En matière de films de seconde zone, il arrive parfois que les studios sortent les gros moyens pour offrir au spectateur deux heures où l'activité cérébrale sera au ralenti et où l'amusement sera l'objectif principal des scénaristes.
Récemment nous avons eu En eaux très troubles qui a fait très fort en matière de connerie (nul doute que le film gagnera une seconde vie en DVD ou VOD avec quelques amis, des bières et des pizzas), mais il y a quelques mois c'est un autre projet qui avait tout sur le papier pour fournir une bonne dose de fun au spectateur.
65 - La Terre d'avant repose en effet sur une idée aussi simple que saugrenue : il y a 65 millions d'années, un pilote venant d'une lointaine planète s'écrase sur Terre et doit rapidement évacuer la seule survivante au milieu d'une horde de dinosaures.
Osez seulement me dire que le samedi soir lorsque les téléphones s'activent pour savoir si on se ferait pas une soirée ciné + malbouffe ce genre de film ne capterait pas immédiatement votre attention ?
Pourtant, le film s'est rapidement vautré et a très vite acquis une réputation de navet intersidéral même pas fun.
Une réputation qui m'a je l'avoue beaucoup découragé, mais étant donné que j'avais réussi à m'éclater volontiers devant le match retour entre Jason Statham et les mégalodons pourquoi ne pourrais je pas apprécier Adam Driver contre des raptors ?
Le mec 65 millions d'années avant la fibre il capte niquel et nous on galère à avoir deux barres en village
Faux blockbuster
Pour commencer il me semble important de préciser une chose : en dépit de son affiche à la sauce Jurassic Park et son concept qui promet du lourd, le film n'est absolument pas une grosse machine.
D'après les informations que l'on peut trouver sur le net le film aurait coûté entre 45 et 90 millions de dollars, soit un budget pas dégueulasse non plus mais à des années lumières de ce qu'ont coûté les derniers films de dinosaures.
Résultat on lance le film en s'attendant à un bon plaisir coupable et des créatures dans tous les coins pour une partie de chasse jouissive où les mâchoires géantes seraient confrontées à un fusil de l'espace surpuissant, mais si ce genre de scène est bien présente dans le film cela sera hélas à petites doses... Et oui avec un budget "modeste" le résultat à l'écran ne pouvait pas être digne de Spielberg.
Du survival qui peine à décoller
Pour pallier à ce manque de thunes Scott Beck et Bryan Woods vont opter pour un angle survival avec un casting et des répliques restreintes.
Mills le personnage principal ne peut compter que sur lui même pour retrouver la capsule de sauvetage tout en surveillant l'adolescente (pas trop) boulet de service qui en prime parle une langue différente.
Dans le fond l'idée n'est pas mauvaise : on économise les cachets des acteurs puisqu'il n'y a que quatre rôles et l'aspect survie et partie de cache cache permet de rogner sur les FX.
Malheureusement bien que le coup du hors champ puisse fonctionner un petit moment, on se rend bien compte avec ce montage bien rapide et grossier que l'équipe n'a pas eu les moyens ou le temps d'inclure des plans supplémentaires avec les bestioles et qu'on a bricolé un truc au montage en espérant que ça passe.
Avec un seul guerrier contre des tas de monstres on peut comprendre la nécessité de retarder au maximum les combats, mais si cela peut se comprendre d'un point de vue tactique le public venu voir des dinosaures va très rapidement trouver le temps long et se sentir arnaqué.
A la limite, si les rares apparitions de dinos valaient le coup je ne dis pas, mais justement parlons en !
Les pires dinos du cinéma ?
Des dinosaures au cinéma, ce n'est certes pas courant mais depuis que Spielberg a limite créé le genre en 93 leurs quelques apparitions ont toujours marqué les esprits (on se souvient du jouissif combat entre Kong et trois T-Rex chez Peter Jackson), et même récemment le prologue d'En eaux très troubles offrait rapidement quelques créatures proprement réalisées.
Hélas la plupart du temps 65 arrive à faire encore pire que le catastrophique Jurassic World Dominion. Le pire c'est que le film donne presque l'impression qu'il a conscience de la mauvaise qualité de ses effets visuels pendant la première moitié, en témoigne la première confrontation avec un genre de croisement entre un galiminus et un raptor.
Pourtant à la base pendant cette séquence le jumpscare fonctionne bien (en tout cas j'ai été bien eu) mais le fait que le cadrage sur le corps de l'animal soit aussi imprécis ne peut s'expliquer que comme ça : on sait que le rendu du faciès n'est pas dingue donc on va plutôt cropper l'image et garder les pattes.
Bref on s'ennuie, les dinos apparaissent rarement et en prime ils ne sont pas bien modélisés... Même Adam Driver pourtant l'un des meilleurs de sa génération semble avoir perdu confiance en son film (il faut dire qu'à partir du moment où la gamine en voulant représenter sa famille dans de la poussière dessine presque une bite comment tu veux faire ?).
Une deuxième moitié salvatrice
MAIS ! Mais... Miraculeusement le film trouve un second souffle dans sa seconde moitié en proposant des situations enfin un minimum stressantes et oppressantes.
Cavernes horriblement étroites, sables mouvants et des T-Rex pour le coup bien foutus, le duo de réalisateurs va piocher vers les peurs les plus primales qui vont permettre au film de relever son rythme et au public de ne pas décrocher jusqu'au final.
Mieux, les cinéastes tentent même quelques idées de mise en scène à l'image de toute la progression dans la caverne qui franchement fonctionne à merveille avec une bonne utilisation des gadgets de Mills et de l'obscurité.
Bon ça ne devient pas non plus génial mais après 45 minutes de trait plat, ces quelques séquences frissons et coups de blaster bien placés réveillent efficacement et divertissent un minimum, chose qui doit être mise au crédit du film.
En réalité 65 - La Terre d'avant est bien ce que l'on nous a promis : un concept épuré où Adam Driver va se frotter à des créatures du crétacé à coups de blaster.
Seulement cette promesse n'est tenue que pour les 40 dernières minutes qui si elles sauvent les meubles ne parviennent aucunement à empêcher le film d'être tout de même un beau ratage.
Pour finir un petit point technique, je sais que depuis l'arrivée du blu-ray il est de bon ton pour les malades de l'image de dire que le DVD c'est une qualité pourrie, mais il s'est passé quoi pendant la gravure ?
Qui s'est occupé de la compression, le mec qui a fait le design des ptérodactyles ? Non parce que vendre un DVD avec une image aussi dégueulasse c'est tout simplement fait exprès, vous ne me ferez pas croire que le format ne permet pas un meilleur résultat.
Note : 2/5