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Ma dose de cinéma

The Northman - Les vikings, les vrais

Publié le 10 Juillet 2023 par Gaffeur in Aventures, Historique, Viking

Un poster qui sent bon la testostérone

Un poster qui sent bon la testostérone

Sorti il y a un peu plus d'un an, The Northman de Robert Eggers est un produit qui avait tout pour cartonner : un personnage principal taillé dans le roc, une histoire tragique (qui aurait notamment inspiré Shakespeare), des affrontements sanglants... La promesse d'une nouvelle incursion sauvage au pays des vikings débarquait en plus en plein essor du genre : les exploits de la fratrie Lothbrok avaient fait les beaux jours de Netflix pendant six saisons, une série spin-off venait de débarquer et côté jeux vidéo le dernier rejeton de la saga Assassin's Creed était lui aussi consacré aux hommes du Nord. 

Pourtant en dépit de tout cet alignement de planètes, The Northman a été un sacré échec. Le plus triste dans tout ça c'est que c'était peut être bien le projet le plus atypique du lot ainsi que celui qui se rapprochait le plus des légendes scandinaves. 

Tandis que le réalisateur vient de finir le tournage de son prochain film (un remake de Nosferatu), pourquoi ne pas redonner sa chance à cette aventure épique qui a su aborder les vikings comme personne avant elle ? 

Non parce que ce n'est pas que je n'aime pas le classique Les Vikings ou que je déteste foncièrement les séries télévisées, mais pour une fois qu'on tente une approche loin des paillettes d'hollywood sans non plus être extrême (pour le coup Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn est bien moins accessible) c'est tout de même injuste que le film se soit mangé une taule pareille. 

Et c'est encore mieux en musique

Et c'est encore mieux en musique

Saga nordique

Débutant alors que le jeune Amleth est encore très jovial et candide, The Northman va très rapidement confronter son protagoniste à la cruauté de son époque : son père est assassiné, sa mère est enlevée tandis que lui-même échappe de peu à la mort et parvient à prendre la fuite. 

Des années plus tard après avoir visiblement porté des enclumes pendant toute sa cavale, le jeune prince se terre au milieu d'une horde de fous de guerre et pille la terre Rus sans la moindre pitié. Après la mise à sac d'un village, Amleth pense avoir retrouvé la trace de l'homme qui a détruit sa vie. 

Il n'est pas bien difficile de comprendre pourquoi Shakespeare a à ce point été influencé par les histoires scandinaves : notre personnage va traverser une crise familiale assez inouïe et nulle conclusion heureuse ne sera à prévoir, du moins pas totalement. 

Cependant au delà de cette histoire très théâtrale Eggers a ajouté une bonne partie de mystique avec des séquences qui flirtent clairement avec le fantastique et le légendaire. On pense notamment au caméo de Björk ou encore à ce magnifique combat nocturne où notre héros affronte un colosse mort-vivant. 

L'amour du réalisateur pour la culture scandinave est palpable tout le long du film (on a même droit à un genre de robobrole ultraviolent qui après enquête a vraiment existé) et bon sang ce que cela fait plaisir d'avoir une oeuvre qui n'est pas dictée par les moeurs actuelles et qui entreprend de dépeindre une culture sans l'enjoliver ou la moderniser mais en lui accordant tout l'épique qu'elle mérite !

L'épique en musique

Je dois avouer que si je suis comme tout le monde un mordu des compositions de John Williams, Ennio Morricone ou Hans Zimmer, rares sont les films récents à m'avoir marqué par leur bande-originale. 

Mais là encore The Northman frappe fort et envoûte avec ses tambours et ses cordes lugubres qui nous transportent un peu plus au coeur des maisons sans fenêtres des vikings.

Certaines séquences sont ainsi sublimées par la bande-son et même un simple travelling arrière présentant l'arrivée du roi suffira à rendre le tout puissant, toute l'émotion que suscite l'arrivée du souverain dans le village passera alors par la mélodie. 

Clairement l'une des plus belles compositions que j'ai pu entendre au cinéma ces dernières années. 

Tu m'étonnes que ça ne plaise pas aux wokes

Tu m'étonnes que ça ne plaise pas aux wokes

Un rythme plus posé qu'il n'y paraît

Pourtant n'allez pas commettre l'erreur de croire que le film est un blockbuster. Ce n'est pas parce qu'à chaque image Alexander Skarsgaard a l'air de vouloir sortir de l'écran pour vous décalquer que le film va dérouler scène d'action sur scène d'action. 

La première partie est assez mouvementée avec notamment une attaque incroyable d'un village Rus mais par la suite le rythme va ralentir la cadence, pire pour se fondre dans la masse Amleth va devoir couper ses cheveux et sa barbe. Et j'avoue qu'à ce moment là j'ai eu une certaine pointe de déception car j'adorais vraiment le look barbare de l'acteur. 

Fort heureusement on constatera avec soulagement que la rage et la soif de vengeance du héros ne se trouvaient pas dans ses tifs ! 
Avec l'aide d'une captive campée par Anya Taylor-Joy, Amleth va commencer à préparer sa vengeance et cela ne se fera pas sans pourfendre quelques gardes qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. 

Mais là encore, Eggers préfère jouer sur le côté mystique en ne dévoilant pas toujours les mises à mort et les tueries de Amleth pour nous présenter seulement les conséquences ainsi que leurs effets sur la population. 

De film épique, le film se transforme ainsi en slasher (vous ai-je dit que la spécialité du réalisateur était l'horrifique ?) jouissif truffé d'humour noir avant de renouer avec la tragédie pour son dernier acte. 

Prouesse technique

Il arrive qu'on trouve le temps un peu long pendant la partie où Amleth reste dissimulé parmi les esclaves, mais on reste malgré tout captivé par la virtuosité avec laquelle Eggers filme son récit. 

Presque exclusivement composé de décors naturels irlandais et islandais, The Northman est un film visuellement très abouti qui nous offrira des moments aussi splendides que magiques. 

Qu'il s'agisse de filmer l'assaut puis le pillage d'un village en plan-séquence ou bien de faire passer un homme épuisé en plein brouillard à un guerrier nerveux au coeur des flammes comme s'il avait changé de monde, la mise en scène sert constamment le côté bestial et mystique de l'histoire. 

On applaudira également la présence de quelques séquences où la langue scandinave sera parlée pour ajouter encore un peu plus d'authenticité et de brutalité (sans rire le discours du chaman sous la pluie et les dernières répliques de Amleth seraient tellement moins puissantes si on les avait traduites). 

Pour le coup on ne peut pas dire que l'identité de ce mec fut surprenante

Pour le coup on ne peut pas dire que l'identité de ce mec fut surprenante

Si vous prétendez aimer les légendes et la culture vikings, The Northman ne doit pas être ignoré plus longtemps.

Son rythme a beau être atypique et un peu déroutant par moments, sa construction piochant au théâtre, puis chez les jeux vidéos (la quête de l'épée fait très jeu de rôles) avant de carrément laisser exploser la testostérone au coeur de combats sans merci où les têtes ont tendance à rouler à la moindre erreur. 

On pourra certes un peu pester sur le fait que les personnages secondaires ne surprennent que trop rarement, mais si l'histoire reste efficace est-ce vraiment un problème de miser à ce point sur le charisme de son protagoniste ? 

Ma note : 4/5

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