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Ma dose de cinéma

Wonka - Le dernier clou dans le cercueil de Disney

Publié le 22 Décembre 2023 par Gaffeur in Aventures, Musical, Comédie, Timothée Chalamet

J'ai pris cinq kilos rien qu'en matant l'affiche... Ca va relancer les ventes de Kinder

J'ai pris cinq kilos rien qu'en matant l'affiche... Ca va relancer les ventes de Kinder

Lorsque Wonka a été annoncé, j'étais d'une part réjoui à l'idée de découvrir un nouveau film gourmand dans l'univers de Charlie et la Chocolaterie (qui parmi vous n'a pas rêvé de rentrer dans la salle où tout est comestible avec cette cascade de chocolat qui n'était même pas un CGI ?!!) mais j'étais aussi sceptique concernant le choix de Timothée Chalamet pour camper le chocolatier magicien. 

Je ne sais pas si c'est parce que jusqu'à présent je ne l'ai vu que dans des rôles ultra sérieux où il tirait souvent la gueule, mais j'avais un drôle de pressentiment. Et pourtant, alors que je m'attendais à passer un moment agréable sans plus je me suis retrouvé devant l'une des belles surprises cinéma de l'année ! 

Petite précision en revanche le film n'est nullement un spin off du film réalisé par Tim Burton il y a une vingtaine d'années mais bien un préquel de film de Mel Stuart dans lequel Gene Wilders a donné lieu à l'un des memes les plus célèbres de la dernière décennie. Ainsi si le style de Burton est quelque chose qui vous rebute vous pouvez y aller tranquille il n'y aura pas de poésie gothique dans Wonka !

Ouais par contre attention ça chante un max !

Ouais par contre attention ça chante un max !

Le magicien chocolatier

Débarquant en ville le chocolatier Willy Wonka entend bien conquérir le coeur des gens avec ses confiseries fantaisistes qu'il se plaît à servir avec candeur et facétie. Mais tandis que le premier accueil est positif, les trois maîtres chocolatiers de la ville font front commun contre le jeune homme et brisent son rêve. Contraint de travailler dans une laverie, Wonka va pouvoir compter sur son imagination pour prendre sa revanche et devenir le plus grand chocolatier du monde. 

Parmi l'avalanche de préquels et de spin off ayant envahi nos écrans ces dix dernières années, Wonka était certainement celui dont l'angle était le plus pertinent. En effet tout le monde connait l'histoire de Charlie Bucket qui a trouvé un ticket d'or dans une tablette de chocolat et qui a rencontré Willy Wonka, un être farfelu jamais à court d'idées gourmandes. 

Mais dans le fond que savons nous du chocolatier, du moins dans mon cas que savais-je du personnage que je ne connaissais que par le film de Burton ? Et bien pas grand chose en dehors de sa capacité à créer. 

Wonka développe ainsi le personnage le plus célèbre de l'univers en lui apportant un tas de bonnes idées destinées à justifier son évolution : il est enthousiaste et créateur mais également magicien et plus étonnant illettré car à quoi sert la lecture pour faire du chocolat ?

Et c'est là que le film donne sa première baffe : dès les premiers plans Timothée Chalamet ne semble pas simuler sa candeur et retenir ses mouvements lors des chorégraphies (oui soyez avertis qu'il y a beaucoup de chansons dans le film), faisant de son Wonka un personnage immédiatement attachant là où Johnny Depp en avait fait un sociopathe. 

Cela pouvait être complètement dingue d'opérer un tel changement de registre à deux mois de la sortie de Dune - Deuxième Partie, mais Chalamet communique une telle joie à travers son personnage qu'on n'aura a aucun moment en tête la quête spirituelle et guerrière qu'il devra traverser sur Arrakis. 

La surprise du scénario

Cependant n'allez pas croire que tout sera rose bonbon dans le film, car l'histoire comme le personnage traverseront des zones tristes que le réalisateur ne va pas passer sous silence. 

Réputé pour avoir su habilement mélanger humour et émotion dans les deux volets de Paddington (que je n'ai pas vus, j'ai beau avoir passé quatre jours dans le quartier de l'ours en question cela n'a pas suffi à me motiver), Paul King surprend en ne faisant pas de Wonka un simple produit commercial de Noël sans âme. 

Car derrière les nombreuses séquences gourmandes, les décors féériques et les aventures rocambolesques du héros le scénario va se révéler très bien construit avec énormément de petits détails qui interviendront toujours au bon moment pour toucher le spectateur. C'est con mais la référence au ticket d'or à la fin du film couplée au message inscrit dessus m'a pris par surprise, je ne m'attendais pas à ça de la part d'un film qui démarrait pourtant dans la brume rose barbe à papa !

Le genre de séquence dont notre triste époque avait besoin

Le genre de séquence dont notre triste époque avait besoin

Réussir là où Disney échoue depuis quinze ans

Et c'est la seconde fois cette année (la première étant Le Chat Potté 2) que Disney se fait boxer sur son propre terrain : le film familial. 
Parce que contrairement à son concurrent trop occupé à faire dans le politiquement correct et à faire passer des idéologies, Warner a laissé le champs libre à Paul King qui s'est contenté de faire ce que faisaient les films familiaux à une époque : faire rêver et toucher tout le monde.

L'histoire de Willy parlera aux gosses car le personnage accumulera les inventions loufoques et que Hugh Grant en Oompa Loompa va leur faire chanter sa chanson en boucle pendant des semaines, mais les plus grands seront surpris de découvrir un second degré de lecture bien pensé.

Willy est en effet un jeune artisan rêveur confronté à de grosses machines dont les dirigeants n'hésitent pas à corrompre pour écraser les petits et garder le chocolat rien que pour eux !
Corruption, abandon, fraudes, tentatives de meurtre (!) et création d'un cartel du chocolat sont ainsi les éléments que l'on ne s'attendait pas à trouver dans le film et encore moins aussi bien mis en scène.

Paul King est visiblement très inspiré et ne se contente pas de simplement poser des décors colorés, il les exploite au maximum avec de bons gags visuels (l'ampoule qui s'éclaire au dessus du visage de Willy lorsque celui-ci trouve une idée) et quelques séquences de storytelling qui feront leur petit effet à chaque fois. 

Mais là où le film m'a donné envie d'applaudir, c'est qu'il arrive à proposer un casting diversifié mais sans céder au wokisme à outrance. Ici les personnages ne sont pas pensés en fonction de la couleur de leur peau mais bien en fonction de leurs histoires et de la qualité de leurs interprètes.
C'est pour cela qu'une gamine comme Noodle est immédiatement chou ou qu'un méchant comme Slugworth est aussi savoureux : les acteurs sont excellents et les personnages bien écrits. 

Bref le film met KO toutes les productions Disney parce qu'il garde cette idée que la firme aux grandes oreilles a décidé de mettre au placard : le cinéma familial doit faire rêver et toucher tout le monde, ce n'est pas une tribune pour le mouvement social en tendance du moment sur Twitter !

A la limite, on pourrait critiquer la VF

Et encore, critiquer la VF... Les doubleurs collent très bien à leurs homologues en chair et en os donc je ne peux pas vraiment dire que la version française est ratée !

Mais comme je le disais plus haut il y a facilement un bon quart du film qui est chanté, et la production a fait le choix (logique étant donné que le film est principalement destiné aux gosses) de traduire les paroles et de ne pas laisser la VO sous titrée pendant les nombreuses séquences chantées. 

Malheureusement j'ai l'impression que l'écriture des chansons passera mieux en VO qu'en français. C'est bête mais la chanson principale sur l'imagination ne m'a vraiment pas transporté alors que d'après la personne qui m'accompagnait il s'agit d'une traduction fidèle des paroles originales. 

Cela dit les chansons sans être aussi marquantes qu'un bon "Augustus Gloop" et autres "Elle mâche elle mâche tout le temps" restent amusantes avec parfois un rythme et un montage enchanteurs.

Et le pire c'est qu'il me l'a vraiment mise en tête ce salopard !

Et le pire c'est qu'il me l'a vraiment mise en tête ce salopard !

En dehors d'une traduction VF un peu décevante ainsi que de quelques comédiens sous employés (Rowan Atkinson ou Sally Hawkins sont parfaits mais n'ont droit qu'à une séquence chacun... Dommage) Wonka est incontestablement la belle surprise de Noël que je n'avais pas vu arriver !

Une ode à tous les rêveurs et au pouvoir de l'imagination à l'issue de laquelle on se dit comme lorsqu'on arrive à la fin d'une boîte de chocolats qu'on en voudrait encore plus... Ce qui dans le fond sera le cas grâce au Oompa Loompa pendant le générique. 

On imagine sans mal que le film va cartonner et qu'une suite sera vite commandée par la Warner. Avec Paul King à la barre (de chocolat arf arf) pour ma part ce serait un gros oui à condition d'avoir comme dans celui là une solide histoire à raconter.

Note : 4/5

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