Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Ma dose de cinéma

#Jesuislà - Drame Moderne

Publié le 7 Février 2024 par Gaffeur in Drame,, Alain Chabat, Corée, Comédie, Bae Doo-na

Quand Chabat se la joue Bill Murray

Quand Chabat se la joue Bill Murray

On a tous au moins une fois dans notre vie eu cette sensation en découvrant la bande-annonce d'un film que celui-ci allait nous correspondre et qu'il ne faudrait le manquer sous aucun prétexte. 

Le teaser de #Jesuislà de Eric Lartigau avait eu cet effet sur moi et je me disais qu'on tenait certainement une comédie où le style de Klapisch aurait rencontré l'humour irrésistible d'Alain Chabat. 

Hélas parfois les films ne méritent pas leur sort et la sortie ciné fut fixée au 5 février 2020... Comme je pense que je ne m'adresse pas à un public d'amnésique ou de moins de quatre ans j'imagine que vous n'êtes pas sans savoir que nous étions à un mois et demi du confinement et que déjà les salles obscures étaient désertées. 

Autant dire qu'à l'époque où un virus venu d'Asie déferlait sur le globe une comédie au style inattendu sur un français perdu en Corée ne pouvait que se manger la connerie humaine et ses illustres raccourcis faciles. 

Mais même si on prend en compte l'arrivée du Covid les quelques 200 000 spectateurs n'étaient pas forcément convaincus par le film. 

Pourtant on parle tout de même de Alain Chabat et de Eric Lartigau qui avaient accouché en 2006 du réjouissant Prêtes-moi ta main alors pourquoi un tel four ? Sans compter que derrière le film n'a pas spécialement été diffusé en grandes pompes à la télévision.

Du coup alors que je déniche enfin aujourd'hui un exemplaire en DVD, #Jesuislà ça vaut quoi ? 

Profitez bien des apparitions de Doona Bae si vous êtes fan

Profitez bien des apparitions de Doona Bae si vous êtes fan

Si Les Gamins était un film sérieux

Le pitch de #Jesuislà est simple : Stéphane un restaurateur basque se sent de plus en plus étouffé par sa famille et son quotidien. Lorsque son plus jeune fils l'inscrit sur instagram, Stéphane se lie d'amitié avec Soo une résidente de Séoul. Quelques temps plus tard alors que Stéphane gagne une jolie somme suite à une vente, celui-ci décide de se rendre en Corée du jour au lendemain pour rencontrer Soo et découvrir le pays. 

Alain Chabat en pleine crise de la cinquantaine, c'était déjà le postulat du sympathique Les Gamins en 2013, mais contrairement au film d'Anthony Murciano #Jesuislà n'est pas un numéro génial de comique déchaîné. 

On découvre ici une version d'Alain Chabat pleine d'humanité mais avec une pointe d'amertume qu'on ne lui connaissait pas. Certes l'ancien Nul aura plus d'une occasion de nous amuser au cours des 90 minutes de métrage, mais l'acteur dévoile ici une facette qu'on ne lui connaissait pas et qui se mélange à merveille avec le ton du scénario. 

Une histoire dans l'ère du temps

Piochant dans des oeuvres telles que Le Terminal,ou Lost in Translation, Eric Lartigau capte cette histoire avec une authenticité que n'aurait effectivement pas renié Klapisch dans sa trilogie de Xavier. 

On y découvre un homme seul dans un pays où la barrière de la langue est plus importante et qui va apprendre à se retrouver avec lui-même face à la tristesse et à l'absurdité de sa situation. 

Car évidemment lorsque l'avion de Stéphane atterrit à Séoul, Soo ne répond plus. Que doit-il faire ? Partir seul explorer la Corée ou bien doit-il l'attendre car il ne pourrait que s'agir d'un retard malheureux ? 

Pour patienter Eric Lartigau exploite les réseaux sociaux comme un allié et un ennemi de notre temps. 

Arpentant les halls et restaurants de l'aéroport, Chabat s'occupe en diffusant des tonnes de photos et de vidéos prises avec des passants et devient au passage une célébrité dans ce pays si moderne. 

Mais la réalité le rattrapera à chaque fois de façon cruelle : la première notamment lors d'un SMS envoyé au volant qui manque de lui coûter la vie tandis que sa rencontre avec la jeune femme sera loin de celle qu'Instagram lui a vendue. 

Le Terminul

Le Terminul

Plein de poésie

Peut être que la déception du public lors de la sortie s'explique par l'attente d'une comédie. Il faut dire qu'avec un tel réalisateur et une telle tête d'affiche il était légitime de s'attendre à rire franchement pendant la majorité du film !

Mais tenez vous le pour dit : #Jesuislà n'est pas une comédie et c'est même une fausse histoire d'amour puisqu'il s'agirait plutôt de la plus grande pose de lapin du monde. 

Sans être non plus totalement dramatique le film prend une allure de fable douce-amère où l'illusion des réseaux sociaux sera compensée par la chaleur humaine débarquant aux moments les plus inattendus. 

Un cuisinier, une agent d'entretient... Les rencontres bienveillantes ne manqueront pas tandis que la réalisation de Lartigau mettra en boîte quelques jolis moments. 

Chabat perdu dans la brume pour illustrer sa perte de repères au quotidien, ses jeux imaginaires dans le terminal ou encore cette séquence fantasmée de l'arrivée de Soo à l'aéroport dans une robe fantastique... Si le film n'amuse pas vraiemnt, il ne laisse pas indifférent et saura toucher autrement que par le rire. 

Tout de même un peu frustrant

En fait il y a un aspect qui m'a tout de même laissé sur ma faim : en bloquant son personnage pendant presque la moitié du film dans le terminal de Séoul, Eric Lartigau nous tease sans cesse cette ville incroyable que l'on a réellement hâte de découvrir.

Mais à l'instar de sa figure féminine mystique, le pays ne sera finalement pas très présent à l'écran. Alors vous me direz que le but du film n'était pas de livrer une réalisation carte postale vendant la Corée au public occidental. 

Certes.

Mais tout de même avoir Doona Bae au casting et ne lui consacrer que deux ou trois scènes (mais pour les deux dernières, quelles scènes !) c'est tout de même un peu vexant pour l'amateur de cinéma coréen. 

Le genre de séquence qui donne envie de voyager

Le genre de séquence qui donne envie de voyager

La dernière collaboration entre Alain Chabat et Eric Lartigau a beau avoir été un échec cuisant au box-office et au niveau critique, je ne parviens pas à comprendre pourquoi les notes ont été aussi dures à l'époque. 

On est loin du film parfait et en vérité il aurait mérité de durer une vingtaine de minutes de plus, mais c'est justement le genre de paradoxe qui prouve qu'un film n'est pas si mauvais à partir du moment où on souhaite en voir plus. Mais d'un autre côté si on en avait eu plus le rythme déjà contemplatif ne serait-il pas devenu redondant ? 

#Jesuislà est à voir si on aime trouver de l'humain derrière la couche de technologie qui a gangréné notre système. C'est un film à conseiller pour peu que l'on ait adhéré à des oeuvres telles que Casse-Tête Chinois ou Lost in Translation

Et surtout c'est un film qui nous fait comprendre si il le fallait encore que Alain Chabat est l'un des mecs les plus attachants qui soient.

Note : 3.5/5

Commenter cet article