QT8 : The First Eight - Survol d'un génie

S'il y a bien un réalisateur qui m'a appris à aimer le cinéma, c'est bien Quentin Tarantino.
Ayant abordé son cinéma simplement parce que je trouvais ça cool qu'un réalisateur ait le même prénom que moi (j'avais 15 ans lors de cette révélation, on me pardonnera aujourd'hui vu que le chiffre a doublé) j'avais découvert un style incroyable avec Pulp Fiction avant d'être littéralement bluffé par Reservoir Dogs qui reste aujourd'hui le film qui m'a fait tomber amoureux du cinéma. 

Un film réalisé avec une misère et qui prouvait une chose : si notre histoire, nos personnages et nos dialogues sont en béton alors on peut tout faire, y compris un film de braquage où le braquage en question ne sera presque pas montré. Car c'est la que réside une partie du génie de Tarantino : ses dialogues suffisent à nous faire croire que l'on a assisté à un événement.

Le braquage dans Reservoir Dogs n'est esquissé que lors d'une rapide séquence entre Mr Pink et trois policiers, les carnages de nazis d'Inglourious Basterds ne sont résumés que par une séquence de scalpage intervenant après une bataille dont nous ne verrons que le résultat tandis que le passé de chacun des Huit Salopards sera seulement évoqué au cours de longues tirades jubilatoires. 

Un auteur amoureux du cinéma, qui nous fait aimer le cinéma à travers une filmographie qui revisite à la perfection les meilleurs genres du Septième Art quand elle ne rend carrément pas hommage aux métiers du cinéma.
Western, thriller, yakuza-eiga, guerre, blacksploitation, slasher ou encore une fiction consacrée aux coulisses des plateaux de tournage, Tarantino est peut être bien le plus grand amateur de cinéma à être un jour passé derrière la caméra. 

Et tandis que son neuvième film Once Upon a Time in Hollywood était en cours de tournage la réalisatrice de documentaires Tara Wood proposa un film de 90 minutes consacré à ce monstre arrivé en fin de carrière (on rappelle que The Movie Critic qu'il tournera prochainement sera officiellement son dernier). 

La découverte du DVD fut alors l'occasion pour moi de possiblement découvrir de nouvelles anecdotes ou des facettes du gaillard que je ne connaitrais pas encore tout en étant un moyen de patienter jusqu'aux prochaines infos sur son ultime film. 

Sympa, mais des archives auraient été appréciables

Huit chefs d'oeuvres pour une horde d'admirateurs

En quatre-vingt-dix minutes, l'ambition de QT8 est de parcourir la filmographie de Tarantino à travers chaque réalisation en évoquant également certains à côté et participations. 

C'est que si on connait bien le réalisateur on ne sait pas forcément qu'il a écrit un bon nombre de scénarios et que deux d'entre eux ont donné des films cultes : True Romance et Tueurs Nés. 

Tara Wood en s'attaquant à Tarantino a visiblement croulé sous les réponses positives de la part des vétérans de la carrière du cinéaste car ce ne sont pas moins d'une quinzaine d'intervenants prestigieux qui seront là pour raconter leurs souvenirs de tournage et livrer quelques anecdotes. 

Tim Roth, Michael Madsen, Jennifer Jason Leigh, Lucy Liu, Zoe Bell ou encore bien évidemment le chouchou du réalisateur Samuel Fookin Lee Jackson ont ainsi répondu présent et leur débit démontre à chaque seconde l'expérience unique que constitue un tournage pour Tarantino. 

Etant personnellement un grand admirateur du cinéaste, la majorité des anecdotes confiées lors des interviews ne m'a pas vraiment surpris mais je dois tout de même concéder avoir eu plusieurs surprises et découvertes ainsi que je l'espérais, notamment en ce qui concerne les coulisses de Reservoir Dogs qui me feront voir le pantalon de Steve Buscemi d'un autre oeil ou encore le trucage du crâne de O-ren Ishii qui m'a littéralement gâché un plan mythique de Kill Bill !

Vidéo Club et Tarantino, le combo qui allait tout lancer !

Des zones d'ombre seulement esquissées

On passe ainsi 80 minutes de pur plaisir à voir toutes ces légendes du cinéma évoquer leurs meilleurs moments et dévoiler quelques infos croustillantes sans en dire trop (Tim Roth parle rapidement de la suite de la carrière de Tarantino après son dixième film mais sans plomber le mystère) jusqu'à ce que le documentaire arrive au point qu'il ne pouvait se permettre d'ignorer : Harvey Weistein. 

L'ancien boss de Hollywood qui purge aujourd'hui une peine amplement méritée pour avoir abusé et harcelé de nombreuses actrices était effectivement un proche de Tarantino et le documentaire reste assez flou à ce sujet. 

En dehors d'une anecdote dérangeante confiée par Michael Madsen et de la déduction que l'on peut tirer de l'absence de Uma Thurman de cette réunion, le film ne s'attarde pas vraiment sur l'affaire et multiplie les sons de cloche à ce propos. Une citation de Tarantino ou celui-ci avoue qu'il savait des choses, tandis que des témoignages contrediront ces aveux...
Le documentaire a beau ne pas prendre partie pour ne pas se changer en brûlot ni passer les choses sous silence, on se dit que cela reste un peu trop expédié... Un peu comme tout le reste.

On l'espérait plus copieux

90 minutes est effectivement un format assez classique pour un documentaire, mais quand le sujet est une carrière aussi légendaire on est en droit de se demander si le format n'est pas un peu court. 

Les interviews sont agréables et vous donnent envie de vous caler un week end complet pour revoir les neuf films du cinéaste, mais les images d'illustration seront en grande majorité composées d'extraits cultes des films ou bien d'animations de caricatures en 2D sympathiques mais qui ne masquent pas le fait que le tout manque cruellement d'archives. 

Il y aura bien à l'occasion des photos de tournage ou quelques rushes de la remise de la Palme d'Or pour Pulp Fiction (hélas sans le doigt d'honneur mythique que Tarantino adressa à un public qui le sifflait) pour varier un peu le rythme, mais on ne va pas se le cacher le contenu du film aussi appréciable soit-il reste un peu léger.
Du moins pour quelqu'un qui connait déjà plutôt bien l'histoire de Tarantino, si en revanche vous êtes un néophyte vous y trouverez certainement votre compte ! Enfin pour peu que la VOSTFR ne vous rebute pas car il n'y a pas de version doublée...

Note : 2.5/5