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Ma dose de cinéma

Spartacus - La série qui n'avait pas de limites

Publié le 15 Février 2024 par Gaffeur in Série, Péplum

Je me rappelle la première fois que j'avais entendu parler de la série Spartacus : Le Sang des Gladiateurs dans les pages d'un célèbre magazine consacré au cinéma. 

Probablement outré par le spectacle le journaliste éclairé n'avait pas hésité à parler du nanar du moment aux effets visuels complètement kitsch et sans profondeur. 

Autant dire qu'à cette époque je ne m'y étais pas intéressé tout de suite car je croyais encore à la crédibilité des critiques presse, mais c'était avant de réaliser à quel point ce genre de revues n'osait pas vraiment oser affirmer son affection pour la culture pop, alors pour une série aussi trash tu penses !

Mais pour peu que l'on prenne la peine de s'accrocher après un ou deux premiers épisodes laborieux, on découvrira une très grande série qui contrairement à d'autres a su s'arrêter à temps. 

Le premier Spartacus avait une présence incroyable

Le premier Spartacus avait une présence incroyable

Spartacus : Blood and Sand

C'est en 2010 que la chaîne Starz diffusa le premier épisode de son show historique largement inspiré par 300 pour son visuel, avec en prime à la production la légende de l'horreur Sam Raimi. 

Comptant à son casting l'excellent John Hannah dont le contre-emploi est aussi stupéfiant que savoureux (oubliez le beau-frère gauche so brittish de O'Connel, Batiatus est clairement l'une des pires ordures du petit écran), la série piocha pour camper ses gladiateurs en Nouvelle-Zélande et affichait une sacrée brochette de biceps parmi les lesquels un certain Manu Benett ou encore Jay Courtney.

Mais surtout le show devait révéler Andy Whitfield dans le rôle principal du guerrier thrace devenu gladiateur malgré lui. 

Gorgés d'effets sanglants en CGI pas super convaincants et de décors majoritairement numériques, les premiers épisodes de la saison peinent effectivement à convaincre même pour les amoureux du film de Zack Snyder car on sent malgré tout un budget un poil serré.

La bataille d'ouverture notamment où la tribu de Spartacus s'oppose aux barbares aux côtés des romains manquent ainsi cruellement d'ampleur et de cohérence : on jurerait qu'une douzaine de soldats seulement a pris part à l'engagement. 

Mais alors que les gros plans sur les attributs génitaux masculins et sur les poitrines de femmes s'accumulent aussi vite que les gladiateurs distribuent des coups de glaive, on se surprend à constater que la galerie de personnages ne manque pas de saveur !

Même Crixus qui au début n'est qu'une brute épaisse avide de sang juste bon à coucher avec la femme du laniste finira par dévoiler une part d'humanité et par devenir l'un des plus attachants de la série. 

Dans cette première saison, les combattants sont des rock stars qui rêvent tous ou presque de livrer le meilleur spectacle possible sous les yeux d'une foule admirative. 

Treize épisodes plus tard à l'instar de ses gladiateurs  la chaîne avait réussi à conquérir le public et de nombreuses séquences cultes avaient été livrées ! On pense à la tuerie finale dans la villa Batiatus ou encore à l'épisode 6 où Batiatus dévoilera pour de bon sa part sombre. 

Autant dire qu'à l'époque, chaque spectateur avait hâte de découvrir la suite pour voir Spartacus retrouver Glaber pour une nouvelle saison épique. 

Hélas, mille fois hélas le sort allait frapper de la façon la plus dégueulasse qui soit. 
 

Gannicus assure la relève au moins

Gannicus assure la relève au moins

Les Dieux de l'Arène 

Composée de seulement six épisodes, cette saison est considérée comme une saison 0 ou un spin off selon les discussions. 

La raison de ce bond en arrière et de cette amputation de moitié du nombre d'épisodes s'explique par le cancer qui a frappé Andy Whitfield à l'issue du tournage de la première saison. 

Pour laisser le temps à leur acteur principal de se remettre et de combattre la maladie, les producteurs décidèrent pour faire patienter le public de produire une mini-saison qui allait revenir sur les évènements ayant conduits la maison Batiatus à s'élever. 

C'est ainsi que l'on découvre le ludus aux mains d'un autre Doctoré (campé s'il vous plaît par Temuera Morrison alias Jango et Boba Fett) tandis que Quintus a toutes les peines du monde à s'imposer parmi les autres lanistes de Capoue. Son seul champion est Gannicus, un celte redoutable mais intrépide et penché sur la boisson. 

Parmi les bonnes idées de cette saison se trouve toute l'intrigue autour des romains. On les avait connus ennemis jurés alors découvrir que Batiatus et Solonius étaient comme des frères à de quoi surprendre ! 

Jeux de pouvoirs, séduction, manipulation et évidemment trahisons seront les maîtres mots de cette saison tandis que les gladiateurs passent légèrement au second plan. 

Effectivement devant l'urgence de la situation on comprend que les scénaristes n'aient pas pu prévoir de longues batailles dans l'arène et hormis lors de l'épisode final et son primus enflammé il ne faudra pas espérer autre chose que quelques duels au cours de ces six épisodes. 

Cependant l'amoureux de la série sera satisfait de voir certaines questions trouver leur réponse : pourquoi Barca tient-il tant à ses pigeons ? Pourquoi Ashur a-t-il une attelle pendant les 3/4 de la première saison ? Pourquoi Batiatus est-il si cruel ? 

Enfin Dustin Clare incarne un champion bien moins strict et sanguinaire que Crixus sans pour autant dégager la même sympathie que Spartacus. Un entre-deux plutôt intéressant dont les nombreux excès de confiance provoqueront quelques situations savoureuses. 

Certes le sexe reste encore un peu trop présent (en vérité je n'ai rien contre ces séquences, ni même sur l'aspect extrême de certaines -les orgies romaines n'étaient pas réputées pour leur côté soft- mais il est vrai que dans beaucoup de cas on pourrait s'en passer) mais les CGI sont plus crédibles et il y a beaucoup plus de décors réels. 

Et puis on peut se montrer indulgent sur le côté légèrement déjà vu (encore une saison se déroulant à 80% chez Batiatus) étant donnée la situation à laquelle était confrontée la production. 

Hélas, les choses ne s'arrangèrent pas et malheureusement Andy Whitfield décéda quelques temps plus tard. 

Liam McIntyre n'a peut être pas la même présence, mais il se montre digne du rôle

Liam McIntyre n'a peut être pas la même présence, mais il se montre digne du rôle

Vengeance

Après avoir semé la mort dans les murs de la maison Batiatus, les gladiateurs et les esclaves en fuite tentent d'échapper aux patrouilles romaines tandis que le légat Caius Glaber revient à Capoue occuper les lieux. 

Nouveau visage de Spartacus, Liam McIntyre prend humblement la relève de Whitfield (qui lui aurait donné sa bénédiction avant sa mort) et ne tente pas d'en faire des caisses pour faire de l'ombre au précédent interprète du thrace. 

Bien que plus petit l'acteur dégage la bestialité nécessaire à chaque membre du casting de la série, et même si ses traits sont plus sévères il s'impose malgré tout facilement en leader charismatique des esclaves. 

Par contre cette saison sera à mon sens la moins bonne des quatre car devinez quoi ? On retourne chez Batiatus et on continue les séquences d'entraînement des gladiateurs !

Or après dix-neuf épisodes de complots dans l'atrium et dans la cour du ludus le spectateur a tout de même envie de voir autre chose comme décor et situations. 

Fort heureusement arrivée à mi-parcours la série va enfin s'affranchir (tudum tss) de la partie gladiature et faire prendre le maquis à ses personnages. 

Les scènes d'action se feront ainsi plus variées (un peu de tir à l'arc sera à prévoir) tandis que les tensions entre les factions d'esclaves rythmeront l'aventure (aaah ces germains et ces gaulois). 

Enfin visuellement la série a su mettre son budget à meilleur profit avec certes toujours quelques lumières artificielles gênantes mais globalement le visuel est bien plus abouti et on ressentira moins les fonds verts. 

L'une des saisons les plus épiques à avoir débarqué sur petit écran

L'une des saisons les plus épiques à avoir débarqué sur petit écran

La Guerre des Damnés

Enfin ce que l'on voulait voir depuis la saison précédente arrive sous nos yeux ! Maintenant que Spartacus a fait rendre gorge à Glaber (au sens figuré comme au sens strict puisqu'il lui a enfoncé son glaive dans la bouche), les esclaves de l'Empire ont compris que leurs maîtres n'étaient pas invincibles. 

Résultat cette troisième saison sera une guerre ouverte entre les armées romaines et les troupes de Spartacus. 

Et pour le coup alors que les saisons précédentes prenaient de grandes libertés avec l'Histoire, celle-ci se montre plus fidèle avec des figures historiques telles que Marcus Crassus ou encore Jules César dont le look façon Nirvana risque de vous laisser dubitatif au départ. 

Crassus sera d'ailleurs un antagoniste bien plus intéressant que les précédents car même si on adorait détester Batiatus et Glaber ceux-ci ne sortaient pas vraiment de leur rôle de méchant. Crassus de son côté respecte les esclaves ainsi que son ennemi, ce qui le conduira à la victoire finale.
Non ne commencez pas ! Ce n'est pas un spoiler l'histoire de Spartacus est connue de tous et on sait que le chef des mutins a été écrasé à la fin de la guerre. 

Et cette guerre justement quel plaisir de découvrir à quel point la chaîne a tenu à offrir au public un spectacle encore inédit sur grand écran ! 

Oubliez les affrontements hors champs ou minimalistes de la série Rome, cette ultime saison de Spartacus vous offrira ce que vous espériez voir chez HBO et même plus encore ! 

Les combats sont un peu moins nombreux, mais leur ampleur mérite qu'on les attende plus longtemps que par le passé : des hordes de romains en armure face à une troupe qui compte Spartacus, Agron, Crixus, Gannicus, Naevia... Vous sentez venir le carnage ? C'est normal, et vous en serez pour vos frais ! 

Les romains tomberont par centaines bien que l'hécatombe du casting entamée la saison précédente (on rappelle que pas moins de quatre rôles principaux ont péri lors de Vengeance) continuera jusqu'à la défaite de l'armée libre. 

Cette ultime saison prendra ainsi une tournure épique et tragique car le spectateur sait d'avance qui va l'emporter à la fin, mais cela n'empêchera pas l'émotion de pointer le bout de son nez lorsque les piliers de la série chuteront pour de bon, avec à l'issue un plan final qui sera le meilleur hommage que la série pouvait faire à son premier interprète. 

Reposez en paix monsieur Whitfield, les fans ne vous oublieront jamais

Reposez en paix monsieur Whitfield, les fans ne vous oublieront jamais

Débutée comme un produit fauché tourné sur fonds verts, la série a finalement gagné ses galons dans l'arène et s'est hissée parmi les produits les plus jouissifs que le petit écran ait porté ! 

Derrière les partouzes quasiment pornographiques et les effets spéciaux outranciers lors des nombreuses décapitations et démembrements, Spartacus avait une véritable histoire à raconter et a en prime abordé certains aspects historiques méconnus de l'époque : la hiérarchies entre les esclaves, les moeurs, les pratiques de la Légion (on parlera de la décimation en saison trois par exemple). 

Derrière les muscles se cachaient des coeurs et des valeurs, derrière les beaux yeux et les courbes affolantes se trouvaient des femmes courageuses et roublardes. 

C'est aussi pour ça que j'ai à ce point adoré cette série : peu importe le sexe ou l'orientation sexuelle des personnages, chacun a été écrit pour avoir du caractère et un but à défendre. En vrai, c'est un peu ce que le wokisme tente de faire sans y arriver. 

Parce que contrairement aux productions actuelles, Starz n'a fixé aucune limite : l'époque dépeinte était violente et décadente, alors il n'y sont pas allés de main morte concernant le sexe et le gore et aucun personnage n'a été à l'abri de ces deux aspects.

Aucun personnage n'était meilleur parce qu'il était un homme ou une femme ou pour ses goûts, ils étaient tous excellents car bien écrits et magistralement interprétés. 

Note : 4/5

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