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Ma dose de cinéma

Gladiator - A mon signal, déchaîne les enfers

Publié le 19 Janvier 2024 par Gaffeur in Ridley Scott, Aventures, Peplum, Russel Crowe, Joaquin Phoenix

Gladiator a 24 ans, joyeux coup de vieux à tous !

Gladiator a 24 ans, joyeux coup de vieux à tous !

Lorsqu'il y a quelques années un journaliste avait annoncé qu'une rumeur voulait que Ridley Scott travaille sur une suite à Gladiator, tout le monde s'était dit "Ahah ouais très drôle ma poule bien maintenant vas jouer ailleurs". 

Pourtant si tout le monde a cru à une mauvaise blague, aujourd'hui il faut se rendre à l'évidence : Ridley Scott vient bel et bien de terminer le tournage de la suite de ce que beaucoup considèrent comme l'un de ses meilleurs films. Et bien qu'on se demande toujours comment poursuivre étant donnée la conclusion du film original, pour ma part je ne parviens pas à me décider entre crainte et impatience... C'est que mine de rien le premier volet fut mon premier véritable gros souvenir de cinéma !

C'est bien simple je me rappelle très bien être rentré de l'école à neuf ans un samedi en fin de matinée et avoir découvert la cassette du film achetée par mes parents pendant que j'étais en classe ainsi que les larmes de bonheur qui en avaient résulté : j'allais enfin pouvoir revoir le film à volonté (ou presque puisque j'ai fini par user la bande, vives les DVD). 

Bref sans espérer une seule seconde pouvoir retrouver le même sentiment devant le futur film j'avoue que l'annonce de la fin du tournage m'aura motivé à regarder une nouvelle fois celui qu'on appellera bientôt "le premier volet". 

Quand même, ça c'est une séquence d'ouverture !

Quand même, ça c'est une séquence d'ouverture !

Faire renaître le péplum 

En 2000 lorsque Gladiator débarque sur les écrans, le choc est sans précédent sur le public qui n'avait plus connu de véritable péplum depuis des dizaines d'années. 

Le temps de Cléopâtre, La Chute de l'Empire Romain et consorts est alors très loin et si on demandait à l'époque aux gens ce qu'ils savaient de l'époque romaine ils répondaient que toute la Gaulle était occupée à l'exception d'un village entouré des camps retranchés de Babaorum, poilorectum et Petibonum. 

Aussi lorsque le film démarre et que le public découvre un champ de bataille lugubre, des légionnaires sales et visiblement éreintés par les combats avant qu'un émissaire ne soit renvoyé décapité par les germains, le spectateur se demande instantanément pourquoi le genre est resté aussi absent ? 

C'est qu'on trouve dans le péplum tout ce que le cinéma peut offrir de meilleur : des décors titanesques, de beaux costumes, des combats spectaculaires et en prime une occasion d'en apprendre un minimum sur une époque révolue. 

Ridley Scott avait conscience du potentiel dingue du registre et a poussé à fond les curseurs pour que le genre puisse renaître en grâce. Peut être même un peu trop puisque depuis combien avons nous eu de péplums ? 

Pas des masses justement, parce que Gladiator avait placé la barre si haut que pas beaucoup de réalisateurs osaient se frotter au genre, conscients que leurs films seraient forcément des sous-Gladiator aux yeux des critiques (notons tout de même le bel effort de Jacques Dorfmann et son Vercingétorix... Désolé je n'ai pas su résiter).

L'iconisation d'un acteur

Mais Gladiator c'est avant tout un personnage qui a ému le monde entier : Maximus Decimus Meridius. C'est simple je suis persuadé que je n'ai pas eu besoin d'écrire la suite de ses titres pour que vous entendiez le timbre rauque de Marc Alfos dérouler le CV du guerrier dans votre tête.

Un personnage exceptionnel de général romain qui se bat aux côtés de ses hommes en première ligne, qui est aimé de tous y compris de César lui même. Un homme dont le courage, le sens de la stratégie et la sagesse vont fasciner dès les premiers instants avant que les rancoeurs et la jalousie ne viennent s'en mêler et changer à jamais la vie du soldat de Rome. 

Et pour camper ce personnage iconique qui va de combat en combat gagner le coeur de la foule puis progresser jusqu'à se retrouver devant son ennemi juré, Ridley Scott se tourna vers un comédien qui jusqu'ici n'avait connu que quelques rôles intéressants.

Pasteur pistolero chez Sam Raimi dans The Quick and the Dead en 95 ou encore dans la peau du nerveux policier Bud White dans L.A. Confidential, Russel Crowe se retrouva propulsé sur orbite soudainement.

Avec son jeu bestial capable d'émouvoir aux larmes lors des séquences tragiques avec sa famille puis d'effrayer en exécutant froidement chaque gladiateur qui aurait le malheur de croiser sa route (comment oublier la séquence où avec une épée dans chaque main le personnage coupe gratuitement la tête d'un dernier ennemi pourtant déjà vaincu), l'acteur suivi un parcours similaire à celui de son personnage, gagnant l'affection du public jusqu'à la consécration : l'Oscar du meilleur acteur. 

Le grand oublié du film

Le grand oublié du film

Meilleur est le méchant...

Pourtant il y en a un que le public oublie souvent de citer. Tu m'étonnes.

Parce que en toute honnêteté qui après avoir vu le film a envie de se montrer sympathique envers Comode, alias Joaquin Phoenix ?
Un personnage qui dès sa première apparition jette le malaise en agissant de façon un peu trop proche de sa soeur Lucilla puis ignorant complètement la présence de Maximus pour aller saluer son père. 

Un personnage instantanément antipathique, pathétique et ainsi qu'on le découvrira rapidement : cruel et sans limites.
Coupable bien vite de parricide le personnage n'en restera pas là et chacune de ses apparitions le rendra encore plus détestable aux yeux du spectateur : assassin, traître, mauvais politicien, tricheur... Si on peut accorder une chose à ce mec, c'est que rarement un méchant de cinéma n'avait autant donné envie au spectateur de crever l'écran pour aller lui faire la peau. 

Et c'est pour cela qu'à mes yeux Joaquin Phoenix est tout aussi méritant que Russel Crowe, peut être même plus car incarner un personnage iconique courageux est une chose dans une carrière, mais incarner l'alter ego maléfique dudit personnage en est une autre, et en dépit de l'excellence du jeu de Phoenix il lui faudra attendre 2019 pour enfin recevoir la précieuse statuette. 

Parce qu'on ne va pas se le cacher, à cette époque qui aurait applaudi le méchant dans un film ? 

Le sommet de la filmographie de Scott

Mais malheureusement le film n'a pas causé pour seule injustice que d'éclipser la prestation de Joaquin Phoenix. Parce que si le film a été un carton international et qu'il obtint la récompense d'Oscar du Meilleur Film, ce ne fut pas le cas de son réalisateur qui fut coiffé par ... Excusez moi je fais une pause le temps d'aller gerber.

Croyez le où non mais c'est Steven Soderbergh pour son soporifique Traffic qui glana la statuette du Meilleur Réalisateur, ne laissant à Scott que ses yeux pour pleurer. 

Et c'est peut être ce rendez vous manqué avec la consécration qui explique que par la suite Scott n'a cessé de vouloir en faire trop sans jamais vraiment arriver à reproduire le casse. 

Black Hawk Down ? Excellent film de guerre mais sans réelle profondeur. 
Kingdom of Heaven ? Un chef d'oeuvre... En version longue uniquement soit bien après la sortie cinéma. Hannibal ? "C'est bien mais ça ne vaut pas Le Silence des Agneaux" vous dira la majorité du public. Inutile de rappeler le sort réservé à Prometheus et Alien Covenant pour que vous compreniez que ça ne l'a toujours pas fait malgré les grandes ambitions du réalisateur.

Et le pire c'est que même lorsque Scott pioche dans le casting de son meilleur film (Crowe pour Robin des Bois et récemment Phoenix pour Napoléon) il n'y a rien à faire : jamais l'anglais n'a su retrouver la même science de la narration et du rythme. 

Parce que malgré ses deux heures et demi Gladiator passe comme un souffle en enchaînant les scènes chocs, les tirades inoubliables et les effets spéciaux à tomber à la renverse. Même aujourd'hui bien malin sera celui qui pourra distinguer les séquences où Oliver Reed a été remplacé numériquement après son décès. 

Putain quand j'y repense cette charge de cavalerie au coeur de la forêt noire au début avec le thème magistral de Hans Zimmer, bon sang rarement un mélange entre images et bande-son m'avait autant bouleversé...
Comment le mec qui a shooté un tel morceau de cinéma avait-il pu être battu par Soderbergh quoi ? 

Mais il faut bien le dire il y a un petit point que personne ou presque n'a souligné à sa sortie et encore moins depuis. 

Si on enlève la partie purement centrée sur les gladiateurs ainsi que la romance avec Lucilla, le film reprend grosso modo la majorité des séquences de La Chute de l'Empire Romain.

Peut être est-ce cette trop forte similitude qui ont empêché l'Académie de récompenser Scott ? Ou bien une faute de goût comme d'habitude avec les cérémonies de ce genre... Ce qui est plus plausible mais sans déconner si un jour vous avez l'occasion visionnez La Chute de l'Empire Romain et vous verrez à quel point les deux films se ressemblent. 

Le sable et le sang

Le sable et le sang

Gladiator est un film exceptionnel qui laisse des souvenirs indélébiles dans l'esprit de chaque spectateur : les pieds cramoisis de la famille de Maximus, le duel contre Tigris, l'avancée des légionnaires face à la horde barbare, la négociation de Proximo avec un marchand d'esclaves, le sourire final de Djimon Hounsou... Si j'ai pu à travers ces quelques exemples vous donner envie de revoir le film alors ma journée n'a pas été complètement pourrie !

Mais j'insiste malgré tout sur un mot : "exceptionnel". 

Ce mot n'est pas à prendre à la légère : on ne peut pas reproduire un truc exceptionnel. La preuve Scott lui même se pète les dents presque à chaque film depuis vingt ans pour essayer de prouver le contraire sans succès. 

Par conséquent qu'attendre de Gladiator 2

Pour ma part je n'attend qu'un gros divertissement historique que j'espère néanmoins mieux rythmé que Napoléon et où Scott aurait enfin appris qu'une director's cut de trois ou quatre heures n'est pas une excuse pour une version ciné charcutée.

Mais rien de plus. Parce que si quelqu'un parmi vous attend de ce film le même choc, la même émotion et la même démesure, qu'il freine ses ardeurs tout de suite sous peine de subir la déception de sa vie.

Note : 5/5

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