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Ma dose de cinéma

Justified - Le Far West n'est pas mort

Publié le 6 Juillet 2023 par Gaffeur in Critique, Western, Série, Humour, Timothy Olyphant, Walton Goggins

Justified - Le Far West n'est pas mort

Si je vous demandais quel est le registre cinématographique que vous associez immédiatement à l'Amérique, il y a de grandes chances que vous me répondiez "Le Western". 

C'est sûr qu'entre les plaines désertiques, le soleil couchant, les revolvers à la ceinture, les règlements de comptes entre voyous aux sales trognes et le flics as de la gâchette, difficile de faire plus ricain que ce bon vieux Far West !

Pour autant la modernité a-t-elle signé la fin de cette période qui a donné tellement de chefs d'oeuvres ? Clairement pas quand on voit notamment le travail de Taylor Sheridan et sa trilogie des nouvelles frontières (Sicario, Wind River et Comancheria). 

Cependant si le genre nous prouve régulièrement qu'il ne mourra jamais vraiment au cinéma, on ne peut pas dire que le petit écran nous ait vraiment gâté en matière de westerns ces dernières années.
Nos parents parleront sans doutes des Mystères de l'Ouest et autres Au Nom de la Loi, mais quelle série a vraiment exploité le genre depuis trente ans ? 

Et alors surgit de nulle part sur le catalogue de Disney+ entre deux purges des programmes de la plateforme l'intégrale de la série Justified
Datant d'il y a déjà une dizaine d'années le show s'apprête à faire son retour d'ici quelques jours avec une mini-série spin off... Y'a pas à dire quel heureux hasard pour Disney !

Mettant en vedette Timothy Olyphant que j'ai appris à apprécier depuis son rôle du Marshall Cobb de Star Wars, la série s'attèle justement tout au long de ses six saisons (pour un total de 78 épisodes) à faire revivre le Western pour une plongée au fin fond du Kentucky qui ne pourra que régaler les amateurs du genre ainsi que les amoureux de la trilogie de Sheridan. 

Amis d'enfance, rivaux, ennemis, camarades de mine... Ces deux là vont faire des étincelles

Amis d'enfance, rivaux, ennemis, camarades de mine... Ces deux là vont faire des étincelles

Une coolitude insoupçonnée 

Lorsque j'ai abordé pour la première fois le pilote de la série, je m'attendais à quelques chose de très sombre étant donnée l'affiche présentant le Marshal Raylan Givens flingue en main ainsi que le ton très sombre de la plupart des images disponibles. 

Pourtant à mon grand étonnement la série pourrait presque sonner comme une sorte de Banshee d'avant l'heure, l'aspect western poussé à fond !

On y suit les aventures d'un US Marshal muté dans son Kentucky natal après avoir liquidé devant témoins un mafieux à qui il avait accordé 48 heures pour quitter la ville.
De cette situation bien badass et sans pitié, Justified va nous plonger dans un monde fait de truands miséreux et de flics à la gâchette facile qui revisiteront à la perfection la figure du cow boy tout en s'amusant ouvertement avec les codes. 

En effet l'une des grandes forces de la série sera de faire parler la poudre au moment où on s'y attendra le moins et de désamorcer certains passages obligés tels que les duels qui deviennent un véritable gimmick mais qui ne se déroulent jamais de la même manière. 

Des personnages savoureux...

Rarement un acteur avait à ce point embarqué le public avec lui en quelques plans. Le stetson, le regard pénétrant, le sourire en coin, la démarche, des répliques cinglantes et surtout un dégainé redoutable, Timothy Olyphant est un cow boy un vrai comme on n'en voyait plus depuis longtemps.
Pas étonnant que les trois quarts de ses rôles seront justement à connotation western ! Clairement ce gars nous happe dès le prologue et les figures qu'il croisera finiront de nous passionner pour cet univers. 

Parce que si la première saison un peu à part donne l'impression d'une succession de mini-enquêtes et d'un format classique de 40 minutes avec un petit fil rouge en toile de fond, les cinq autres ne feront que consolider le monde créé par les showrunners. 

Certains personnages d'apparence médiocre finiront ainsi par aller très loin et par revenir toujours au moment où on les avait oubliés (et la plupart du temps avec une touche de comique géniale, on pense notamment à Dewey Crowe) pour relancer de façon toujours inattendue l'intrigue de la série. 

Les méchants notamment sauront se montrer aussi violents qu'attachants à l'image de Wynn Duffy le "truand en camping car" ou de la fratrie Bennett dont les similitudes avec les Dalton de Morris n'ont cessé de m'amuser pendant toute la durée de leur arc. 

Mais la véritable révélation de la série fut Boyd Crowder campé par Walton Goggins. Depuis vu chez Tarantino et Robert Rodriguez, l'acteur ne devait à l'origine ne jouer que dans le pilote, mais devant le potentiel du comédien et du personnage la fin fut corrigée pour que ce cher Boyd survive et deviennent le principal caillou dans les santiags de Raylan Givens !
D'ailleurs maintenant que j'y pense ce mec ferait un excellent Joker et ce n'est pas sa relation avec Joelle Carter dans la série qui me fera penser le contraire. 

 

Le Marshal Givens s'en balance du qu'en dira-t-on et ne se prive jamais de le faire savoir

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...mais des personnages sacrifiés

C'est un peu le paradoxe de la série : ses personnages du plus infime au plus important sont tous mémorables et surprenants pour le meilleur et pour le pire. On trépigne en reconnaissant dans le générique d'ouverture le nom d'un guest pour finalement se retrouver avec un personnage qui sera tué après quelques minutes. J'avoue que le procédé est assez incompréhensible, certes la surprise est toujours présente mais on se dit que le format 40 minutes n'est peut être pas suffisant pour rendre justice à chaque protagoniste. 

Le pire réside par ailleurs dans l'équipe de marshals à laquelle Raylan va être intégré.
Si Hart le chef de section est un personnage très important, consistant et intervenant à chaque épisode ou presque on ne peut pas en dire autant de Tim et de Rachel, et pourtant les acteurs sont excellents et on sent le potentiel de chacun.
Malheureusement la série se contentera de les faire briller en quelques occasions mais sans chercher à les creuser davantage qu'avec une ou deux répliques par saison. Et quel dommage d'avoir raté à ce point le coche avec Rachel qui aurait été un personnage féminin aussi mémorable que les autres femmes du show. 

Car si je me suis attardé sur les mecs je ne peux pas ne pas rendre honneur aux nanas qui vont elles aussi être la source de rebondissements imprévus, notamment au détriment de ce pauvre Raylan (messieurs si vous trouvez votre vie amoureuse merdique vous n'êtes même pas à 1 sur l'échelle de Raylan Givens). Ava en particulier sera la plus touchante du lot avec sa condition de fille du comté de Harlan et par conséquent vouée à épouser un péquenot du coin et à sombrer dans le banditisme. 

 

 

Oubliez Leto et Robbie, les vrais Harley Queen et Joker sont là

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Une série qui n'en fait pas trop

En fait si Justified m'a à ce point emballé, c'est parce que bien qu'elle soit consciente de la solidité de son univers la série ne cherche jamais à en faire trop et à se laisser aller à du spectacle gratuit. 

Contrairement à d'autres concurrentes, la série ne va pas chercher à faire plus pétaradant et plus gros à chaque saison. Il arrive même que certaines saisons ne soient pas particulièrement riches en fusillades là où d'autres en revanche font très bien parler la poudre !

L'important est que l'action serve le scénario et les personnages, peu importe qu'il s'agisse d'un simple duel ou bien d'un combat entre deux bandes armées. 

Rarement un show a su trouver un équilibre aussi épatant entre la violence de son univers et le comique de ses personnages et situations. 
On passe du rire au frisson en une fraction de seconde à quasiment chaque épisode ce qui rendra les personnages très humains finalement. 

Certes on aura affaire à des flics, des tueurs ou des trafiquants, mais les voir citer des films que nous connaissons bien ou avoir un franc parler au boulot les rapprochera de nous peu importe leur camp. 

Non, le western télévisé n'est pas mort, Justified en était déjà une bonne preuve il y a dix ans et elle est aujourd'hui encore une pépite méconnue chez nous qui ne demande qu'à vous embarquer pour une virée mémorable chez les rednecks du Kentucky. 

Ma note : 4/5

 

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