Si vous me suivez depuis plusieurs articles, il est possible que vous ayez remarqué que je ne porte pas la woke culture dans mon coeur.
Je le dis sans honte j'en ai plus que marre de se courant pas aussi légitime qu'il le prétend qui malgré des valeurs que je peux comprendre a tendance à gâcher beaucoup de séries et films depuis que le tout est devenu un effet de mode dont les studios se sont emparés.
Mais le pire dans tout ça c'est que le cinéma n'a pas attendu ce courant pour évoquer efficacement le féminisme, l'homosexualité ou encore le racisme.
Et ce ne sont pas les classiques avec Denzel Washington, Eddie Murphy, Sigourney Weaver et consorts qui me prouveront le contraire.
Seulement à l'époque c'était audacieux et bien mieux fait et je vais le prouver avec un film qui hélas a bidé lors de sa sortie en 1995 en dépit d'un très chouette concept.
Vous pensiez que la filmographie de Sam Raimi ne contenait que des films d'horreurs et des films de super-héros ?
Et bien détrompez vous car le lascar s'est un jour frotté au western en adoptant une double approche des plus originales : primo les scènes d'action reposaient uniquement sur des duels et secundo le rôle principal était tenu par Sharon Stone.
Une femme héroïne de western, ce n'est déjà pas courant de nos jours mais à l'époque pensez donc si l'idée avait de quoi surprendre et séduire !
Un cliché étendu sur 100 minutes
Si je vous demandais de me dire là tout de suite quelle scène vous viendrait lorsque vous pensez au Western ? Vous me répondrez certainement de grands espaces sauvages, des villes en bois où un ballot d'herbes mortes roulerait sur le sol ou encore des duels épiques sous le soleil couchant.
Sam Raimi a visiblement été mordu par cette dernière idée car il fera de son The Quick and the Dead (titre tellement plus cool que la VF, je sais ce n'est pas la première fois que je dis a et ce ne sera certainement pas la dernière) une véritable étude de ce passage obligé du western.
N'attendez du film aucune fusillade ou même le moindre braquage de banque car l'intégralité des scènes d'action reposera uniquement sur les duels entre les protagonistes.
Et malgré la simplicité enfantine de l'idée d'un duel entre deux gâchettes, Raimi va déborder d'imagination pour mettre en scène ses affrontements.
C'est bien simple il y aura au cours du film une bonne quinzaine de duels, et aucun ne se déroulera de la même manière que le précédent !
Et je ne parle pas de détails futiles comme par exemple dans le premier duel c'est le type à gauche qui perd et dans le suivant ce sera le mec de droite, je parle de vraies situations toutes différents.
On se prend ainsi au jeu en se demandant de quoi sera fait le prochain affrontement et quel sera l'ingrédient secret qui viendra pimenter la manche ou bien qui en dira plus sur les personnages.
Des pistoleros inoubliables
C'est que derrière ce concept bateau au possible d'une ville qui organise une compétition de duels se cache finalement une histoire bien plus riche qu'il n'y paraît grâce notamment à des tireurs qui ne seront pas que des flingues sur pattes !
Certes on finit par identifier chaque personnage par son revolver (rouillé pour Crowe, bling bling pour le jeune Kid joué par un di Caprio tout juste sorti de la pré-adolescence) mais tous les participants au concours auront une raison ou une autre de jouer leur vie à chaque manche.
Certains ne sont là que pour le pognon, d'autres pour raisons personnelles et certains seulement pour saisir une occasion de se pavaner.
Mais aucun n'est vraiment ce qu'il laisse paraître lorsqu'il franchit les portes du saloon pour s'inscrire et le film n'a de cesse de désamorcer les attentes du public concernant les gueules les plus patibulaires du casting (on se rappellera tous de Lance Henriksen lors de sa confrontation avec Gene Hackman).
Le film se veut finalement une sorte de Battle Royale sauce duel dans la grande rue, mais à l'instar du chef d'oeuvre de Fukasaku Raimi finit par attacher le spectateur à ses personnages et à le prendre au piège fourbe de ce genre de bataille : on sait qu'il n'en restera qu'un, donc forcément plusieurs de nos chouchous vont y passer !
Pourquoi c'est du bon féminisme
Mais je ne vais pas me disperser plus longtemps, pourquoi disais-je que le film était une oeuvre féministe réussie ?
Non ce n'est pas parce que comme le pensent les pigistes embauchés par Woke Disney il s'agit simplement d'avoir mis une femme dans le rôle principal et de l'avoir fait tirer sur des hommes.
C'est tout simplement parce qu'à aucun moment le personnage d'Ellen n'est pensé autrement que l'héroïne d'un western et qu'elle est par conséquent traité de la même façon que ses homologues masculins.
On ne lui fait pas de favoritisme parce qu'il s'agit de la belle Sharon Stone : elle a un passé traumatisant, elle se sert d'un flingue aussi efficacement que les autres, elle baise, elle boit, elle a un caractère taciturne voir agressif (plusieurs moments gênants à prévoir avec la gamine pendant la première demi-heure)... Et surtout elle ne rend pas les hommes responsables.
Elle ne rend responsable que le monstre du film : John Herod campé par un acteur que je n'apprécie pas des masses mais qui m'a toujours glacé le sang dans la peau du maître de la ville.
Gene Hackman est un excellent méchant non pas parce qu'il est un homme qui s'est attaqué à Ellen par le passé. Il est un excellent méchant parce qu'il est le meilleur flingueur de la ville et qu'en dépit des règles du tournoi qui ne rendent pas la mort obligatoire il tirera pour tuer à chaque duel.
Bref il a attaqué Ellen parce qu'il pouvait le faire, pas parce que c'était un homme et qu'elle était une femme.
Et c'est là que tous ces pseudos films féministes façon Harley Queen et les Birds of Prey feraient mieux de tirer des leçons : si j'adore Mort ou Vif, c'est parce que le propos n'est pas de beugler que les hommes sont tous des connaaaards (vérifiez dans le film avec Margot Robbie : pas un seul personnage masculin ne sera pas une ordure ou à minima un traître).
C'est parce que le propos est de dire qu'une femme peut être l'égale d'un homme dans un western pour peu qu'on prenne la peine de traiter son personnage comme une héroïne plutôt que comme une cause.
A la limite si je voulais pinailler un peu je pourrais ajouter que malgré la variété des situations pendant les duels on sent souvent quand un personnage est vraiment en danger ou pas.
Sam Raimi a beau nous dire que le flingue de Russel Crowe n'est chargé que d'une seule cartouche, lorsque celui-ci est confronté à un ennemi qui apparemment peut encaisser plusieurs tirs sans mourir on se doute bien étant donné l'importance de Crowe qu'il ne va pas être dégagé par le premier con venu.
Et puis également même si j'ai toujours apprécié Leonardo di Caprio je dois dire qu'il était tout de même un peu trop juvénile pour ce genre de personnage et qu'on a du mal à croire qu'il ait pu mettre Ellen dans son plumard aussi facilement, belle gueule ou pas !
Ce long article pour dire qu'en vrai je n'ai rien contre le féminisme quand il est bien fait. Et de nos jours il est traité souvent de façon tellement grossière qu'il ne peut pas s'apprécier réellement.
Ouais, en fait je préfère les films féministes qui sont arrivés avant que le wokistan ne se mette en place, ce qui est en soi assez ironique maintenant que j'y pense.
Note : 3.5/5