et d'obtenir la vérité sur ce que certains qualifient de coup d'état. 

Une contre enquête inouïe

Le fait qu'aujourd'hui la déclassification de documents par Joe Biden ne mérite pas plus qu'une brève entre deux grands reportages sur la tendance Tiktok actuelle m'a ainsi fait me demander s'il était pertinent de relancer le film aujourd'hui, moi qui ne l'avais pas revu depuis une quinzaine d'années. 

Et pourtant à ma grande surprise le film n'a rien perdu de sa puissance, bien au contraire ! 

On pourrait peut être lui reprocher un début un petit peu brutal dans le sens où les images d'archives se bousculent pendant plusieurs longues minutes pour bombarder le spectateur d'informations sur la situation du pays à l'arrivée au pouvoir de Kennedy et ce qui l'a conduit à cette fatale visite à Dallas. 

Mais cette surabondance d'informations et images d'archives, Stone va s'appliquer pendant trois heures à les décortiquer en s'inspirant de la contre-enquête menée par le procureur Jim Garrison qui a donné naissance à la plus célèbre théorie du complot. 

Trois heures au cours desquelles Stone a eu l'audace d'ouvertement prendre parti en bon vétéran traumatisé qu'il est au point de rajouter des séquences non-factuelles. 

Mais d'une part étant donné qu'il ne s'agit pas d'un documentaire le procédé n'est pas interdit et de l'autre les résultats de la seconde commission d'enquête ont quasiment donné raison au réalisateur, faisant passer le film d'oeuvre conspirationniste au statut de visionnaire. 

L'un des meilleurs monologues de l'histoire du 7ème Art

L'un des meilleurs monologues de l'histoire du 7ème Art

Plus effrayant qu'un film d'horreur

L'une des plus célèbres séquences "fictives" sera sans conteste cette discussion de quelques minutes où Garrison rencontre un ancien haut placé de l'armée et de la CIA se faisant appeler Monsieur X. 
Une séquence géniale se déroulant en prime dans un cadre des plus symboliques : le Lincoln Memorial.

Devant la statue d'un autre président assassiné Donald Sutherland effectue un braquage complet en déroulant un monologue expliquant toute la machination ayant conduit à la mort de Kennedy, volant la vedette à un Kevin Costner pourtant magistral mais qui ne peut que s'effacer devant le jeu habité de son collègue.

Sublimée par une bande-son angoissante à souhait signée John Williams la scène fait basculer le film jusque efficace thriller dans des eaux qui le rapprochent presque de l'horrifique. 

Parce que dans tout grand film il y a un méchant mémorable. 

Dans JFK ce méchant pourrait être Tommy Lee Jones qui incarne Clay Shaw, un ancien de la CIA qui semble être à la base du complot, mais en réalité le méchant n'est jamais aussi bien représenté que par ce "ils" qui reviendra régulièrement au cours du film et qui se montrera lors de la conversation entre Garrison et Monsieur X. 

Un méchant qui n'a pas de nom, un méchant qui agit au nom du profit, un méchant symbolique d'une telle puissance qu'il pourrait décider de mettre à mort ni plus ni moins que le Président des Etats-Unis.
Un méchant qui malgré des preuves et des témoins par dizaines serait capable d'effacer ses traces en jugeant bon pour le public de dissimuler des informations importantes tandis que la chance provoquerait des décès accidentels parmi les témoins. Et en plus de ça, un méchant qui est parfaitement conscient que le jour où la vérité éclatera il ne serait plus là depuis longtemps et que par conséquent il ne sera jamais inquiété et encore moins puni. 

Je persiste et je signe : JFK contient la plus grande entité maléfique du 7ème art, les démons, vampires et autres peuvent tous aller se rhabiller. 

Stone tient le fusil, et c'est le gouvernement de l'époque qui est visé

Stone tient le fusil, et c'est le gouvernement de l'époque qui est visé

Finalement maintenant que j'y pense, JFK est loin d'être has been et reste au demeurant très pertinent surtout après les années que nous venons de passer et les différents scandales et mystères qui les entourent. 

Je ne veux pas tomber dans la comparaison facile d'autant que je n'ai pas vu le film en question, mais il y a quelques mois Sounds of Freedom était conspué par les critiques et les politiques. Le film fut ainsi faiblement distribué, les séances probablement sabotées (beaucoup de projections sans son lors de séquences importantes quand on ne servait pas carrément l'excuse de l'incident technique pour interrompre totalement la diffusion) et le sujet extrêmement sensible n'a visiblement pas plu à nos chères élites. 

Aussi si un film comme JFK qui à l'époque fut moqué par beaucoup de journalistes (Walter Cronkite qui avait annoncé le décès de Kennedy déclara que le film de Stone ne contenait pas un brin de vérité) est aujourd'hui reconnu par la presse 30 ans plus tard comme un chef d'oeuvre conspirationniste (et non pas complotiste donc), pourrait-il y avoir d'autres films et d'autres sujets brûlants que certaines castes ne souhaitent pas voir ébruités ? 

JFK malgré le faible intérêt de la population actuelle pour l'affaire Kennedy demeure un film extrêmement important pour une seule raison : il rappelle aux gens de se méfier de leurs gouvernants. 

Note : 5/5

 

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