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Ma dose de cinéma

Robocop - Le plus impitoyable des flics

Publié le 3 Novembre 2023 par Gaffeur in Action, Critique, Paul Verhoeven

presque quarante ans et toutes ses dents (c'est bien la seule partie épargnée par Boddicker)

presque quarante ans et toutes ses dents (c'est bien la seule partie épargnée par Boddicker)

Hier le 2 novembre est sorti sur consoles next-gen et PC le nouveau jeu de tir Robocop : Rogue City. Un titre sorti de nulle part annoncé discrètement il y a quelques mois et qui a su convaincre les fans du film de Paul Verhoeven de l'attendre de pied ferme pour lui donner sa chance. 

Pour ma part après quelques heures de jeu je dois dire que le titre est un excellent hommage au film et que les admirateurs d'Alex Murphy seront comblés par les références et le ton trash et bourrin du jeu, bien que je me demande si le titre ne finira pas par être répétitif après une dizaine d'heures. 

Mais si il y a une chose que je peux affirmer c'est que les trois heures que j'ai passé manette en main m'ont donné envie de revoir le film original sans attendre (ne me parlez pas des suites que je n'ai jamais eu l'occasion de voir ni du remake que je ne compte pas voir parce que merde).

Et maintenant que c'est chose faite, croyez le ou non mais 36 ans après sa sortie, Robocop n'a rien perdu de son efficacité et de son acidité. 

Admirez ED209 le flic du futur

Admirez ED209 le flic du futur

Avant-gardiste 

Aujourd'hui tout le monde ou presque connait l'histoire de Robocop : Alex Murphy est un flic de Détroit qui se fait tuer en service lors de son premier jour après avoir tenté d'arrêter un dangereux bandit. Récupéré par le cartel OCP le corps de Murphy est recyclé et couplé à une super-armure indestructible afin d'être changé en policier invincible et sans état d'âme. 

Un scénario qu'on pourrait presque qualifier de série B puisqu'il y est question d'un mort changé en machine, mais la mise en scène de Verhoeven interrogeait plutôt sur l'impact du progrès et des conséquences du remplacement de l'homme par la technologie.
Alors qu'aujourd'hui on ne peut plus faire défiler quatre articles sur google sans tomber sur un mec sans talent qui a demandé à une IA de bosser pour lui pour croiser des chats et les dieux grecs, on ne peut que constater que derrière le spectacle que proposait Robocop il y avait une réelle réflexion sur ce qui attendait notre monde.

Car si au départ tout le monde accueille la machine et ses résultats incroyables face aux échecs rencontrés par les flics de la ville, bien vite notre robot flic va commencer à défaillir et provoquer le chaos et ce n'est que lorsque sa partie humaine reprendra pour de bon le dessus que l'équilibre sera atteint pour de bon.

Un message qui trouve un réel écho aujourd'hui.

Sans concession 

Vous ai-je déjà rappelé que Paul Verhoeven était surnommé le Hollandais Violent par ses pairs et par une bonne partie des cinéphiles ? 
Et bien si certains ne méritent pas leur réputation, s'il y en a bien un qui ne l'a pas volée c'est bien le réalisateur de La Chair et le Sang !

Deux ans après les pillages et viols de la bande à Rutger Hauer et Jennifer Jason Leigh, Verhoeven livrait avec Robocop une nouvelle provocation au cinéma hollywoodien. 

En assassinant aussi brutalement Alex Murphy après vingt cinq minutes de film, le réalisateur s'en prenait à une institution que le cinéma avait rendu intouchable. Par ce que si le film propose une grosse part de fantaisie, il n'oublie pas de montrer la violence à laquelle sont confrontées les policiers sans jamais rien épargner au public. 

Le film est extrêmement sanglant, peut être même d'ailleurs qu'il s'agirait du plus brutal de son réalisateur (et c'est pire en version Director's Cut) mais il s'agit de l'un des premiers films à avoir osé montrer des policiers en véritables cibles n'ayant pas les moyens nécessaires pour lutter contre des truands ultra-violents. 

 

Bitch Please

Bitch Please

Les pires des pires

Et ces truands parlons en un peu ! 

Pour ma part j'ai toujours été bluffé par le jeu de Kurtwood Smith qui campe Clarence Boddicker le meurtrier de Murphy. 
Très loin des gangsters de cinéma en costumes trois pièces ou des voyous charismatiques façon Scarface, Boddicker a une dégaine de professeur de mathématiques qui en aurait eu sa claque de faire apprendre le carré de l'hypoténuse à ses élèves. 

Les autres membres de la bande auront certes des looks mémorables et des sorts qui le seront tout autant (impossible d'oublier celui qui finit en bouillie sur un pare-brise) mais Boddicker sera le plus effrayant car véhiculant une idée simple mais terriblement juste : le Mal le vrai peut se cacher chez n'importe quel Monsieur tout le monde. 

Verhoeven avec Robocop dépeint une société pourrie, une société où on a laissé les plus misérables se complaire dans la violence et où les plus riches sont trop occupés à compter leur pognon et à s'en mettre plein le pif.

Car on pourrait penser que les concepteurs de Robocop soient des gens animés de bonnes intentions voulant aider la police et par ricochet les citoyens honnêtes, mais là encore Verhoeven ne compte pas brosser les élites dans le sens du poil !

Dick Jones a beau être montré comme le grand méchant du film, Bob Morton ne vaut finalement pas mieux et son projet Robocop transpire davantage l'envie de contrecarrer son rival pour obtenir un poste prestigieux que l'envie d'aider la société. Mais en grand roublard qu'il est Verhoeven n'oubliera pas de s'occuper correctement du jeune requin de l'OCP. 

La virtuosité dans l'action

Robocop est ainsi une charge au vitriol de la société contemporaine, cependant le tout n'oublie pas le spectacle et là encore Verhoeven tel son héros d'acier vise en plein dans le mille !

Peut être un peu court (1h40) le film sera rythmé par les poursuites en voitures, les coups de feu et les interventions musclées de Murphy le tout servi avec une généreuse dose d'humour noir dont le réalisateur est si friand. 

Mais le point culminant sera atteint lors d'une descente dans un laboratoire de drogues où notre héros déboulera en défonçant la porte avant d'étaler pendant deux minutes tout ce que les années 80 ont fait de mieux en matière d'action ! Des balles tirées par centaines, un protagoniste indestructible, un thème musical épique, de l'ironie, des mouvements pop-corn (et vas y que je flingue le mec derrière moi sans le regarder) et des tas de bad guys envoyés à la morgue par un seul mec. Culte et jouissif.

Et justement c'est peut être à cause de cette séquence géniale que j'ai toujours été un peu déçu par la confrontation finale opposant Murphy et sa coéquipière Lewis (Nancy Allen quelle classe, et dire qu'aujourd'hui on veut nous faire croire qu'il n'y a jamais eu de place pour les femmes fortes au cinéma avant Jennifer Lawrence ahah pardon ça m'a échappé) à la bande de Boddicker. 

Certes il y a des gros fusils, des explosions, des morts aussi gores qu'inoubliables et du culte à chaque instant, mais bon sang quelle bagarre trop vite expédiée ! Heureusement le film ne s'achèvera pas exactement là dessus et nous proposera une ultime séquence avec un tour de passe passe bien malin pour dérouiller le dernier salopard avant de rendre l'antenne avec un seul mot : "Murphy". 

La scène qui a traumatisé toute une génération

La scène qui a traumatisé toute une génération

Robocop était une tuerie en 1987, c'est aujourd'hui une tuerie couplée à un double-sens des plus ironiques étant donné la fâcheuse habitude de notre époque de remplacer des humains par des robots.

Pour ses personnages tous plus mémorables les uns que les autres, pour ses scènes d'action virtuoses et sanglantes et sa capacité à tirer à boulets rouges sur chaque caste, Verhoeven livre à mes yeux son meilleur film. 

Dix ans plus tard le cinéaste accouchera de Starship Troopers qui était une nouvelle manière de se moquer ouvertement des américains et de la machine hollywoodienne, mais il le fera hélas sans la subtilité qui donne toute sa saveur à Robocop. 

Note : 4.5/5

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