Chasse à l'Homme - John Woo en Amérique : Première

Il y a des films que l'on ne regarde que pour la culture générale, et je dois dire que c'est ainsi que j'ai abordé ce Chasse à l'Homme. 

Il faut dire que si je suis un amoureux du cinéma de John Woo je suis en revanche assez réfractaire au style de Jean-Claude Van Damme, c'est bête mais si avec le recul j'admets volontiers que le gaillard n'est pas forcément l'illuminé que l'on croyait, je n'ai jamais accroché à ses coups de pieds retournés et autres grands écarts... C'est bête mais j'ai toujours préféré une bonne fusillade à un concours de muscles, question de rythme j'imagine... 

Toujours est-il qu'après avoir révolutionné le film d'action Hong Kongais avec notamment les deux premiers volets de la trilogie Le Syndicat du Crime, Une Balle dans la Tête, The Killer et bien entendu le cultissime et jouissif A Toute Epreuve ce bon John Woo entreprit de tenter l'expérience américaine. 

Et si son aventure chez l'Oncle Sam a fini par porter ses fruits avec les excellents Windtalkers et surtout Volte-Face, on ne peut pas dire que les premières expériences furent de franches réussites. Broken Arrow manquait cruellement d'ambition et ne parlons pas de son Mission Impossible II qui est à mes yeux son pire film. 

Mais c'est en 1993 que le cinéaste nous a livré sa première réalisation américaine avec ce Chasse à l'Homme pas forcément bien réputé mais que je me devais de voir un jour ou l'autre... C'est que depuis Les Trois Royaumes John Woo a presque pris sa retraite et ce n'est pas son projet de remake de The Killer avec Omar Sy (pardon j'ai vomi) qui va me donner la hype.
Autant donc se rabattre sur ses anciennes oeuvres aussi mineures soient-elles !

Putain y'a Bishop, un type avec une chemise à fleurs, un clone de John Woo et y'a carrément Imotep !

Aux portes du nanar

Avec 90 petites minutes au compteur je ne m'attendais pas vraiment à un film d'une profondeur absolue, et encore moins avec Van Damme dans le rôle principal. 

Cependant je pensais que le scénario serait un minimum développé ou qu'il aurait ce petit truc qui fait que même s'il n'est que prétexte à de l'action pure il parvient à nous faire accepter volontiers le carnage à venir. 

L'idée est simple ; de gros richards recrutent des vétérans fauchés et leurs proposent une course à la mort. S'ils parviennent à franchir une rivière et à semer leurs poursuivants surarmés, ils empocheront un pactole et seront épargnés. 

A la limite on pourra apprécier la critique sous-jacente (trèèèès sous-jacente) sur l'abandon des vétérans par leur pays, mais on a connu John Woo plus inspiré dans ses histoires et surtout dans sa mise en scène.

Où est passé le maître de l'action ?

Peut être s'agissait-il de respecter le code de JCVD avec ses coups de pieds retournés et ses gros bras, mais on se demande vraiment pendant la première moitié du film si c'est bien le réalisateur de la tuerie de l'hôpital de A Toute Epreuve qui a signé ces combats au corps à corps peu inspirés... a croire que le cinéaste n'est pas vraiment fait pour les bastons. 

Mais le pire c'est que le style du personnage principal n'est pas vraiment marquant et sonne très série Z. J'ai beau adorer les actioners des années 80/90 sur ce coup là ça ne fait vraiment pas sérieux... Mais peut être que j'ai un peu trop Chow Yun Fat à l'esprit pour vraiment apprécier le personnage de Van Damme, mais avec peut être 20 répliques dans le film (dont le "OUAAAAIS" le plus gênant de la période) je ne crois pas. 

Un double Beretta et ça repart !

Qu'on donne à cet homme un flingue !

Heureusement, la seconde moitié du film donne à John Woo l'occasion de prouver ce qu'il sait faire car une fois la première véritable fusillade tournée, la poursuite finale entre Van Damme et une armée de poursuivants aux looks transpirant les années 90 va remonter le niveau du film et nous offrir ce que l'on vient chercher chez le cinéaste. 

Action non stop rythmée par un découpage ingénieux qui multiplie les points de vue et donne l'illusion que les personnages ont des munitions illimitées, volée de pigeons, face à face entre les adversaires et bien sûr une impasse mexicaine finale seront de la partie pour une quarantaine de minutes assez jouissives. 

En se servant d'un décor inattendu (un entrepôt de chars de carnaval) John Woo laisse exploser sa folie et balance quelques chorégraphies dingues à base d'explosions, de vitres brisées, de coups de pieds retournés et surtout de dizaines de bad guys à remplir de plomb !

C'est sûr que le film n'arrive pas vraiment à la cheville des oeuvres Hong-Kongaises de son réalisateur, mais au moins l'amateur d'action pourra se satisfaire de cette pluie de balles. 

Un film très modeste et mineur dans la filmographie de John Woo, mais qui comparé à la concurrence reste très généreux en dépit de sa première moitié ratée. 

Note : 2.5/5