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Ma dose de cinéma

The Doors - Rends l'Oscar Rami !

Publié le 20 Octobre 2023 par Gaffeur in Critique, Biopic, Musical, Val Kilmer, Meg Ryan, Oliver Stone

Affiche, pochette d'album ? Difficile à dire

Affiche, pochette d'album ? Difficile à dire

Il y a quelques années le phénomène Bohemian Rhapsody s'est emparé de la sphère cinématographique en replaçant sur le devant de la scène les mythiques morceaux de Queen. Au cours d'un débat avec un collègue puriste du groupe britannique, nous en sommes venus à discuter de l'Oscar attribué à Rami Malek. 

En effet l'acteur avait beau avoir recopié à la perfection les mimiques de Freddie Mercury, il avait tout de même du composer avec une prothèse tandis qu'il fut doublé pour les séquences chantées. Pour ma part je maintiens que sa performance était un bel hommage au chanteur, mais je comprend tout à fait que le prix puisse en choquer certains.

C'est ainsi que je me suis souvenu subitement de The Doors, le film réalisé par Oliver Stone en 1991 au cours duquel Val Kilmer avait mis tout le monde d'accord dans la peau de Jim Morrison. Parce que niveau jeu d'acteur le gaillard avait tout de même fait très fort, en s'étant à tel point immergé dans le personnage qu'il chanta lui même lors des scènes de concerts pour un résultat incroyable... Sans la moindre petite nomination ou récompense à l'arrivée !

Hélas, le film m'avait perdu lorsque je l'avais découvert à 15-16 ans et beaucoup de monde n'a pas franchement adhéré à la réalisation de Stone, ce qui peut expliquer que l'académie des Oscars l'ait snobé à l'époque.
Mais à présent que mon âge a doublé il serait peut être temps de redonner sa chance à ce film ? Et puis étant donné l'état dans lequel se trouve hélas aujourd'hui Val Kilmer, ce serait l'occasion de redécouvrir sa meilleure composition.

Amours tociques

Amours tociques

Un premier acte laborieux...

Débutant alors que Jim Morrison n'était encore qu'un étudiant en cinéma hanté par la vision d'un accident de la route survenu pendant son enfance, The Doors ne prend clairement pas son public par la même à travers ses premières minutes. 

On y suit un Morrison visiblement déjà bien gratiné s'aventurer dans la piaule de Pamela Courson après l'avoir suivie toute la journée depuis la plage de Los Angeles, marquant ainsi le début d'une romance destructrice tandis que Morrison rencontrera Ray Manzarek. 

Une double rencontre en plein essor du flower-power qui va permettre à Morrison d'explorer les limites de la pensée et de tenter de réussir à travers la musique ce qu'il a échoué avec le cinéma : communiquer ses idées au monde. 

En soi maintenant que j'ai écris ces quelques lignes je ne peux pas dire que le film serait en soi difficile à comprendre, mais la caméra et le montage de Oliver Stone n'aident pas le film à se montrer accessible.

La photographie sera en grande partie composée de flous artistiques probablement discutables, souvent déroutants mais qui sont également un choix très pertinent pour illustrer l'état de transe quasi continu dans lequel baignent les personnages tout au long du film. Vous avez dit psyché ? 

... sauvé par sa bande-son

On ne parvient donc que difficilement à accrocher au propos et à l'imagerie du film en dépit de la ressemblance frappante entre Kilmer et Morrison et il est vrai qu'aujourd'hui encore le premier tiers du film est une vraie épreuve pour le public. 

Par contre, biopic musical oblige nous serons plus que servis côté bande-originale. Tous les meilleurs morceaux du groupe seront là à travers des séquences de composition, de concerts ou de représentations télévisées. 

Ce début qui ne passionne pas accroche alors notre oreille car qui sommes nous pour interrompre même dans le cadre d'une fiction une représentation de Light my fire

Dans le fond cela pourrait presque être perçu comme volontaire de la part du réalisateur, car si on n'apprécie pas forcément le caractère des musiciens cela n'empêchera pas de trouver la musique géniale, peut être comme une partie du public des Doors à l'époque ?

FIVE TO ONE BABY !!!!

FIVE TO ONE BABY !!!!

Val Morrison

Et puis alors qu'on commencerait presque à trouver le temps long, Val Kilmer se jette corps et âme dans son personnage et emporte le spectateur avec lui dans la tête de Jim Morrison et au coeur des concerts. 

Kilmer était si habité par le personnage à l'époque qu'il chanta lui même les chansons du film, rendant certaines séquences encore plus troublantes qu'elles ne le seraient déjà tant le résultat est bluffant !
n pense notamment où le groupe joue en live Five to One devant une foule en délire et où la caméra de Stone capte à la perfection l'énergie du comédien et la folie des adeptes de Morrison.

On assiste presque à la représentation d'un gourou devant sa secte de fidèles, faisant du film à la fois une oeuvre sur le rock, un biopic d'un auteur dérangé mais aussi le portrait d'une époque où la rébellion était le mot d'ordre !

Certes on peut reprocher au film de ne jamais montrer Morrison sobre et de ne s'intéresser qu'à ses déboires, mais d'un autre côté quand on fouille les archives du groupe, que voyons nous d'autre du chanteur hormis des  provocations et des performances clairement réalisées sous acides et/ou alcool ? 

Et les autres alors ? 

Par contre là où le film va vraiment décevoir c'est en ce qui concerne les autres membres du groupe. Alors ne nions pas l'évidence : le casting est parfait et Kyle MacLachlan, Franck Whaley et Kevin Dillon sont les meilleurs choix possibles physiquement pour camper Manzarek, Desnmore et Krieger tandis que Meg Ryan sera elle aussi au top de sa carrière.

Mais ! Mais... Qu'avons nous appris de ces gens là au cours des deux heures de film ? Malheureusement pas grand chose, et pour un film portant le nom du groupe et non celui du leader c'est tout de même assez déroutant !

On se retrouve ainsi en présence d'un numéro d'acteur principal tellement monstrueux qu'il éclipsera totalement le reste du casting et sera présent dans 100 pour 100 des séquences. 

On dira ce qu'on voudra de Bohemian Rhapsody, mais le film de Fletcher a au moins rendu le groupe cohérent avec beaucoup d'échanges et de débats là où The Doors nous montre Morrison défoncé et les autres en guise de figurants pendant les concerts. 

Bref on en apprend beaucoup sur le caractère du chanteur, mais pour le reste n'espérez pas apprendre grand chose du groupe en lui même !

A côté de ce gars, Gainsbourd en Gainsbarre c'était du flan

A côté de ce gars, Gainsbourd en Gainsbarre c'était du flan

Comme d'habitude Oliver Stone a livré une oeuvre radicale quitte à perdre une partie de son public en route. Mais d'un autre côté le film s'insère parfaitement dans sa filmographie (traumatisé par le conflit vietnamien, on peut presque voir en The Doors une sorte de réponse civile de Stone à son Platoon) et il se dégage des deux derniers tiers une telle folie et un tel esprit rock qu'on ne pourra finalement qu'applaudir le résultat final.

Moins un biopic sur des rockeurs que le portrait d'une époque qui a su se trouver un leader charismatique, The Doors est effectivement un film plus difficile d'accès et moins grand public que ses concurrents. 

Mais cela en fait aussi l'un des meilleurs que le genre ait à offrir. 

Note : 3.5/5

Pour terminer un petit extrait pour admirer pendant quelques minutes la compo habitée de Kilmer

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