"Tiens, le dernier Mission Impossible est déjà sorti en DVD ?"
Voilà à peu de choses près ce que je me suis dis lorsqu'en arpentant les rayons de mon revendeur favori je suis tombé sur les poires de Tom Cruise et ses copains en tête de gondole.
C'est que mine de rien si la période post COVID 19 a été très avare en blockbusters, cela fait un an que les gros films reviennent enfin en salles et parfois avec un réel embouteillage.
Et chose étonnante après le carton Top Gun Maverick, Tom Cruise a fait les frais de cette surdose de blockbusters avec un résultat au box office très mitigé pour ce nouvel épisode des aventures de Ethan Hunt.
Pourtant les critiques presses étaient bonnes, les retours des premiers spectateurs convaincants et surtout les deux précédents opus signés eux aussi Christopher McQuarrie comptaient parmi les meilleurs films d'action de la dernière décennie.
Alors pourquoi cet échec ? Réponse ; le double phénomène Oppenheimer/Barbie qui a englouti littéralement toute la place pendant tout l'été. Personne ne s'attendait à ça, et Tom Cruise le premier. Et puis peut être qu'après avoir régné pendant toute l'année précédente sur le box office avec Maverick l'acteur/producteur aura provoqué une certaine overdose auprès du public ?
Et pourtant, à l'instar du fiasco Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ce septième volet de la saga fait partie de ces films imparfaits certes mais qui méritaient un bien meilleur destin.
Une idée très actuelle
Comme toujours notre cher Ethan Hunt va avoir du fil à retordre causé par une bande de vilains espions capables de semer un bordel à échelle mondiale. Mais la particularité de ce volet sera de ne pas être si insensé que cela dans son intrigue !
En effet il ne sera pas question cette fois ci de courir après une énième bombe nucléaire mais bel et bien de mettre la main sur une entité artificielle capable de s'infiltrer dans tous les systèmes de défense et d'anticiper les actions de chaque protagoniste.
On ne va pas se le cacher ce "pouvoir" de l'IA aura parfois des allures de contre-keum's ultime mais à l'heure actuelle avec tous les débats autour de l'utilisation des intelligences artificielles on ne peut pas reprocher au film d'être très ancré dans son époque et de soulever à sa manière les questions autour d'une telle technologie.
Ainsi pour la première fois on en vient à penser que ce coup-ci Hunt ne va pas être le roi des coups fourrés et qu'il sera au contraire le premier à être surpris par les rebondissements, et cela fait plaisir de voir un film où Cruise n'est pas sans arrêt le BG infaillible !
La force du groupe
De toute manière la saga avait retrouvé un second souffle à partir du quatrième épisode lorsqu'une plus grande place a été accordée aux autres membres de la Force Mission Impossible, aussi Tom Cruise pourra compter sur ses collègues habituels pour compenser les roublardises de l'Entité !
On retrouve ainsi avec plaisir Simon Pegg et Ving Rhames les hackers les plus amusants du cinéma ainsi que Rebecca Ferguson qui n'en finit plus d'avoir la classe à chaque film où elle apparaît.
Mais comme cela faisait déjà deux films que la saga tournait avec exactement la même équipe, la trop rare Hayley Atwell viendra pimenter les choses avec un personnage bien sournois qui ferait passer Ferguson pour une petite joueuse en matière de coups de couteau dans le dos !
En revanche à mon grand regret toujours pas un mot sur la disparition du personnage de Jeremy Renner... Pour quelqu'un qui était sensé à un moment donné reprendre la franchise, quel dommage de ne pas lui avoir donné une vraie sortie.
Par contre comme vous le devinez peut être cela commence à faire beaucoup d'équipiers dans le groupe de Hunt, McQuarrie en a conscience et m'a surpris en faisant ce que les franchises n'ont que trop rarement eu le cran de faire ces dernières années : sacrifier un personnage.
Bigre, l'IA sera décidément un adversaire redoutable pour qu'un studio en vienne à se dire "ok on supprime un membre de la bande".
Un réalisateur un peu lassé ?
La force des opus précédent résidait également dans la mise en scène de Christopher McQuarrie qui depuis Jack Reacher était clairement le nouveau meilleur pote de Tom Cruise au point de devenir le premier cinéaste à réaliser deux volets de la franchise Mission Impossible.
Mais alors que Dead Reckoning sera son troisième MI et qu'il sera également en charge de la suite, on sent à travers le film comme une certaine lassitude de la part du réalisateur.
Alors non le film n'est pas bâclé et au contraire il proposera le quota de séquences impressionnantes et de cascades obligatoires de la série, mais il y a quelques instants où on se demande où est passée la réalisation millimétrée et virtuose de McQuarrie.
Un exemple parlera mieux qu'un long discours : la première vraie scène d'action dans le désert avait tout pour devenir culte, mais bien que la fusillade soit divertissante on sent un manque de précision dans les chorégraphies et dans le montage. Manque d'inspiration ou lassitude ?
Difficile à dire mais si le résultat en terme de spectacle est loin d'être honteux on se demande si McQuarrie ne devrait pas passer le relais la prochaine fois.
Généreux mais trop gourmand
Enfin quelle réponse donner à la grande question que je me posais : était-il nécessaire de couper le film en deux ?
La durée assez énorme de cette première partie (2h40 tout de même) pourrait nous faire penser que oui mais en toute objectivité si on ne va pas reprocher au film sa générosité il y avait matière à faire bien plus court.
Pour commencer il y a beaucoup trop de personnages aussi sympathiques soient-ils, mais pourquoi apporter trois nouveaux visages dans ce cas si les anciens prennent autant de place ? Pom Klementieff notamment va en pâtir car malgré une présence appréciable pendant les fusillades et poursuites l'actrice n'aura droit qu'à une seule courte séquence de dialogue pour creuser son personnage. Par contre le grand méchant campé par Esai Morales est un gros bavard qui n'aura pas grand chose de notable si ce n'est un lien avec Ethan... Pourquoi ne pas avoir regroupé ces deux personnages en un seul pour éviter les rebondissements clichés ?
Ainsi cette course à la clé dont on sait qu'elle n'est que le début avant d'aller chercher la serrure par la suite semble parfois un peu vaine car on a l'impression de voir l'action s'étendre bien trop longtemps pour justifier la nécessité de deux films de 2h30 plutôt qu'un gros film de 3h30.
Et pourtant si il y a bien une chose que Oppenheimer et Killers of the Flowers Moon ont prouvé, c'est que le grand public n'a pas peur de se déplacer pour de très longs films. Mauvais calcul de la part de la production pour le coup !
Difficile de juger définitivement Dead Reckoning car bien que trop étiré le film est bel et bien une oeuvre incomplète et frustrante plutôt qu'une première partie solide comme l'était par exemple Dune de Vileneuve il y a deux ans.
On a plus l'impression d'avoir assisté à un spectacle ultra généreux et divertissant dont les protagonistes se seraient eux même tellement amusés pendant le tournage que tout aurait été fait pour prolonger artificiellement le récit.
On ne va pas non plus cracher dans la soupe : je mentirais si je disais ne pas avoir aimé ce septième épisode. Le ton mêle toujours aussi bien suspense, action et humour bien senti (la chute de la mini-voiture dans les escaliers avec un dénouement bien pensé) alors sincèrement je n'ai pas regretté mon achat.
Bref on attend la suite dans un an et demi afin de se prononcer de façon plus tranchée, en espérant que le côté un peu vain de l'histoire s'efface pour une meilleure implication de l'Entité et des personnages. Allez, on y croit les faux pas ça peut arriver à tout le monde après tout !
Note : 3/5