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Ma dose de cinéma

Oppenheimer - Une grande atomique svp

Publié le 26 Août 2023 par Gaffeur in Biopic, Christopher Nolan, Matt Damon, Cillian Murphy, Emily Blunt, Suspense, Robert Downey Jr

L'homme qui changea la face du monde

L'homme qui changea la face du monde

Après l'affaire Tenet en 2020 qui mit un terme à la collaboration de longue date entre Christopher Nolan et Warner Bros, on se demandait tous quel serait le prochain film du réalisateur. Tenet avait beau être une réussite technique et scénaristique, le manque de confiance du public vis à vis des conditions sanitaires avaient privé le film du succès qu'il méritait et Nolan se devait de prendre sa revanche avec le box office. 

Contre toute attente ce fut ainsi un biopic consacré à J. Robert Oppenheimer qui serait la prochaine réalisation de Nolan pour le compte de Universal cette fois-ci. Une première collaboration ambitieuse qu'on nous a bien vendue en appuyant sur la nécessité de découvrir le film en Imax avec en prime une galerie de stars assez dingue, probablement le casting le plus énorme que Christopher Nolan ait jamais rassemblé (dommage cela dit que Michael Caine manque à l'appel).

Sorti depuis un mois le film s'impose comme le retour en grâce de Nolan au box office (on en est tout de même à plus de 700 millions de patates récoltées dans le monde ce qui est phénoménal pour un biopic de trois heures avec une seule séquence de spectacle) mais aussi dans le coeur des critiques et du public : contrairement à Inception, Tenet ou Dunkerque le film avait l'air d'avoir emballé tout le monde ou presque et il n'y avait pas vraiment de débat sur sa qualité. 

Ainsi même quelqu'un comme moi qui n'apprécie vraiment pas le registre biopic a finit par avoir l'envie de découvrir l'histoire de celui que le Time a baptisé "le père de la bombe atomique". Et puis merde quoi, après tout un film de Nolan ça se découvre en salles !

Lequel aura un Oscar ?

Lequel aura un Oscar ?

L'évidence du casting

Avec Oppenheimer Christopher Nolan nous fait réaliser que jusque là Cillian Murphy n'avait pas eu de vrai premier rôle de cinéma depuis bien longtemps.
Pourtant le type serait plutôt un gage de qualité puisque le comédien n'a jamais participé à un film foncièrement mauvais et la plupart de ses apparitions ont marqué les esprits jusqu'aux récentes six saisons des Peaky Blinders qui ont révélé enfin les capacités de l'acteur à tenir une histoire.

Après plusieurs collaborations chez Nolan dans ses meilleures oeuvres, CIllian Murphy se voit ainsi offrir ce qui sera certainement le rôle de sa vie et dont on espère sincèrement qu'il y aura une récompense prestigieuse à la clé. 

Bien loin de la bestialité d'un Tommy Shelby, l'acteur très amaigri pour le rôle donne visiblement tout pour coller physiquement au vrai Oppenheimer (cherchez sur le net et vous verrez que la ressemblance est troublante) et nous offre ce qui sera certainement le meilleur numéro d'acteur jamais observé dans la filmographie de Nolan. 

Mais si tout gravite autour de Cillian Murphy il ne faut pas non plus oublier de rendre justice aux autres comédiens qui n'auront certes pas tous de grands rôles (Gary Oldman n'a droit qu'à une scène de cinq minutes, mais quelle apparition !) mais cette abondance de stars ou de seconds couteaux familiers aura une véritable utilité : mettre un visage sur les noms des très nombreux protagonistes et nous aider à suivre qui a fait quoi.
Parce que croyez moi vous allez apprécier de pouvoir vous servir de visages connus pour vous souvenir du rôle de chacun (notamment en ce qui concerne Rami Malek) parce qu'on est chez Nolan ce qui signifie une écriture pas forcément tendre avec le public.

Masterclass de montage

Nolan n'avait annoncé pendant la post-production puis pendant la promo du film : son scénario allait se dérouler sur plusieurs époques. Quand on connait l'obsession du cinéaste pour les temporalités ça n'a étonné personne. De plus Nolan allait reprendre un idée de son premier long métrage Memento à savoir des flashbacks en couleurs et des instants présents en noir et blanc (une manière pour lui de boucler la boucle si Oppenheimer était son dernier film ?).

Et si à l'époque les mésaventures amnésiques de Guy Pearce avaient pu être assez bordéliques dans leur montage, cela ne sera pas le cas pour Oppenheimer qui témoigne de la maîtrise incontestable du montage que Nolan a acquis en douze films. 

On passe de la couleur au noir et blanc, des années 20 aux années 60 ou aux années 40 avec une fluidité remarquable sans jamais perdre le fil de la course à l'arme atomique. 

Il y a ainsi énormément de protagonistes dont on se demande sans cesse ce qu'ils viennent faire à telle époque et pour lesquels les présentations pourront être très tardives, mais Nolan sait ce qu'il fait et cette structure sur trois temporalités permet au réalisateur de réserver quelques surprises sur ses personnages. 

En même temps ces deux là n'ont jamais participé à un mauvais film

En même temps ces deux là n'ont jamais participé à un mauvais film

Pragmatique

Par contre si vous espériez du film une simple course à l'armement, vous risquez d'être pris de court car les travaux de Oppenheimer et son équipe n'occupent pas l'entièreté du film qui est finalement davantage un film de procès qu'un film sur la physique et les atomes. 

Le film démarre comme un biopic classique avant de plonger dans le suspense au cours de la Seconde Guerre Mondiale et enfin dans une critique acide du bien fondé du projet Manhattan. Plus qu'Oppenheimer, le film juge plutôt les Etats-Unis en général sur cette quête de l'arme la plus redoutable qui soit. 

Les nombreux échanges du film entre Oppenheimer et l'état major américain seront ainsi sources de nombreux dilemmes qui trouveront aujourd'hui encore de terribles échos.

Entre le conflit en Ukraine qui a éclaté depuis le début du projet en 2021 et le concours de qui qu'a la plus grosse entre Corée du Nord et USA qui commence à franchement devenir préoccupant, Christopher Nolan s'est montré terriblement visionnaire pour le choix de son nouveau film et ce ne sont pas les derniers mots qui nous rassureront quand à ce que tout ce joli monde a déclenché en 1945.

En salles ou pas du coup ?

En dépit de ses nombreuses qualités, le film pose tout de même une interrogation : était-il nécessaire de réserver les salles Imax pour lui ? 
Ce n'est pas que je voulais donner raison à ce jaloux de Tom Cruise mais un biopic de trois heures au cours duquel une seule séquence spectaculaire est à recenser méritait-il cela ? 

Pour ma part je crois que le film se doit d'être vu en salles car si vous attendez le DVD pour le découvrir vous serez forcément parasités par des sms sur le portable, les voitures ou les voisins qui écoutent de la musique. Une telle oeuvre nécessite de votre part une attention constante pour être pleinement appréciée et comprise.

Mais pour le reste de là à lui réserver toutes les salles Imax il ne faut peut être pas déconner. Je ne dis pas qu'il ne se passe rien dans le film, ce serait mentir sur le suspense qui s'est emparé de moi à de nombreuses reprises grâce à des dialogues angoissants et une musique magistrale de Ludwig Göransson. Mais on ne va pas non plus le qualifier de grand spectacle car rien ne serait plus éloigné de la vérité. 

Ou comment faire sortir le public avec une sueur froide avec un simple échange

Ou comment faire sortir le public avec une sueur froide avec un simple échange

Vous l'avez peut être deviné à travers le précédent paragraphe, j'ai été tout de même un peu déçu par ce nouveau Nolan. 
Clairement les biopics ne sont pas faits pour moi si même un maestro pareil ne parvient pas à m'empêcher de regarder ma montre au bout d'une heure et demi. 

Le film ne manque pourtant pas de rythme, de rebondissements et encore moins de moments marquants, mais je reconnais que je préfère lorsque Nolan s'attaque à de la SF ou à des thrillers. 

Oppenheimer est une leçon de montage qui collera quelques sueurs froides lorsque l'on découvrira le fruit de certaines recherches et de ce côté là on peut dire que Nolan n'a rien perdu de son chic de coller une dernière claque lors des ultimes secondes de ses films. 

Pour autant fallait-il vraiment trois longues heures pour en arriver là ? 

Note : 3.5/5

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